Etoile Noire - Tome 1 : Les Disparus de Resna

Chapitre 71 : La route du roi

Précédemment : Fidèle à sa parole, Aoran invite Cyan à la fête des Premières Neiges qui clôt la chasse des Sept Jours de Faim. Cyan, qui, à leur retour de leur chasse à l'homme, s'est endormi dans la bibliothèque, se réveille en milieu d'après midi, inconscient que le baiser dont il pense avoir rêvé s'est bel et bien produit. Il découvre alors près de l'entrée un coffret et une lettre écrite à son attention. Après lecture, il apprend que Son Impériale Altesse l'attend en ville et qu'elle lui a offert le superbe masque contenu dans la boite mystère.

Après l'avoir rejointe en ville un peu plus tard, Cyan et Aoran commence leur rendez-vous. Pâtisserie, balade, concours de bonhomme de neige... tout se passe presque bien à l'exception de Cyan, qui, fidèle à lui-même, manque de déclencher une catastrophe. Heureusement, Aoran est là pour gérer les problèmes avec classe. Et alors que Cyan décide d'acheter des cadeaux pour Linling et Jacob demeurés au château, l'une pour sa sécurité, l'autre par punition, son prince lui indique qu'il connaît l'endroit idéal pour cela et le guide jusque là-bas.

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Quelques minutes après avoir été entraîné par son Etoile Compagne en direction du nord, Cyan déboucha en pleine route du Roi. Cette dernière traversait la ville du nord au sud et constituait l'axe principal de la cité. Cyan ne l'avait empruntée qu'une seule fois, à son arrivée à Resna et d'elle, il ne se souvenait que de la foule qui l'arpentait, de l'agitation qui l'animait et des entrelacs de plantes grimpantes - Glycines, Clématites, Chèvrefeuilles... -qui verdissaient les arches, les balcons et les milles éléments architecturaux décoratifs qui la bordaient. Son confinement dans le fiacre, à l'époque, l'avait cependant empêché d'en découvrir la véritable ampleur aussi la redécouvrait-il avec un émerveillement renouvelé.

Large de plusieurs mètres - trois charrettes pouvaient s'y croiser sans aucune difficulté - elle bruissait de conversations enjouées, de cris enthousiastes et de rires légers. À l'occasion de la fête des Premières Neiges, la circulation des voitures avait été suspendues et plusieurs marchants en avaient profité pour installer des stands en tout genre le long des trottoirs. Les habitants déambulaient au cœur de la foire au gré de leurs envies, leur démarche lente et nonchalante, davantage absorbés par l'ivresse et la festivité du moment que par les produits proposés par les commerçants.

Cyan, les yeux écarquillés par le fourmillement foisonnant d'activités qui se déroulait devant lui, se laissa entraîner sans résister par Son Impériale Altesse, se mêlant sans difficulté aux vagues de promeneurs qui ondulaient d'un étal à un autre en une houle doucereuse. Aussitôt, une multitude de parfums assaillit ses narines par bouffées entremêlées ; jasmin, alcool, cire, sueur... chaque odeur se mélangeait aux précédentes pour n'en former plus qu'une, entêtante, légèrement écoeurante, que les mouvements de la masse ne faisaient qu'accentuer et déplacer. Heureusement, quelques rafales d'un vent froid et acéré se chargeait de temps à autre de rafraîchir l'air ambiant, non sans saisir au passage les inconscients dénués du plus basique des vêtements chauds.

Après un moment, Cyan s'y habitua et se concentra davantage sur les produits qui s'étalaient sous son regard à mesure qu'il avançait. Des étoffes chamarrées aux teintes éclatantes, des essences de fleurs et des huiles essentielles de fruits, des bibelots en bois sculptés et vernis, des brosses, des peignes, des boites à bijoux, des ornements... chaque stand lui réservait son lot de surprises et de trésors.

- Tu vois quelque chose qui te plaît ? lui demanda son Etoile Compagne en désignant les marchandises d'un signe de tête.

- Tout est intéressant, avoua Cyan avec un grand sourire.

Pour lui, qui n'avait jamais assisté à une fête ou à une foire que de loin, tout paraissait briller de mille feux. Les couleurs rivalisaient d'éclats, les parfums l'enivraient, le brouhaha de la foule le galvanisait, il aurait voulu que la rue s'étire à l'infini, que les stands se renouvellent encore et encore et que l'insouciance qui rendait ses pas et son coeur si légers ne disparaisse jamais.