Chapitre 24 : Le gardien de la forêt

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Scribouille de début : J'en profite pour vous souhaiter de bonnes Pâques ! Je ne vous embête pas plus ! Bonne lecture !


Cyan frappa à grands coups contre la porte des appartements du comte d'Altan.

Grâce à son étude approfondi des plans du château, il avait su localiser l'aile des invités sans se laisser leurrer par les nombreux trompes l'oeil chargés d'égarer les étrangers. Une première le concernant. Et pourtant, son sentiment de satisfaction peinait à contrebalancer le ronronnement dangereusement grandissant de son irritation.

Son poing s'abattit une nouvelle fois contre le battant.

— Messire d'Altan ! appela-t-il d'une voix forte.

Seul le silence lui répondit.

D'un claquement de langue agacé, Cyan s'obligea à prendre une profonde inspiration. La servante qu'il avait interrogée durant ses recherches lui avait assuré que le jeune noble s'était retranché dans l'intimité de ses appartements peu après le déjeuner aussi commençait-il à croire que Rÿon d'Altan, planqué derrière sa porte fermée, s'amusait à l'ignorer pour se moquer de lui, une éventualité qui ne participait guère à améliorer son humeur. Certes, il avait décidé de prendre tout son temps pour répondre à l'ordre de Sa Despotique Altesse – sa manière à lui d'affirmer son indépendance – mais à quoi cela rimait-il, s'il subissait la situation plus qu'il ne la maîtrisait ?

Les vagues de sa contrariété enflèrent encore davantage et se fracassèrent contre le barrage déjà fort malmené de sa patience.

Une infinité de fissures le craquela.

— Je vous préviens, grommela Cyan, si vous n'ouvrez pas cette satanée porte dans la seconde qui suit, je vous jure que...

Lhuo wah ei ni.*

Surpris, Cyan se mordit la langue.

Putain de bordel de... !

La douleur, fulgurante, lui amena des larmes au coin des yeux tandis qu'un goût de sang lui inondait la bouche. D'une main plaquée sur les lèvres, il s'obligea à avaler le liquide âcre au lieu de le recracher comme le lui dictait ses habitudes d'esclaves.

Mariza ne lui pardonnerait pas d'abîmer le joli tapi qui réchauffait le sol du couloir.

Puis, d'une torsion de la cheville, il se retourna vers la petite fille qui le considérait de ses grands yeux perçants. Quelque chose, dans son masque de neutralité habituel, avait changé depuis leur discussion de la veille au soir, même si Cyan peinait à discerner quoi exactement. Il se dégageait simplement d'elle une assurance nouvelle, une confiance teintée d'espièglerie astucieusement dissimulée derrière son expression lointaine mais que Cyan devinait à la petite étincelle amusée de ses iris noisette.

Tout deux avait franchi le cap de la défiance. Un parfum de secret flottait autour d'eux et une promesse, désormais, les liait l'un à l'autre. Cela suffisait à expliquer l'étrange complicité qu'il sentait s'installer tout naturellement entre eux.

— Pas là ? répéta-t-il en laoshi quand il eut repris contenance.

Linling secoua la tête.

Cyan se pinça les lèvres d'agacement.

— Où est-il alors, ce fichu comte ?

La fillette lui tendit la main en une invitation à la suivre et un sourire tout en fossette éclaira son visage en cœur. À l'éclat de ses prunelles d'encre, Cyan comprit qu'elle savait parfaitement où trouver le courant d'air qu'était Rÿon d'Altan aussi referma-t-il ses doigts autour de ceux de la petite fille et se laissa-t-il guider le long des corridors et des escaliers qu'elle empruntait sans jamais témoigner la moindre hésitation.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant