Chapitre XXXI

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Aaron jetait des coups d'œil au brun agenouillé au milieu du salon tout en lisant la checklist qu'il venait de remplir. Ils commençaient véritablement leur contrat aujourd'hui, et cette perspective l'excitait beaucoup plus qu'elle ne l'aurait dû. Enfin, rien n'était normal avec Hugo, tout était neuf, curieux... il n'avait jamais connu ça mais il savait qu'il ne pourrait plus se passer du plus jeune désormais.

Un léger coup de pied entre ses cuisses permit à l'étudiant de comprendre que ses cuisses devaient être plus écartées et une tape dans le dos qu'il devait se redresser. Il se sentait très serein, étrangement, comme s'il était à sa place, à genoux en plein milieu du salon de son aîné. Il ne parlait pas et ne bougeait pas sauf quand il lui demandait de se replacer comme il fallait. Enfin, après cinq minutes de silence, le roux s'accroupit à son niveau et caressa sa joue en chuchotant de sa voix grave :

— Et voilà, tu maîtrises la position de l'attente. C'est une des principales dans les relations BDSM, et je te demanderai très souvent de patienter ainsi. Je vais t'apprendre seulement celle-là, pour le moment, mais je veux que tu la connaisses à la perfection. Aucune erreur, compris ?

— Oui... Prince, s'empressa de rajouter Hugo avant de se faire réprimander.

— Bien. On va faire une semaine de formation, pendant ce temps, tu compteras les erreurs que tu as faites dans la journée et tous les soirs tu me le diras pour que je te punisse en conséquence. Si au bout d'une semaine tu n'en fais plus, ce sera parfait. Je pourrais te montrer, grogna Aaron en lui relevant le menton. 

L'étudiant ne put s'empêcher de plonger dans les yeux dorés qui le fixaient avec désir, prêt à le dévorer à même le sol, et il bredouilla faiblement :

— Me... montrer où ?

— Première erreur, petit agneau, tu n'as pas à parler sans mon autorisation. Et je ne compte pas que tu as oublié le "prince" à la fin de ta phrase.

— Pardon, Prince...

Aaron eût un sourire satisfait et se redressa en lui faisant signe de faire de même. Le brun s'exécuta et massa son cou, redressant la tête, mais un claquement de langue le fit aussitôt cesser. 

— Deuxième erreur, baisse la tête. Bon, on va aller te percer, histoire que je puisse marquer ma propriété.

— Me... me percer où, Prince ?

— Je te l'ai dit, je te trouverais très séduisant avec des piercings aux tétons ainsi que ton joli bracelet en cuir.

L'étudiant rougit et hocha la tête. C'était étrange mais l'idée que Aaron montre qu'il était son dominant en lui perçant les tétons lui plaisait. Et il n'avait absolument pas envie de refuser.

~~~

— Aïe ! Arrête ça pique !

— C'est la combientième erreur que tu fais aujourd'hui ? La septième ? Tais-toi donc et laisse moi faire tes soins, grommela Aaron en se penchant de nouveau avec le coton sur ses tétons.

Hugo siffla de douleur quand il le posa au niveau des piercings mais il se laissa enfin faire sans crier sur son aîné. Une fois que les soins furent finis, le roux se leva et jeta les cotons dans la poubelle tout en lui ordonnant d'aller dans le salon, de se déshabiller et de l'attendre dans la position qu'il lui avait apprise le matin même. L'étudiant s'exécuta prestement, non sans foudroyer du regard les petits anneaux qui le faisaient atrocement souffrir pour le moment. Mais il devait admettre que le plus vieux avait raison... ça lui allait bien. Alors qu'il patientait, les yeux rivés sur ses bijoux, une main effleura sa nuque et lui tira un long frisson.

— C'est l'heure de ta discipline, mon petit agneau. Allez, dis-moi, combien as-tu fait d'erreurs ?

— Sept, Prince.

— Mm... on va dire que tu ne t'en sors pas trop mal pour un premier jour. Mets-toi à quatre pattes.

Le brun fit ce que lui demandait l'avocat, s'appuyant sur ses avant-bras afin que son corps soit délicieusement bien cambré et que cela mette en valeur sa jolie croupe. Aaron la caressa avec un sourire avant de déposer une légère tape dessus. Il attrapa la cravache qu'il avait déposé sur le canapé derrière lui et la posa sur les fesses blanches en expliquant :

— Tu vas avoir un coup par erreur. Tu as le droit de crier autant que tu veux, je ne te pénaliserai pas pour cela, mais ne bouge pas. C'est compris ?

— Oui, Prince. 

Hugo faisait de son mieux. Vraiment. La soumission n'était pas son mode de vie, et il ne voulait pas faire cela avec quelqu'un d'autre. C'était dur d'apprendre à le vouvoyer, à l'appeler Prince et à lui obéir. Il allait y arriver. Il en était sûr. Mais ça allait lui demander un peu de temps.

Quand le premier coup de cravache tomba, ferme mais pas trop douloureux, il se contenta de gémir de surprise parce qu'il ne s'y attendait pas. Il n'y avait pas vraiment de plaisir et pas vraiment de douleur. Il sentait simplement une brûlure là où il avait été frappé mais c'était tout. Le deuxième coup fut plus fort. Et cela alla crescendo, jusqu'à ce que le dernier le fasse crier de douleur alors que des larmes perlaient au coin de ses yeux. 

— Comment tu te sens, Hugo ?

— Étrangement... je me sens bien. Ça brûle, et c'est douloureux, mais je me doute que la couleur doit vous plaire, Prince.

— C'est vrai. Elle me plait.

Le brun frémit en sentant la main fraîche de son dominant se poser sur ses jolies fesses endorlies et il ferma les yeux en soupirant légèrement. 

— Hugo. C'est beaucoup trop étrange de te voir soumis en permanence.

— C'est... c'est ce que vous vouliez, non ?

— Oui. Oui, c'est ce que je voulais. Mais en même temps j'ai l'impression que c'est pas toi.

— Je peux proposer quelque chose ?

— Je t'en prie...

— Trois heures. J'ai le droit à trois heures de couple vanille, comme vous dites. Je décide quand dans la journée.

— Ça me va, accepta Aaron après une courte hésitation.

— Je peux avoir celle d'aujourd'hui maintenant alors ?

— Tu perds pas le nord... C'est d'accord.

Hugo se redressa en massant ses fesses et appuya son doigt sur le front de son amant en grognant :

— Tu m'as fait percer les tétons. 

— Pour ma défense, c'est affreusement sexy sur toi, j'ai hâte de pouvoir jouer avec.

— Psychopathe du cul.

Aaron partit dans un grand éclat de rire, incapable de se retenir devant le regard furibond du plus petit. Ce dernier le rejoignit bien vite et ils passèrent dix bonnes minutes à rigoler sur le sol du salon. Ensuite, il alla enfiler son pyjama pendant que son aîné préparait le repas. 

L'avocat avait bien compris que son soumis avait besoin de sa petite dose de niaiserie quotidienne. En dehors, il en ferait ce qu'il voulait, mais il devait lui laisser ce temps-libre. Peut-être allait-il finir par disparaître peu à peu ? C'était probable...

Et peut-être devrait-il en profiter pour lui parler à cœur ouvert ?

Bal VénitienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant