Chapitre 48 : Les amants maudits IV. Les soupçons de Cyan

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Scribouille de début : Enfiiiiiin ! Je sais que ça fait longtemps que vous l'attendiez donc j'espère qu'il vous plaira ! Pour contrebalancer ces deux mois et demi d'attente, ce chapitre est plus long que d'habitude (+ de 8.000 mots) et en plus, il est du point de vue de Aoran et avec du Aoryan. Ça m'aide à me faire pardonner, non ? x)

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Dans le silence confortable de la pièce, le balancier de l'horloge marquait le passage des secondes de son rythme lent et profond tandis qu'à son bureau, Aoran peinait à se concentrer sur le contenu de ses dossiers. À la surface de sa table de travail, le bout de ses ongles accompagnait les crépitements du feu et les gémissements du vent d'un tapotement impatient qui, en plus d'augmenter sa nervosité, l'empêchait de se concentrer. Pour autant, il ne parvenait pas à se contrôler, ses doigts agités par une volonté qui leur semblait propre.

Finalement, il céda à la tentation et vérifia l'heure d'un rapide coup d'oeil pour la centième fois depuis le départ de Cyan.

15h31.

À peine une trentaine de secondes de plus que la dernière fois qu'il avait levé la tête. Et un peu moins d'une minute depuis l'avant-dernière fois.

Le temps n'avançait pas.

Il tenta de se recentrer sur sa lecture mais, sous ses yeux, les mots défilaient sans véritable sens, sitôt lus, sitôt oubliés.

Que faisait Cyan en cet instant ? Rencontrait-il des difficultés dans son entreprise ? Courait-il le moindre danger ? Ne pas savoir le rendait étonnement anxieux, l'esprit troublé par l'image de son Etoile Compagne et par les divers scénarios catastrophes qu'elle était susceptible de traverser. Plus d'une fois, il s'était surpris à regretter de ne pas l'avoir accompagnée dans son équipée, juste pour s'assurer que rien ne la menacerait. Puis il considérait la pile de dossiers qui l'attendait sur son bureau et il se rappelait ses responsabilités...

Il lui fallait s'en remettre à Eli et aux deux soldats qui les accompagnaient, quant bien même savait-il cette escorte bien dérisoire au regard des capacités de leurs ennemis. Si jamais ils devaient les affronter...

Cette éventualité le rongeait.

Avec un soupir, Aoran s'efforça de chasser ces sinistres pensées, les yeux rivés sur ses papiers, mais dans sa poitrine, la morsure de l'angoisse ne perdait en rien de son intensité.


***


Lorsqu'il entendit les lointains échos d'un fiacre sur les pavés de la cour extérieure, Aoran cessa enfin de prétendre s'intéresser au contenu du rapport qu'il étudiait. Sur son bureau, sa pile de dossiers trahissaient le peu d'efficacité de ses pénibles efforts et, s'il devait se montrer complètement honnête envers lui-même, le peu qu'il était parvenu à boucler ne l'aurait jamais été sans l'aide de Mariza à qui il avait délégué une bonne part de ses dossiers d'intendances militaires. Avec elle aux commandes, le montant accordé aux défraiements de son lieutenant ne risquait guère de plaire au principal concerné mais Aoran l'imaginait mal venir s'en plaindre à l'ancienne gouvernante, peut-être la seule personne au monde capable d'inspirer de la terreur à son insupportable homme de main.

Non sans un petit sourire narquois, Aoran se leva de son fauteuil et alla se poster devant l'une des grandes fenêtres qui donnaient sur l'entrée de la résidence. Sous la lumière grisâtre de cette fin d'après-midi venteuse, son regard accrocha presque aussitôt la silhouette bondissante de son Etoile Compagne alors qu'elle jaillissait du fiacre en direction des escaliers de pierre, la tête découverte malgré les gouttes hésitantes qui commençaient à consteller les pierres grises. Il tenta de percer son expression, d'attraper une brève image de son visage mais Cyan rejoignait déjà le hall d'entrée et il n'entrevit de lui que le haut de son front.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant