Chapitre VI

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De : Prince

29/05/2018, 15h05

Trouve-moi maintenant...

Il était ici. Ça ne faisait aucun doute. Hugo tourna la tête de droite à gauche, cherchant parmis les étudiants une touffe de cheveux couleur cuivre, mais tout ce qu'il vu se résumait par des jeunes gens fondant en larmes ou se jetant dans les bras de leurs amis avec des cris surexcités. Avec une moue, il décida de prendre de la hauteur en allant à l'étage. Alors qu'il était penché sur le balcon à la recherche de Aaron - puisque c'était apparement ainsi qu'il s'appelait -, il sentit une légère caresse sur ses fesses. Il se retourna en sursautant mais il ne vit personne dans les alentours mis à part une vieille secrétaire qui le regardait comme un extraterrestre. Une ombre dans le coin de son champ de vision attira son regard et il partit en courant à la poursuite de cette dernière, disparue dans les escaliers. Il fonça tête baissée et rentra dans le dos de la personne qu'il poursuivait. Elle était un peu plus grande qu'elle, a priori, et vêtue d'un costume marine. Pensant avoir à faire à un professeur, le brun commença à se confondre en excuse, tête basse.

— Tu as oublié le Prince à la fin, petit agneau.

— Aaron, s'exclama l'étudiant en relevant son visage.

La personne qu'il avait percutée s'était retournée et il ne put que remarquer ses magnifiques yeux dorés et ses cheveux roux à l'air si soyeux. Une légère barbe tirant vers le blond lui mangeait la mâchoire, qui semblait beaucoup plus carrée sans le masque, et il put enfin découvrir que son nez était une harmonieuse ligne droite menant droit à ses lèvres. Il s'approcha pour passer les mains dans les cheveux du plus vieux mais ce dernier l'arrêta au dernier moment en posant la main sur son épaule.

— Pas ici, Hugo. On fera ça chez moi, viens.

Le brun n'eut pas le temps de protester que déjà Aaron continuait son chemin dans les escaliers. Il fut obligé de courir après lui pour le rejoindre, ce qui sembla grandement l'amuser. Ils sortirent ensemble du bâtiment et le roux lui fit signe de le suivre jusqu'au parking où il avait garé sa voiture. Une fois monté dans le véhicule, Hugo le regarda avec une petite moue en demandant :

— Pourquoi ?

— À quoi ça t'aurait servi à part te faire à nouveau prendre dans les toilettes ?

— M-mais...

À nouveau, l'ancien barman laissa un sourire moqueur fleurir sur ses lèvres pulpeuses alors que le plus jeune grommelait quelques insultes peu élogieuses à son égard. Sans qu'il le veuille, son cœur s'était serré à la phrase de Aaron. Il avait soudainement compris que pour lui, il n'était rien de plus qu'un cul assez agréable pour être réutilisé plusieurs fois, et intérieurement il fut heureux de ne rien lui avoir confié de trop personnel. La voiture se gara dans un parking souterrain, le sortant de ses pensées, et il descendit avant de suivre le plus vieux jusque son appartement, un grand deux pièces dont le salon était éclairé par une baie vitrée. Ce dernier donnait sur une cuisine ouverte dans les tons gris anthracite avec un îlot central en plein milieu et sur un couloir où l'étudiant devina deux portes menant sûrement à la chambre et la salle de bain. Poursuivant son observation silencieuse, il remarqua dans un coin un piano à queue blanc de la même marque que celui du youtubeur qu'il suivait mais cela ne lui parut pas si étrange puisqu'il s'agissait d'un piano assez répandu.

— Tu as fini de regarder ?

— Pourquoi tu es aussi désagréable, demanda Hugo en soupirant, croisant ses bras sur son torse.

— Parce que ça fait deux semaines que j'ai envie de te baiser. Ça te va ?

— On a tout notre temps, mon train ne repart que demain matin.

— Tu ne comptes pas dormir ici, grogna le plus vieux, la mâchoire contractée.

— Bah... j'ai dû rendre mon appart pour les vacances... et mes amis ne sont pas là, donc je crains que si, je comptais dormir ici.

En un rien de temps, l'étudiant en droit se retrouva plaqué contre un mur par le roux qui l'avait attrapé par le col de son pull. Quand ses yeux croisèrent les iris miels furieux, il commença à paniquer sérieusement et se dire que tout cela était une très très mauvaise idée.

— C'est la première et la dernière fois que tu me fais un coup comme ça, compris ?

— Ou-oui...

— Oui qui, rugit Aaron en resserrant sa prise.

— Oui, Prince !

Hugo glissa misérablement au sol, les larmes aux yeux, quand la main sur son col disparut. Il avait envie de partir loin d'ici, de rentrer chez lui... pourtant, il lui fut impossible de le faire à partir du moment où le roux s'accroupit devant lui, l'air adouci et désolé de s'être emporté.

— Tu as mangé ?

— N-non...

— Va t'asseoir, je vais nous préparer un truc.

Le brun ne se le fit pas dire deux fois et fila sur le canapé pour ne pas croiser de nouveau ses yeux qui le chamboulaient tant. C'était eux qui l'avaient fait craquer la première fois et c'était de nouveau eux qui le forçaient à rester. Il se jura intérieurement que dès le lendemain il ne parlerait plus jamais à son aîné pour ne pas brûler le petit bout d'ailes qui venait tout juste de renaître. Surtout qu'il venait juste pour être sûr de ne pas être attiré par les hommes. 

De son côté, Aaron se réfugia dans la cuisine pour tenter de se calmer. Il ne devait pas effrayer l'étudiant ou s'en était fini de son petit jeu. Il n'était pas compliqué de savoir que Hugo avait un côté un peu fleur bleue qui l'amusait énormément, puisqu'il suffisait de quelques phrases ou gestes pour le détruire et tout autant pour lui redonner confiance. Sauf que voir la peur dans les yeux du plus jeune l'avait refroidi. Il ne voulait pas qu'il ait peur de lui. Il préférait quand il le regardait avec envie. C'était sûrement stupide, mais c'était tout ce qu'il voulait. 

Bal VénitienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant