Chapitre 23

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Tous savent à quoi s'attendre en ce soir du vingt-quatrième jour de siège, lorsque le roi Daichi ouvre la réunion. Des regards inquiets survolent l'assemblée où les sièges vides sont plus nombreux encore que deux jours plus tôt, et en même temps tout le monde est lié par une détermination tacite : le siège a assez duré, ils en sont malades. Attendre encore ne serait que préserver une douce illusion...

-Vous vous doutez sûrement de la teneur de mes paroles, commence le roi d'une voix fatiguée. Nekoma n'est toujours pas arrivé et nous sommes toujours en état de siège. Les ressources ont baissé drastiquement, même avec les pertes... Et demain, nous aurons terminé tout ce qui reste de comestible.

C'est l'échéance fatale, enfin annoncée. Les visages se durcissent ; dans quelques heures, il n'y aura plus rien à manger dans la forteresse de Karasuno...

-Nous l'avions déjà évoqué, dit Daichi, mais une mort honorable me semble préférable à une lente agonie dans nos murs. Même en admettant que Nekoma arrive dans quelques jours, le manque de nourriture aura eu raison de nous, ou de presque la totalité d'entre nous. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre. Si Karasuno s'éteint, qu'au moins ce soit fait dans la bravoure...

Le roi parcourt l'assemblée de ses yeux cernés.

-Je vous ai réunis ici aujourd'hui pour mettre au point le plan d'attaque de notre dernière bataille.

-Est-ce que tout le monde y participera ? interroge Azumane.

-Tous ceux en âge et en état de tenir une arme, répond le roi. Nous n'entrerons pas dans la tombe sans emmener avec nous le plus d'ennemis possible.

-Même les femmes ?

-Ma sœur peut se battre aussi vigoureusement que n'importe quel soldat, sourit Tanaka.

-C'est entendu, tranche Daichi.

Il déploie une immense carte sur la table, centrée sur le château de Karasuno et ses environs.

-Nous sommes encerclés de toutes parts, et n'aurons en conséquence pas d'autre choix que de sortir droit dans le camp ennemi. Nous passerons donc par les portes principales, vers le camp d'Aoba. Ils seront les premiers à réagir, mais...

-Atsumu ne tardera pas à se joindre à la fête, achève Osamu.

Le prince et le roi échangent un lourd regard par-dessus la carte.

-Osamu, Aran et les leurs se chargeront de défendre et progresser sur le flanc qui borde le camp d'Inarizaki, déclare finalement Sawamura. Ainsi, si un duel s'engage... chacun aura ce qu'il veut.

Un infime sourire naît sur les lèvres du prince d'Inarizaki, mais l'attention revient aussitôt vers la carte, où Sawamura explique le positionnement des troupes :

-Les archers seront des cibles trop facile à présent que leurs armes de siège sont toutes proches. Le mieux qu'ils puissent faire est de se mêler aux troupes ; dans un premier temps, ils pourront envoyer des volées de flèches pour ralentir le choc frontal, mais il faudra bien qu'ils combattent à pied.

Kageyama hausse un sourcil, mais ne dit rien.

-Nous dresserons une tente de soins en retrait du front, ici, près des portes. Cela peut sembler absurde... Mais les hommes seront rassurés de savoir quelqu'un derrière eux.

-Daichi, dit alors le consort. J'aimerais être présent pour les soins.

Tout le monde se retourne vers Sugawara. Il a parlé calmement, mais son regard est ferme.

Memento Amari - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant