Chapitre 12 : Après la tempête, II. Aoran

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Une fois n'est pas coutume, petite scribouille de début de chapitre : 

Désolée pour le retard de parution (pour en connaître la raison, lisez la scribouille de fin x). Et pour m'excuser, je vous poste un chapitre plus long que d'habitude ! Bonne lecture !

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Aoran descendit les escaliers qui débouchaient sur la salle principale de l'auberge d'un pas assuré, son lieutenant sur les talons. Son regard impérieux balaya la pièce avec froideur, ne s'attardant qu'à peine sur les derniers clients attablés dont les conversations étouffées terminaient de s'essouffler. Il passa toutefois sur chacun d'eux, les dévisagea en silence, s'assura de mémoriser leurs traits, avant de s'égarer vers un coin abandonné, quelque peu en retrait.

C'était là que s'était réfugiée son Etoile Compagne, près de cette cheminée aux pierres noircies de suif, sur ce fauteuil tendu de draps gris. Là que sa petite silhouette s'était soustraite à sa surveillance et où, par indulgence, il l'avait autorisée à se retirer, à se libérer, pour un temps seulement, du poids de sa présence.

C'était là qu'elle avait eu besoin de sa protection et qu'il avait failli à la lui apporter.

Ses prunelles glissèrent alors au creux de l'âtre, là où se mouraient les restes d'une bûche consumée et où de petites braises brûlantes rougeoyaient d'un éclat carmin comme autant de gouttelettes de sang versées sur le tapis de cendres.

Aussitôt, son regard s'assombrit.

Puis, sans se soucier de l'attention fébrile des membres de son escorte ou de celle, davantage suspicieuse, des autres clients de l'établissement, Aoran dirigea ses pas vers le comptoir derrière lequel s'affairait le propriétaire.

À son approche, l'aubergiste leva subrepticement un œil dans sa direction avant de s'empresser de le baisser à nouveau sur le verre qu'il s'acharnait à essuyer. Tout dans son attitude trahissait son angoisse ; le tic nerveux de sa lèvre supérieure qui ne cessait de tressauter, le manège de ses doigts qui nouaient et dénouaient son tablier, le nombre de fois où il essuya son front humide qu'un épais voile de sueur humidifiait.

À mesure que le prince approchait, le tremblement des mains de l'aubergiste s'accentuait davantage, si bien qu'il manqua d'échapper la vaisselle qu'il s'obligeait à ordonner pour la seconde fois en moins de dix minutes, histoire de se donner une contenance.

Le bougre connaissait son erreur.

Quand, enfin, Aoran s'installa sur l'un des tabourets qui bordaient le comptoir, il crut que le tenancier allait se liquéfier sous ses yeux et un sourire malicieux, bien qu'imperceptible pour quiconque d'autre que Terrence, étira le coin de ses lèvres.

— Servez-nous un verre, lui ordonna Aoran, la voix dénuée d'émotion.

— Q-Qu'est-c'qui vous ferait plaisir, messire ? balbutia le propriétaire.

— Peu importe, trancha le prince.

Il n'avait, à terme, aucune intention de boire ce qu'il lui offrirait.

— A-alors, je vous propose notre spécialité locale... si d'la bière vous convient ?

Terrence, assis à la droite de son maître, se contenta de hocher le menton en signe d'assentiment. Il ignorait encore ce que le jeune homme avait en tête mais il devinait sans mal qu'avec le prince, la situation ne se réglerait pas au fil de l'épée. Sa présence auprès de lui revêtait la même fonction qu'une dague d'apparat à sa ceinture ; elle renforçait son aura déjà suffisamment intimidante à elle seule.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant