Chapitre XX

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À peine la voiture de Aaron fut-elle arrêtée devant la maison de Clémence que Hugo se détacha, prêt à en sortir. Avant qu'il ait le temps de s'éloigner, son aîné attrapa son poignet et il se laissa happer par ses iris miels plein de tristesse. Il murmura doucement :

— Hugo. Ne renonce pas à ta vie parce que tes parents sont des pauvres cons.

— Tu ne sais rien d'eux, petit prince, cracha le brun en se dégageant, je n'aurais jamais dû te suivre dans ces toilettes ce soir-là.

L'avocat poussa un grognement quand les yeux verts clairs lui lancèrent un regard chargé de regrets. Il ne savait pas si c'était vraiment la soirée qu'il regrettait ou le fait de devoir mettre fin à leur relation. À vrai dire, il ne prit pas le temps d'y réfléchir, son instinct prit le dessus. Il ne voulait pas être rejeté, il voulait le garder près de lui. Alors dans un geste vif, il attrapa sa nuque et posa sans douceur ses lèvres rosées sur les siennes.

Le baiser fut violent, empli de colère et de frustration, de regrets et de tristesse aussi. Le roux mordilla la lèvre de Hugo en glissant sa langue dans sa bouche pour rejoindre la sienne. Le plus jeune ne chercha pas à comprendre ni pourquoi ni comment et il entama un ballet endiablé avec le muscle rose. Pour lui ce n'était qu'un baiser d'adieu, alors il se laissa complètement aller.  

Mais il ne se doutait pas que l'esprit de son aîné, lui, était en ébullition. Il s'était promis de ne plus jamais aimer, et par ce biais de ne plus jamais embrasser pour ne pas créer la confusion dans l'esprit de ses partenaires. Sauf qu'avec Hugo... avec Hugo, il n'avait envie que de ça. Au fond de lui, il savait que Jean et Christian avaient raison. Il n'était juste pas prêt à  l'admettre. De toute façon, Hugo avait été clair, jamais plus il ne devrait se voir. 

À bout de souffle, les deux hommes se séparèrent. Leurs yeux se trouvèrent. L'iris doré était empli de tristesse tandis que le vert cerclé de marron était perturbé par ce qu'il venait de se passer. 

— Hugo...

— Au revoir, Aaron. Merci pour ces moments.

Et il s'enfuit. Le brun avait bien vu que l'avocat était prêt à répliquer, à le retenir encore, mais il ne pouvait pas rester avec lui, sinon son père serait furieux. C'était là sa dure réalité. Alors dès qu'il eût fini sa phrase, il sortit en courant et entra dans la maison de sa meilleure amie. Dans le véhicule, Aaron poussait un cri de frustration en donnant un coup de poing sur le volant, furieux de ressentir autant de choses pour quelqu'un alors qu'il s'était promis de ne plus jamais le faire.

~~~

— Et donc il t'a offert ces trucs, conclut Clémence en désignant la boîte sur son lit.

Pour seule réponse, le jeune homme hocha la tête. Cela faisait une heure qu'il était chez son amie et il avait pris le temps de lui raconter tout ce qui s'était passé entre Aaron et lui depuis le début de leur folle histoire jusqu'au baiser qu'ils avaient échangé devant chez elle. La brune l'avait écouté attentivement, bien que trop enthousiaste à certains passages de l'histoire, avant d'arriver à la conclusion que la boîte posée devant elle était un cadeau du roux. Sans même demander l'autorisation, elle prit la décision de l'ouvrir pour regarder son contenu. Sa bouche, recouverte de rouge à lèvre gris, forma un joli petit "o" avant qu'elle ne prenne le petit œuf dans sa main pour l'observer de plus près.

— C'est un sextoy, constata-t-elle en relevant les yeux vers lui.

— Sans rire, Clém', tu me prends pour un idiot ?

À vrai dire, il ne savait pas ce que c'était il y a une heure mais il ne voulait pas passer pour un innocent devant Clémence. La jeune femme leva les yeux au ciel et reposa le jouet à sa place pour pouvoir prendre le bracelet en cuir. Elle l'observa cette fois beaucoup plus longuement, rougissant par moment, avant de le remettre lui aussi. Elle se mordilla la lèvre, se ravisa en se rappelant qu'elle avait du rouge à lèvres, puis lui lança un regard affreusement gêné en murmurant :

— J'ai vu ça dans pas mal de fanfiction.

— Pitié, le monde ne tourne pas autour de tes histoires...

— Tss... ferme-la. Tu es désagréable... bref ! Vu tout ce que tu m'as dit sur lui, je dirais que c'est un Dominant.

— Je sais que c'est un dominant, merci. Mon cul s'en souvient encore.

— Un Dominant, y a la majuscule dedans, couillon. Genre un Christian Grey, tu vois ?

La mâchoire de Hugo manqua de se décrocher quand il comprit ce que la brune insinuait. Aaron faisait partie du milieu BDSM. Il comprenait mieux pourquoi il adorait restreindre ses mouvements et lui donner des ordres... même si ce n'était sûrement qu'une infime partie de ce qu'il pouvait lui faire.

—  Enfin… même si c'est le cas, c'est fini maintenant.

— Chou... 

— Je tiens à lui, tu sais ?

— Alors appelle-le pour le voir ! Je ne comprends pas... ton père va bien faire un peu la gueule mais...

— Tu peux pas comprendre, Clémence.

L'étudiant se roula en boule, signe qu'il ne voulait plus parler du sujet épineux. Son amie soupira avant de refermer la boîte et de commencer à parler des prochains films qu'elle aimerait aller voir au cinéma pour lui changer les idées. Mais Hugo n'écoutait pas. Il caressa ses lèvres. Il aurait dû le repousser, au final. Son cœur lui faisait tellement mal.

Bal VénitienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant