Etoile Noire - Tome 1 : Les Disparus de Resna

Chapitre 8 : Le début d'une alliance ?

Osorii et Ezarii teintaient à peine le pâle ciel du matin de leurs rayons rosés quand Junon l'obligea à quitter la confortable chaleur de ses draps et le doux monde de ses rêves. Cyan ignorait encore pourquoi il le forçait à se lever aussi tôt car le Pastorii ne l'avait pas prévenu du billet qu'il avait reçu de la part de Terrence lui annonçant le départ du prince aux premières lueurs de l'aube. Il n'apprit ce détail qu'une fois lavé, coiffé et paré de nouveaux vêtements coûteux, bien que sa mise restât sobre en comparaison des tenues que lui avaient fourni le temple jusqu'à présent. Il ne s'agissait que d'une tunique en coton bleu nuit et d'un pantalon noir ajusté. Aucun ornement ne soulignait sa taille ou ses cuisses. Mais à cet instant, Cyan se moquait éperdument de ces petits détails. Seul son départ avec le prince réussit à percer les brumes de son esprit ensommeillé.

— Quand ?! s'exclama Cyan, interdit.

— Immédiatement, confirma Junon, blasé. Son Altesse vous attend à l'extérieur du temple.

Ils ne lui laisseraient donc même pas le temps de se préparer mentalement ?

— Et si je ne veux pas y aller ? demanda Cyan, nerveux.

— Encore une fois, j'ai bien peur que vous n'ayez pas le choix. Votre présence au temple ne peut être définitive et mon rôle auprès de vous s'arrête ici. C'est à Son Altesse que revient maintenant votre charge.

Sa charge ? Pour qui le prenaient-ils au juste ? Un sac de pommes de terre ? Le visage fermé de Junon n'invitait malheureusement pas au débat et Cyan comprit qu'aucune de ses interjections ne briserait le masque d'indifférence étudiée derrière lequel se dissimulait le prêtre.

Lui aussi obéissait à ses ordres et Cyan, malgré son statut d'Etoile Compagne du prince héritier, ne possédait pas le pouvoir d'y remédier.

Plusieurs minutes plus tard, après avoir quitté en hâte le pavillon de l'Etoile, ils arrivèrent devant les portes principales du temple de Noctis sans qu'aucun autre mot ne fût échangé entre eux. Quatre Noviciis s'inclinèrent devant eux à leur arrivée puis se chargèrent d'ouvrir l'un des imposants battants à la seule force de leurs bras.

Un grondement assourdissant accompagna la manœuvre – les portes, monumentales, mesuraient plus de dix mètres de haut et malgré leur entretien quotidien, il était impossible de les manipuler sans le moindre raffut.

Tandis que les Noviciis s'attelaient à la tâche, Junon lui attrapa les épaules et lui adressa un sourire bienveillant.

— Même si je ne suis plus là pour veiller sur vous, mes prières vous accompagneront, lui assura-t-il, chaleureux. N'ayez pas peur de suivre la voie que les Dieux ont tracé pour vous. Ils savent ce qu'Ils font.

— J'aurais préféré choisir ma propre voie, marmonna Cyan. Et je ne fais pas vraiment confiance aux Dieux, alors je ne peux rien vous promettre. Mais si jamais mes objectifs rejoignent les Leurs un jour, je saurais me souvenir de vos paroles.

Junon retint un rire amusé. Jusqu'au bout, ce garçon s'ingénierait à le contredire ! Toutefois, il ne pourrait plus veiller sur lui, à présent, et bien que leur temps ensemble ait été court, il en garderait un souvenir impérissable.

— Si jamais vous avez besoin de conseils ou simplement d'une oreille attentive, commença le Pastorii, n'hésitez pas à venir me solliciter. Je me ferais un plaisir d'écouter votre confession.

— Je ne me confesse jamais, l'arrêta Cyan, gentiment. On m'a toujours affirmé que mon âme était hors de la rédemption alors je préfère ne pas perdre mon temps à la rechercher inutilement, quitte à devoir vivre chacun de mes jours dans le péché.