Chapitre 17 : Une ombre silencieuse

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Malgré le rythme soutenu imposé par Mariza, la visite du château leur prit près de deux bonnes heures, deux bonnes heures durant lesquelles Cyan s'était contenté de suivre l'intendante sans mot dire, trop occupé à admirer l'harmonie des lieux pour songer à poser la moindre question. Il avait même manqué de se perdre lorsque, parvenu à la cour intérieure, il s'était arrêté en son centre afin de mieux profiter de son bassin d'eau claire et de la composition artistique des multiples ponts de pierres entrecroisés qui le traversaient.

Pour le reste, il avouait ne plus se souvenir de l'agencement des étages, de la disposition des escaliers, de la localisation de la buanderie ou des petits couloirs discrets propres aux cheminements des domestiques. Et encore moins du chemin parcouru durant ce laps de temps interminable.

Mariza devait-elle l'abandonner sur l'instant qu'il en serait quitte pour supplier le premier serviteur venu de le guider hors de ce labyrinthe de murs blancs.

Avec sa chance, il risquait de tomber sur Terrence...

— Par ici, lui intima Mariza de son ton égal, nullement fatiguée par toute cette marche. S'il y a bien un endroit, pour toi, à retenir dans ce château, c'est celui-ci.

Cyan s'apprêtait à acquiescer quand le malaise tenace qui le perturbait depuis un bon moment déjà se rappela à lui.

Sans autre avertissement, il se retourna d'un mouvement souple de la taille et scruta les couloirs baignés de lumière qui s'ouvraient dans son dos.

Personne.

Pourtant, il en était certain, à présent. Quelqu'un les suivait. Et qui que fût cette personne, elle vrillait sur lui un regard perçant propre à lui transpercer le dos.

Les yeux plissés, Cyan repéra une alcôve qu'un rideau de velours vert obstruait à moitié.

Il esquissa un pas dans sa direction, certain que, si son pressentiment ne le trompait pas, son espion n'avait d'autre endroit pour se dissimuler à sa vue que celui-ci.

La main pâle de Mariza s'accrocha à son bras, l'immobilisant.

— Où penses-tu aller ? lui demanda-t-elle, sourcils froncés.

Cyan se retourna vers elle, agacé.

— Quelqu'un s'amuse à nous espionner et je n'aime pas ça.

À ces mots, Mariza leva les yeux au ciel.

— C'est ridicule ! lui opposa-t-elle. Personne, ici, n'a de temps à perdre avec ce genre de bêtise. Et j'apprécierai que tu ne gaspilles pas le mien plus que nécessaire avec ce genre d'ineptie.

Cyan ouvrit la bouche, prêt à répliquer, mais elle l'en empêcha d'une injonction qui ne souffrait aucune réplique.

— Allons-y.

Contraint de la suivre, Cyan se mordit la lèvre de frustration. Toutefois, il ne s'éloigna pas sans jeter un dernier regard en direction du rideau de velours dont le pan détaché lui dissimulait encore ses secrets. Et comme il s'apprêtait à passer les lourdes portes de bois brut qui s'ouvraient devant lui, Cyan songea que l'intendante ne serait pas toujours dans ses pattes pour l'empêcher de fouiller toutes les alcôves qu'il estimerait nécessaire.

Qui que fût celui ou celle qui s'amusait à l'observer ainsi, il finirait tôt ou tard par le découvrir !

Une soudaine vague de chaleur l'arracha à ses pensées et Cyan s'obligea à se concentrer davantage sur ce qui l'entourait plutôt que sur le mystère qui l'intriguait.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant