Chapitre 26

323 47 154
                                    


C'est sous une pluie d'applaudissements et d'acclamations que les rois Daichi, Kuroo et Bokuto traversent les portes du palais. Ils sont les derniers à rentrer, ayant tout supervisé au-dehors à l'aide des soldats encore en état pour accompagner les blessés à l'infirmerie et aligner leurs cadavres plutôt que de les entasser, afin que leurs compagnons puissent leur rendre un dernier hommage s'ils le veulent. Les corps des soldats d'Aoba et Inarizaki, eux, sont rassemblés et brûlés un peu plus loin ; Sawamura fait également récupérer tous les matériaux des camps abandonnés, tissus, bois, jusqu'aux écuelles et vêtements dont auront besoin les trois armées que le château abrite désormais. Il fait également réquisitionner les meubles des tentes royales, et les charriots de nourriture, d'armes et de butin de pillage restés en arrière des tentes.

Le roi ressent de la fierté en voyant toutes les denrées franchir les murailles puis se répartir vers l'armurerie, l'infirmerie, et les cuisines surtout ; il est affamé, épuisé par le combat, et l'idée d'un bon repas pour fêter la victoire le fait saliver. Il a chaleureusement remercié les deux rois pour leur aide, et surtout Nekoma, qui a sacrifié nombre de ses troupes dans la bataille...

-Ça ira, assure le roi Kuroo en relevant la visière de son heaume pour laisser apparaître ses yeux gris. Nous sommes alliés, je ne pouvais pas vous laisser mourir de faim... Même si Bokuto a mis le temps, ajoute-t-il avec un sourire.

-Désolé pour le retard, s'excuse le roi de Fukurodani, splendide dans son armure dont les épaulières imitent des ailes.

-Nous serions tous morts, sans vous, déclare gravement Daichi. Vous êtes les bienvenus au château pour autant de temps qu'il vous plaira.

-Le temps de préparer l'invasion et l'éradication des dernières armées ennemies. Nous ne pouvons pas laisser ces deux monstres au pouvoir.

-Chaque chose en son temps, tempère le roi. Pour l'instant, nous allons célébrer notre victoire et pleurer nos morts.

Les convois de Fukurodani et de Nekoma suivent, chargés de vivres, et les trois souverains se séparent pour gérer leurs affaires, ayant convenu de se rassembler au grand banquet du soir.

-Tsukki sera ravi de vous revoir, lance Kuroo en se dirigeant vers ses hommes. Il a été en faveur d'une intervention dès qu'on a appris que vous étiez attaqués.

-J'ai hâte de le retrouver, assure le roi Daichi avec un large sourire. Et Suga tout autant que moi.

Se cœur se pince un peu en pensant à Suga, au matin, à toutes les révélations qui lui sont tombées dessus, tellement inattendues, tellement importantes, qui auraient pu sauver des milliers de vies aujourd'hui encore... Que va-t-il faire avec Kageyama, si celui-ci a survécu ? L'emprisonner avec Iwaizumi ? Cela ferait deux précieux otages... Il aperçoit Osamu, et se dirige vers le prince en exil en secouant la tête pour chasser ses pensées.

Daichi veut l'appeler, mais se fige en le voyant penché sur un cadavre qu'il reconnaît lui aussi ; c'est le chef des armées, Aran, allongé au milieu de soldats aux armes noires et argentées. Osamu, assis dans la poussière, est en train de lui fermer les yeux quand le roi s'accroupit près de lui :

-Je suis sincèrement navré, déclare Sawamura.

-C'était mon plus fidèle conseiller, murmure Osamu. Un homme loyal, qui est allé au bout du monde chercher une terre d'asile pour mon peuple et moi. Il est mort pour me protéger... C'est mon frère qui l'a tué.

Daichi contemple le corps immobile. Il a été transpercé au niveau de l'abdomen et sa gorge est ouverte ; à côté d'Osamu, un mouchoir trempé de sang semble indiquer que le prince a nettoyé son visage.

Memento Amari - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant