Chapitre 37

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Quand Daichi se réveille, il a la sensation d'avoir fait un beau rêve, et le quitter, même sans se souvenir précisément de quoi il relevait, lui laisse une sensation de vide.

Il soupire en se glissant hors du lit. Son sommeil a été agité ; tant par la tempête qui a fait rage au-dehors toute la nuit que par les bribes de songes dont il était brutalement tiré, se réveillant tout à coup en croyant que Suga était encore à côté de lui, perturbé par l'image mentale qu'il s'était faite la veille.

L'orage est passé, et le soleil rayonne désormais ; il entre dans la pièce à travers les rideaux à demi fermés, fait luire la surface des meubles, et le roi reste un instant assis au bord de la couche à regarder les particules de poussière danser dans un rai de lumière. Il se lève finalement, et un serviteur apparaît pour lui préparer ses vêtements et lui amener de quoi manger.

Il vient à peine d'ajuster sa cape lorsqu'on frappe à sa porte. C'est un domestique portant les couleurs d'Aoba, le même, croit se rappeler le monarque, qui accompagnait Kageyama et Iwaizumi la veille.

-Si Sa Majesté est prête, dit-il en s'inclinant, aurait-elle l'obligeance de bien vouloir me suivre ?

-Bien sûr. Le régent m'avait prévenu qu'il enverrait quelqu'un me chercher.

-Oui, il vous attend déjà.

Le roi ne peut s'empêcher de s'interroger sur le lieu de la rencontre tandis qu'il emboîte le pas du domestique. Il se demande un moment si le consort est en train de se recueillir auprès du corps de son mari, mais le domestique ne prend pas le chemin de la tour royale ; ils descendent et traversent quelques cours pour se diriger vers l'ouest du château. Finalement, Hanamaki s'arrête devant l'entrée d'un haut bâtiment à l'air désaffecté :

-Le consort vous attend en haut, déclare-t-il simplement.

Daichi le remercie, se demandant en son for intérieur pourquoi ce lieu plutôt qu'une de leurs chambres ou qu'un salon. Il entre pour découvrir une volière : les rapaces sont calmes, prêts à être employés pour la chasse, perchés dans leur cage. Ils ont été nourris récemment, remarque le roi en voyant des dépouilles de rongeurs sur la paille ; les oiseaux en eux-mêmes sont majestueux, et lui rappellent que cela fait des mois qu'il n'a pas pu chasser avec ses courtisans. Peut-être que cela lui aérerait l'esprit, quand il rentrera à Karasuno...

Il emprunte les escaliers en colimaçon et commence son ascension, apercevant à travers les meurtrières percées dans les murs le paysage se révéler et se réduire petit à petit. Il sait qu'il arrive au sommet quand le vent ébouriffe ses cheveux, et l'ouverture d'où il s'engouffre lui apparaît enfin ; il est parvenu en haut de la tour.

Kageyama se trouve déjà là, dos à lui, débout près des créneaux à contempler le paysage d'Aoba. Le roi de Karasuno le rejoint pour découvrir un panorama somptueux : les terres d'Aoba s'étendent devant lui, vertes et brunes, entrecoupée de bosquets et de petits villages ; dans le lointain, un fleuve déroule ses lacets, son eau étincelante sous le soleil d'automne.

-C'est beau, n'est-ce pas ? demande le régent à voix basse.

Une légère brise ébouriffe ses cheveux et ses vêtements. Comme la veille, il est vêtu d'une cape de fourrure immaculée, mais porte cette fois un gilet turquoise sur une chemise blanche et dorée –une tenue traditionnelle, toujours luxueuse et qui fait honneur à son royaume.

-Ça l'est, répond Daichi.

Un léger sourire étire les lèvres de Kageyama ; ses yeux rencontrent ceux du roi.

-Vous vous demandez pourquoi je vous ai fait venir ici.

Le regard de Sawamura doit parler pour lui, car le consort répond, doucement :

Memento Amari - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant