-1-

1.3K 50 6
                                    

Does she know that we bleed the same?
Don't wanna cry but I break that way

  Cette journée-là, tout le monde avait eu son lot de catastrophes. Elyana Bennet, assise dans une salle d'attente austère et froide, à l'hôpital, était bien trop occupée à serrer la main valide de son petit ami, Archie Andrews, pour remarquer qui que ce soit d'autre dans la pièce. Elle ne comptait plus le nombre de sanglots que le garçon avait laissé échapper. Elle ne comptait plus le nombre de fois où il s'était caché dans ses cheveux, comme un chaton terrifié. Toutefois, Betty était venue l'avertir, entre deux crises de larmes : Cheryl et sa mère étaient là, elles aussi. À ce qu'on disait, un incendie aurait ravagé Thornhill, la nuit précédente. Penelope Blossom aurait bravé les flammes qui détruisaient son manoir afin de sauver sa fille, assoupie dans sa chambre à coucher. Elyana ne s'était pas attardée sur ces détails, même si un tel acte d'héroïsme de la part de cette femme lui paraissait bien improbable. 
 

Depuis qu'elle était arrivée à l'hôpital, la jeune fille absorbait la douleur et la peur de tout le monde. Elle avait soutenu la masse corporelle de son ami, presque inerte, lorsqu'il s'était réfugié dans ses bras. Elle avait apaisé l'angoisse de Betty, calmé les ardeurs vengeresses de Jughead, tranquillisé les peurs de Veronica. Elle avait écouté Archie lorsqu'il lui avait expliqué la disparition du portefeuille de son père. Elle l'avait rassuré, lui avait conseillé de s'inquiéter de ce détail plus tard, d'en parler au shérif Keller. Oui, elle avait fait tout ça. Mais désormais, dans le silence total, elle pensait à sa propre douleur. Celle qu'elle ressentait pour Fred Andrews, celle qu'elle éprouvait à l'idée du déménagement de son meilleur ami, et enfin, celle qui lui tenaillait les entrailles depuis qu'elle avait vu Veronica embrasser Archie. Elle ne pouvait pas en vouloir à son petit ami, ou en tout cas, pas tout de suite. Elle en voulait à Veronica, énormément. Elle avait cet étrange sentiment, cette sensation qui lui soufflait à l'oreille qu'elle allait devoir se battre bec et ongles pour protéger son couple. Elle était certaine que la New Yorkaise profiterait de la faiblesse du jeune homme. Elle n'eut pas le temps d'y songer plus, cependant : les Bulldogs venaient d'arriver.

  - On est venus prendre des nouvelles dès qu'on a su, confessa Reggie, un peu embarrassé, avec un regard désolé pour Lya.

  Maladroitement, il donna l'accolade à Archie et lui tapota le dos.

  - Merci, Reggie.

  - Les Bulldogs sont avec toi, dit-il enfin.

  - Les Pussycats aussi, déclara Josie qui venait d'arriver. On prie pour ton père. On lui envoie nos neuf vies.

  - Merci, Josie, répondit Archie, presque machinalement.

  - Veronica a dit que tu étais au poste...qu'on a peut-être arrêté quelqu'un ? demanda la chanteuse.

  - Oui, mais ce n'était pas lui, expliqua le rouquin, fatigué. Il court toujours.

  - Archie, l'interpela le médecin qui s'occupait de son père. Il est dans la chambre 12. Tu peux le voir.

  - O.K. Super.

  - Écoute. Il n'est pas encore réveillé, mais parle-lui, lui conseilla l'homme en blouse blanche. Des choses positives pourraient lui donner l'envie de revenir.

  Lya le regarda s'éloigner dans le couloir. N'étant pas de la famille, elle ne pouvait pas l'accompagner, alors elle encouragea Archie d'un sourire. Il tenta de lui répondre, mais sa bouche ne put que se tordre en un rictus factice. Elle soupira dès qu'il fut dans la chambre, et elle se laissa choir sur une des chaises en plastique. Elle enfouit son visage dans ses mains et laissa ses larmes couler pour la première fois, ce jour-là. Maintenant qu'elle ne devait plus être forte pour Archie, elle s'autorisa quelques minutes de relâche. Une main se posa sur son dos, et elle se laissa consoler par cette chaleur inconnue, mais bienvenue. Elle appuya sa tête sur l'épaule de celui qui la soutenait, les yeux toujours clos.

Kill of the nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant