Chapitre 37 : Réconfort

3.6K 374 1.8K
                                    

Scribouille de début : Désolée pour cette attente interminable ! Je vous en dis plus dans mon mot de fin =) 

______________________________

Les larmes ne cessaient de couler.

Trop de souffrances, trop de blessures, trop de mépris, de haine et d'indifférence accumulés au fil des ans se bousculaient aux portes de son cœur malmené. Jusqu'à présent, il s'était efforcé de les oublier, de les sceller, de les traiter avec le même dédain qu'on lui avait toujours réservé. C'était sa façon de s'en préserver, de se protéger de leur morsure empoisonnée. Mais tout enfouis, tout négligés qu'ils fussent, ces souvenirs ne disparaissaient jamais ; ils s'amoncelaient puis pourrissaient, d'autant plus nauséabonds et corrosifs qu'il avait toujours préféré les ignorer plutôt que de les affronter.

Désormais, ils débordaient.

Et Cyan, submergé par ce raz de marée, s'efforçait de le ravaler, le visage dissimulé au creux de ses mains écorchées. Il se recroquevilla sur lui-même, dos voûté, épaules rentrées, buste incliné, comme pour se diminuer, se dissoudre dans l'obscurité. Instinctivement, son corps se rappelait les années où il lui fallait se montrer discret, où la moindre marque de faiblesse, la moindre trace de vulnérabilité se payait d'une façon qu'il n'aimait guère à se rappeler.

Et pourtant...

Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à refréner les sanglots qui lui secouaient la poitrine en soubresauts incontrôlés. Car chacun d'eux charriait sa part d'insultes, de rejets et de blessures passés. Chacun d'eux emportait un peu plus de cette douleur qu'il avait cru anesthésiée mais à laquelle il s'était simplement habitué.

Alors il pleurait. Il pleurait comme jamais il ne se l'était autorisé.

Sans parvenir à s'arrêter.

Soudain, deux bras solides s'enroulèrent autour de lui, un peu gauches dans leur façon de l'enlacer mais emprunts de cette retenue et de cette délicatesse que l'on réserve aux objets infiniment précieux et fragiles.

Surpris, Cyan échappa un hoquet étranglé.

D'instinct, il se raidit, les nerfs toujours à vifs. L'espace d'un instant, il demeura immobile, les muscles tétanisés, incapable de réagir. Il s'attendait à ce que son Etoile Compagne se penchât sur lui, pénétrât son espace et resserrât son étreinte, inconsciente de la tension nerveuse qui parcourait son corps.

Toutefois, Son Impénétrable Altesse ne bougea pas.

Une seconde d'incertitude flotta entre eux.

Puis Cyan comprit.

Un pas. Son Etoile Compagne venait d'esquisser un pas. Vers lui. Pour lui. Et sans lui imposer sa volonté, elle lui laissait le choix d'en opérer un deuxième. À son tour. De se réfugier de lui-même derrière le rempart de chair et de sang qu'elle se proposait d'ériger pour le protéger.

C'était à lui de décider. À lui d'avancer ou de reculer, d'accepter le réconfort qu'elle lui offrait ou de le rejeter.

De nouvelles larmes roulèrent sur ses joues.

Quelques semaines auparavant, il l'aurait sans aucun doute repoussée, horrifié à l'idée de lui dévoiler l'essence même de sa fragilité. Mais à cet instant, Cyan ne désirait plus qu'une seule chose. Oublier toute sa peine, toute sa détresse. Se plonger dans la chaleur de cette étreinte et s'y noyer tout entier.

Alors, doucement, presque avec hésitation, il effaça la distance qu'il maintenait avec son Etoile Compagne et plongea timidement le nez au creux de son cou. Aussitôt, il sentit l'emprise du prince se raffermir autour de sa taille tandis qu'il le serrait contre lui avec la même force que s'il craignait de le voir brusquement s'évaporer entre ses doigts. En réponse, Cyan ferma les yeux et se blottit un peu plus étroitement contre lui, apaisé par sa présence autant que par l'odeur familière de sa peau.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant