Chapitre 7

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L'après-midi se termine lorsque le château de Karasuno se retrouve une nouvelle fois en ébullition. Trois hommes, annoncés de loin, franchissent les portes et pénètrent dans la cour ; des palefreniers s'occupent immédiatement de leurs montures, tandis que les cavaliers mettent pied à terre et se hâtent de disparaître dans le château.

Le roi Daichi est assis sur son trône, et attend patiemment cette visite qu'il prévoit depuis un moment maintenant ; à ses côtés se tiennent le consort et le chef des armées. Hormis ces hommes d'importance, la salle du trône est déserte, et un silence d'anticipation y règne, jusqu'à ce que les portes s'ouvrent en grinçant et que trois silhouettes apparaissent à l'autre bout de la voie centrale.

L'homme qui marche au milieu, de toute évidence, est le chef. Il a la tête haute, le regard sérieux, la démarche rapide et assurée ; il avance jusqu'aux marches de pierre menant aux trônes et pose un genou à terre en baissant la tête.

-Aran, chef des armées d'Osamu, l'apostrophe Daichi. Nous attendions ta venue.

Le concerné relève ses yeux noirs sur le roi.

-Majesté, je viens implorer votre aide. Comme vous l'avez sûrement appris, Atsumu a déclenché une guerre civile dans mon royaume. Inarizaki est en ce moment même déchiré par des combats sanglants opposant les partisans d'Osamu aux armées d'Atsumu. Mon prince a trouvé refuge dans un royaume voisin, Nohebi, dans le plus strict secret ; mais le roi Daishou ne peut pas accueillir tous les réfugiés, ni continuer à couvrir Osamu, sans s'exposer lui aussi à une attaque d'Atsumu. C'est pourquoi je viens chercher du secours si loin de ma patrie.

-J'entends bien, répond Sawamura, l'air un peu sceptique. C'est donc l'asile que vous venez me demander ?

-C'est cela, Sire. Les habitants d'Inarizaki sont robustes et volontaires. Le périple ne nous effraie pas, et nous travaillerons les terres que l'on voudra bien nous donner, quitte à reverser toute la production au royaume hôte. Tout ce que nous demandons est la sécurité.

Suga lève un regard inquiet sur son mari, lequel fronce légèrement les sourcils :

-Bien sûr, je ne refuserai jamais d'aider un peuple qui en a tant besoin. Mais sauf votre discrétion, Aran... N'avez-vous pas fait un léger détour par Aoba avant de vous présenter ici ?

Les traits du chef des armées se crispent. Derrière lui, les deux soldats échangent un regard significatif.

-Si, Majesté. Osamu comptait beaucoup sur l'appui du roi Oikawa, qui a toujours, jusqu'ici, répondu à l'appel de notre royaume. Mais il a refusé.

-Il a refusé ? répète Asahi, choqué. Le roi Oikawa a refusé de vous donner asile ? En quel honneur ?

Sawamura lève une main pour lui indiquer de se calmer, et reprend les choses en main :

-Aoba semble traverser des temps troublés. Sa population est en train de fuir, et notamment dans mon royaume. Peut-être auriez-vous quelques... éclaircissements à nous apporter sur les raisons de cette situation, Aran ? Avez-vous rencontré le roi ?

Les lèvres du commandant s'étirent sur un sourire amer :

-Je l'ai rencontré, en effet. Et je vous souhaite de ne jamais faire de même.

-C'est un monstre, déclare tout à coup un des soldats.

-Silence, Suna, réagit Aran. Sire, le roi Oikawa est loin d'être celui qu'on vante tant pour sa beauté et sa magnificence. Une malédiction, à ce qu'on dit, l'a transformé tant dans son apparence que dans son caractère. Ses yeux sont rouges comme la braise, il a des cornes sur la tête. Il m'a semblé hautement perturbé lorsque je l'ai vu, et si son chef des armées, Iwaizumi, n'avait pas été là pour le calmer, je crois bien que je ne serais plus là pour vous le rapporter.

Memento Amari - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant