Chapitre IX

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Par Merlin. Pour la première fois de ma vie, je découvris que l'on pouvait ressentir de la peur pour quelqu'un. Et pour le coup, je m'en serais bien passé. Enfin, je craignais, à chaque sortie, que mes Mangemorts se fassent tuer. Je les appréciais, pour la plupart, et n'aimais pas l'idée de les voir mourir sur un champs de bataille. Bon, mon affection se résumait à ne pas donner de Doloris, mais je trouvais ça quand même affectif.

 Mais, s'ils mourraient, cela ne me faisais pas mal. Ils restaient tout de même des êtres remplaçables, certes, plus ou moins facilement. J'avais été peiné en apprenant à mon retour que les Lestrange avaient étés envoyé à Azkaban. Je n'en avait pas pour autant souffert, après tout, ils savaient ce qu'ils risquaient en étant avec moi. Tous mes Mangemorts connaissaient les risques, et ils les prenaient sans hésiter, pour moi. Leur fidélité m'était agréable, mais je n'avais pas peur pour eux au point d'en avoir mal.

Là, au contraire, je sentais mon coeur se serrer douloureusement, mes membres trembler sans que je le veuille, et ma respiration se faire de plus en plus irrégulière. Mais le pire, c'est que je ne pouvais rien contrôler. Je ne savais absolument pas quoi faire, c'était horriblement dérangeant. Ne pas avoir de contrôle sur les événements étaient déjà quelque chose que je ne supportais pas, ne pas avoir le pouvoir sur les gens, encore moins, mais ne pas pouvoir me contrôler moi-même... Je haïssais cette sensation.

Harry se tordait de douleur sur le matelas, et lorsque je voulus le toucher pour essayer de le calmer, mon instinct d'Alpha me hurla de ne pas le faire. J'arrêtai ma main à mi-chemin, étant tiraillé par l'envie d'entrer en contact avec sa peau et la peur d'exécuter ce mouvement. J'avais l'horrible impression d'être un spectateur, incapable de soulager la douleur de mon Oméga. Au début, il me suppliait de faire quelque chose pour lui, mais maintenant, il semblait dans un autre monde, où seuls ses cris perçaient.

 Mes dents mordillèrent nerveusement ma lèvre, et mon esprit se perdit dans le tourbillon d'émotion que je ressentais. Je pouvais reconnaître la colère de ne pouvoir rien faire, l'impression d'être un incapable, la haine pour ce qui le faisait souffrir – alors qu'en plus, je venait d'apprendre que sa vie avait été faite de coups et de douleur. Et là, il souffrait, devant moi, et je n'avais pas la moindre idée de ce que je devais faire. Mais en tout cas, une chose était sûre. Voir mon Oméga souffrir sous mes yeux lorsque je n'étais pas la cause de sa douleur m'était totalement insupportable. Et je haïssais devoir faire face à quelque chose qui m'était insupportable.

- Rosy !

Un « pop » me répondit, et je repris la parole avant même que mon elfe de maison ne puisse me demander quelque chose, alors que pourtant, elle avait le don de parler dès son arrivée.

-Apporte moi un tissus mouillé, plusieurs même, des serviettes et une bassine d'eau fraîche. Maintenant !

Elle disparut presque instantanément alors que de son coté, Harry hurlait plus fort. J'aurais pu invoquer tout cela moi-même, mais pour le coup, je n'étais pas persuadé de ne pas faire apparaître une montagne de tissu et d'inonder la pièce. Par contre, je jetai un sort pour empêcher mon Oméga de crier, évitant ainsi que ses cordes vocales se brisent. Déjà que je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait, je n'allais pas prendre le risque d'empirer les choses. Mais cependant, si Potter ne criait plus, sa bouche laissant échapper de silencieux hurlements, et ses muscles tendus témoignaient de sa douleur. En me penchant un peu dans son esprit, je trébuchai dans un océan de souffrance qui me repoussa en quelques instants. Le souffle court , je mis plusieurs secondes à reprendre mes esprit.

La peine qu'il ressentait était... horrible, même pour moi, qui avait l'habitude de l'infliger quand il le fallait. Je n'hésitais pas à donner un Doloris ou deux lorsque mes Mangemorts étaient trop décevants, parfois simplement agaçants, mais surtout sur des prisonniers récalcitrants. J'aimais me plonger dans leur esprits à ce moment là, sentir la douleur qui les prenait brutalement sans qu'ils ne puissent faire quelque chose.

Héritage problématique, ou pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant