Chapitre 21

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Oikawa a parfois envie d'arracher le sourire d'Atsumu de son visage.

Il ne comprend pas comment le prince-mage peut rester si détaché lorsqu'il le voit entrer dans sa tente, environ deux fois par jour, plus par agrément pour apporter des informations valables, alors que lui ne cesse de se tourmenter, les mêmes pensées toujours en tête, incapable de trouver le repos.

-Cela fait vingt jours ! s'écrie-t-il en claquant la paume de sa main sur la table. Vingt jours entiers que les habitants du château n'ont reçu aucune nourriture de l'extérieur. A l'heure qu'il est, ils ont dû consommer tout ce qui était comestible !

-Et donc ? bâille Atsumu, assis plus loin dans la tente, les bottes croisées sur la table des plans.

-Et donc la situation est plus que critique, s'agace Oikawa en plissant les yeux. Je ne suis pas ici pour récupérer des cadavres, Atsumu, mais des hommes bien vivants. Le reste m'importe peu, mais je veux Iwa et Tobio tous les deux sains et saufs.

-L'attente n'est donc pas la solution idéale ?

Oikawa tâche de tempérer sa colère, remarquant que l'herbe sur laquelle il se tient commence à se flétrir. Il s'approche d'Atsumu, et ses bottes blanches foulent un riche tapis aux arabesques profondes. Il se penche sur la carte d'un air contrarié tandis qu'Atsumu, après l'avoir considéré avec curiosité, reprend :

-Dans ce cas, nous n'avons qu'à attaquer et mettre fin aux derniers espoirs de Karasuno. Mais je sais ce que vous allez dire, Oikawa ; l'attaque est trop risquée, ils pourraient exécuter Iwaizumi et il faudrait récupérer Tobio avant qu'il ne se fasse abattre par nos propres soldats. Donc l'attaque n'est pas non plus la solution idéale. Que voulez-vous faire d'autre ?

-Vingt jours, se contente de répéter Oikawa, atterré.

Atsumu ôte enfin ses pieds de la carte et s'étire :

-Ne désespérez pas. Ils entament leur dernière semaine ; après cela, soit Nekoma sera ici et ils tenteront une sortie, soit ils se verront forcés de concéder avant –auquel cas je ne demande que la vie d'Osamu ; soit, encore, ils resteront à l'intérieur par je ne sais quelle fierté démesurée et mourront d'inanition. Et dans ce dernier cas, j'espère que votre mari sera assez futé pour changer de camp, dût-il attendre la dernière minute –et il semble que c'est ce qu'il fait.

-Nekoma, justement, renchérit Oikawa en pointant un doigt accusateur sur la carte. Mes éclaireurs ont fait leur rapport hier soir, et ils sont à la sortie des montagnes. On estime que plus d'un millier d'hommes viennent de les traverser, menés par le roi Kuroo et son mage, Kenma.

-Eh bien ce sera un duel à forces égales, répond Atsumu, les yeux brillants. Je pourrai enfin me mesurer à Kenma et voir qui est le plus puissant de nous deux.

Il ouvre une main, et des étincelles dansent autour de ses doigts ouverts. Il sourit d'impatience, puis referme son poing et retrouve une attitude détendue. Oikawa l'a visiblement attendu pour poursuivre son exposé ; il s'empare d'un pion rouge, dont le socle est marqué Nekoma, et le déplace de quelques centimètres sur la carte pour symboliser l'avancée ennemie.

-La confrontation ne sera peut-être pas une mauvaise chose, finit par dire Atsumu. Nekoma ne représente toujours qu'une armée, celle de Karasuno étant désormais négligeable, et nous en avons deux.

-Certes, murmure Oikawa.

Ses doigts effleurent le dessin du château de Karasuno, autour duquel est placé une multitude de petits pions noirs et bleus. Il paraît songeur un instant, puis lève des yeux incertains sur le prince :

Memento Amari - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant