Chapitre 53 : Visite nocturne II. Une voix dans la nuit

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Scribouille de début de chapitre : Hello !

Je suis vraiment contente de vous retrouver sur ce chapitre, parce que je savais que vous l'attendiez énormément (vous m'avez énormément encouragée sur mon mur, ça m'a fait plaisir de savoir que vous vous teniez à l'affût ^^) et le voilà !

Il aura été vraiment difficile à écrire, je ne vous dis pas le nombre de phrases que j'ai effacée, réécrite, effacée, réécrite et ainsi de suite jusqu'à trouver la formulation qui me semblait convenir le mieux à ce que je voulais faire passer. Donc j'espère vraiment être parvenue à retranscrire au mieux l'ambiance de ce chapitre et les sentiments de Cyan et Aoran. Franchement, j'aurais voulu ce chapitre plus léger mais... sur certaines choses, ce n'est pas moi qui décide mais les personnages x)

Bref ! J'espère que ça vous plaira ! Je vous souhaite une bonne lecture et je n'ai qu'une hâte, lire tout vos retours, hihi <3

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Les flammes dansaient. Paresseuses. Envoûtantes. Pareilles à un sortilège au tracé rougeoyant. Cyan, pourtant, ne les distinguait plus, le regard attiré bien au-delà, loin du château de Resna et de celui qui, pour cette nuit, lui prêtait ses genoux et une oreille attentive. À la place, il revoyait les murs nus de la petite cabane que sa mère et lui avaient partagée, les premiers temps. Les fenêtres barrées de volets, même les jours ensoleillés. La lumière tamisée d'Ezarii et Osorii qui filtrait entre les planches mal ajustées. Les gouttes de pluie qui filtraient parfois du toit mal isolé. La poussière qui voletait en un ballet désordonné.

Il sentait l'odeur d'humidité que même l'été ne parvenait pas à chasser. Le parfum du savon au jasmin que sa mère utilisait malgré leur pauvreté. Les effluves des tisanes qu'elle confectionnait à partir des plantes qu'elle récoltait.

Il ressentait le froid qui les entourait jusqu'à les habiter. Cette solitude qui les abîmait malgré leur proximité. Ce silence qui les étouffait alors que les oiseaux chantaient.

Et puis...

Et puis cette obscurité... cette rancoeur... cette terreur...

Il aurait voulu ne jamais y retourner.

Pas même en pensée.

Il raffermit la morsure de ses dents sur sa lèvre inférieure, inconscient du sang qui commençait à perler et de la saveur ferreuse qui l'accompagnait tant la réalité semblait lui échapper, se déliter, disparaître au profit d'un passé qui menaçait de l'engloutir tout entier. Alors il se raccrochait à la douleur, à cette pulsation lancinante qui l'empêchait de s'oublier, qui le rattachait à cet instant volé.

— Arrête, lui murmura son Etoile Compagne en caressant du pouce sa lèvre déchirée. Tu te fais du mal.

Cyan tressaillit, surpris par la tendresse de ce geste et la douceur du reproche, subitement conscient de la présence, tangible et rassurante, de son prince auprès de lui, de la sensation de ses mains sur sa peau, de la fermeté de ses cuisses sous sa tête et de l'omniprésence entêtante de son odeur autour de lui.

Il n'était pas seul. Il ne l'était plus. Tout comme il ne redeviendrait jamais cet enfant perdu et terrifié qui attendait que la mort vienne le chercher.

Il avait survécu. À elle, d'abord. À sa folie et son intransigeance. À ses coups et son indifférence. Puis à la cruauté de ce monde, encore et toujours. À sa barbarie et son injustice. À son implacabilité et son ironie. Il avait survécu et il continuerait, n'en déplaise aux ombres de son passé. N'en déplaise au souvenir de celle qui l'avait abandonné. Pour ce soir, au moins, en sécurité dans ce cocon de chaleur et de quiétude, il s'autoriserait à se rappeler, à raconter. Il parlerait de cette enfance dont il ne gardait, au fond de son cœur, qu'une blessure à vif, purulente et nauséabonde. La première d'une longue série.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant