Héritage problématique, ou pas

Chapitre XX

Je n'avais pas pu m'empêcher de me poser la question, et je détournai le regard en voyant l'air presque étonné qui passa sur le visage de mon Alpha.

- Chaton, dit-il, encore une fois, nous sommes en guerre. Les guerres ne sont pas et ne seront jamais propres. Il y aura toujours des extrémistes qui tueront tout ce qui passe à leur portée. Le sang a déjà coulé, le sang coule encore, et il continuera à couler même après la fin de la guerre.

J'eus un léger soupir dépité en entendant la réponse catégorique de Tom. Quelque part, j'avais toujours espéré qu'il suffisait de tuer la figure principale du camp opposé pour stopper la guerre. Que tuer Voldemort suffisait. Mais non. Les choses étaient définitivement encore plus glauques que ce que j'avais imaginé dans les pires scénarios. Je ne voyais pas comment cette guerre pourrait un jour se finir. Peut-être que je ne verrais jamais réellement la paix dans le monde sorcier.

Même lors de ma première année à Poudlard, j'avais remarqué qu'il y avait une espèce... d'instabilité. Ces tensions entre les maisons, d'abord, une interminable compétition avec des successions de coups bas à tout vas. Et puis, l'idée que certains endroits dans les villages sorciers étaient mauvais. Pourquoi des gens mauvais se placeraient dans la même ville que le reste ? Si tout le monde les considéraient ainsi, il serait facile de les exterminer.

Oui, j'avais bien vu tout ça, mais c'était... plus facile de me mettre des œillères. De croire que tout les problèmes allaient être résolus par des adultes. Pas par moi. Que je n'allais pas avoir à tuer quelqu'un. Encore moins mon Alpha.

Par Merlin...

Je me retrouvais brutalement debout, serré contre un corps chaud alors que je hoquetai de surprise. Une des grandes mains de Tom se posa dans mes cheveux et l'autre était fermement collé à mes reins, me maintenant contre lui sans le moindre effort. Pendant un moment, je caressai l'idée de me débattre, de m'enfuir loin du monde magique et de lui pour ne plus avoir faire à tous ces sentiments contradictoires qui ne manquaient jamais d'apparaître en sa présence.

Mais mon Alpha laissa sa main dans mes cheveux glisser le long de mes tempes, de mes joues et de ma mâchoire avant de prendre le menton pour me relever la tête. Immédiatement, je me retrouvai happé par deux orbes carmins, et en cet instant, je sentis comme un château de cartes s'effondrer en moi.

Après tout, à quoi cela servait-il que je me débatte ? Tom était mon Alpha, par Merlin. Je ne pourrais jamais être mieux nulle part ailleurs qu'avec lui. Et je savais qu'il préférerait mourir que de n'avoir pas su me défendre. Il n'aimais sûrement pas l'idée, et moi non plus, mais c'était un instinct qui était gravé dans sa magie et dans son âme, comme c'était le cas pour moi.

Et puis, pouvais-je vraiment lui en vouloir de tuer des gens ? Ce n'était pas non plus comme s'il faisait ça pour le plaisir, comme je le croyais au début. Et puis, il y avait aussi le fait que -

- Chaton ?

Un brusque frémissement me parcouru alors que je recentrai mon regard sur Tom, qui avait les sourcils légèrement froncés.

- Arrêtes de t'inquiéter, dit-il de sa voix trop grave pour ma santé mentale. Cette guerre dure depuis longtemps mais on en voit le bout. Ce n'est plus qu'une question de mois, peut-être même de semaines. Et puis, ajouta-t-il, si cela peut te rassurer, afficher publiquement ta présence à mes côtés ferra bouger les choses encore plus brusquement.

J'eus l'impression que mes pensées se stoppèrent un instant alors que je regardai mon Alpha la bouche entrouverte de stupéfaction.

- A... à tes côtés ? Répétais-je, pas sûr de bien avoir compris. Comme un égal ?