Chapitre 69 : Chat affamé et Cerf couronné

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Précédemment : Après avoir vaincu Alise et sauvé les trois petits disparus, Cyan, Aoran Eli est le reste de leur petite troupe décide de rentrer à Resna sans plus attendre. Malgré la difficulté du voyage de nuit, ils parviennent a atteindre Herbois où le doyen du village leur offre l'hospitalité. Au matin, Aoran décide d'y laisser Arnaud et Armant afin de permettre au seconde de veiller à ce que la blessure du premier cicatrise correctement. Un autre soldat est quant à lui envoyé porter à Harfleur les dernières nouvelles concernant le cas d'Alise et des enfants.

À leur arrivée à Resna, tôt le lendemain matin, la ville est couverte de neige et les préparatifs du banquet battent leur plein : la fête des Premières Neiges à commencé ! Aoran a bien assuré à Cyan qu'il l'y emmenerait et laisse celui-ci être emporté par Linling vers la bibliothèque. Après avoir donné ses ordres à Mariza et réglé les derniers détails du piège qu'il compte tendre au complice d'Alice dans la forêt cette nuit-même avec Terrence, il rejoint Cyan dans la bibliothèque avec un cadeau qu'il a commandé spécialement pour lui. Mais il trouve Cyan endormi et ce dernier, entre éveil et sommeil, le surprend d'un bref léger baiser.

Personnage oublié : Aucun dans ce chapitre, ce me semble ^.<

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Lorsque Cyan se réveilla de sa sieste, la petite pendule installée entre deux bibelots sur le manteau de la cheminée affichait quinze heures trente passée. Une lumière en demi-teinte, d'un gris rehaussé d'orange et de rose pâles, s'infiltrait par les fenêtres aux rideaux ouverts et nimbait les meubles, les livres et les boiseries d'une sorte de halo sépia qui donna à Cyan la vague impression d'ouvrir les yeux sur un souvenir suranné et mélancolique surgi d'un tout autre temps. Blotti dans le confortable plaid en laine qui le protégeait de la fraîcheur extérieur, il songea une brève seconde à se renfoncer dans la chaleur des coussins et la douce torpeur du demi-sommeil quand le soudain rappel de sa promesse avec son Etoile Compagne le heurta de plein fouet.

Bordel ! Leur rendez-vous !

Galvanisé par la peur de l'avoir manqué, Cyan se redressa d'un brusque élan sur son séant et manqua, au moment de se relever, de se vautrer sur les tapis après s'être pris les pieds dans les plis de sa couverture à demi-renversée sur le parquet. Il se rattrapa toutefois in-extremis à l'accoudoir d'un fauteuil proche et, au terme d'un profond soupir de soulagement, se résolut à réagir avec davantage de modération. Cela dit... comment avait-il donc atterri sur cette fichue méridienne, au juste ? Il ne se souvenait pas s'y être installé de lui-même. En vérité, il ne se souvenait pas vraiment des minutes qui avaient suivi son arrivée dans la bibliothèque avec Linling. Il avait certes commencé à lui lire une histoire ainsi qu'elle le lui avait demandé mais, dans son souvenir, il s'était installé à même le sol, devant l'âtre de la cheminée, la petite fille assise sur ses genoux. Quant au reste...

Il se massa les tempes, plongé dans les méandres brumeuses de ses réminiscences sans parvenir à se remémorer le moment où la fillette s'était retirée, ni celui où il s'était allongé sur la banquette pour se reposer. Par contre, des bribes de rêves lui revenaient par flash confus. Son Impériale Altesse affrontait Alise, désarmée et vulnérable. Il la revoyait tomber au sol, inerte, les yeux encore ouverts. Dénuée du moindre souffle. Et il s'entendait hurler, hurler, hurler, le cœur broyé par une terreur qu'il ne voulait plus jamais ressentir de toute sa vie. Le simple fait de se le rappeler, même à la lumière rassurante de la réalité, suffisait encore à l'ébranler. Heureusement, cet horrible songe s'était vite estompé et un autre, nettement plus agréable, l'avait remplacé.

De ce dernier, il ne gardait que de fugaces sensations ; le contact chaleureux d'une étreinte sur son corps, la tendresse d'une voix apaisante à son oreille, l'odeur de la peau de son Etoile Compagne autour de lui, le soulagement de la savoir en vie, le bonheur de la serrer contre lui... Ce mélange d'émotions incontrôlables l'avait tant submergé à cet instant, qu'il s'était abandonné à l'élan de ses sentiments. Il n'avait pas réfléchi, juste agi. Par audace. Par envie. Par besoin. Et comme dans tous les songes, celui-ci s'était estompé presque aussitôt que leurs lèvres s'étaient effleurées. Ensuite, plus rien. Le trou noir.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant