Les Élues des Dieux _ Tome 2 _ Les Guerriers Divins d'Asgard

Chapitre 23 _ Fenrir d'Alioth

Debout, s'appuyant contre un arbre, Sophia observait la scène qui se déroulait sous ses yeux noisettes. Un jeune loup, au pelage gris parsemé de reflets bleutés, dont les grosses pattes assuraient un mâle fort et prometteur, poussait des petits cris plaintifs en direction d'Ofelia, tout en remuant la queue. La jeune espagnole s'était agenouillée pour le recevoir, et l'animal s'était empressé de se coller à elle, passant sa langue rose sur son visage crispé par la consternation.

- Il me reconnait, constata-t-elle avec surprise

Le reste de la meute s'écarta lentement, disparaissant à nouveau à travers la forêt et le brouillard. Seul un loup en tout point identique au plus jeune était resté au côté du Guerrier Divin. En se penchant légèrement, Sophia pu distinguer une forme lunaire sur la tête de l'animal, et s'en étonna.

- Je ne comprends rien... marmonna finalement la française en rejoignant son amie. Qui êtes-vous ? Pourquoi tous ces loups sont-ils là ?

- Ils m'obéissent, rétorqua-t-il d'une voix très agressive. Parce que nous sommes de la même famille.

Il n'y avait que de la haine dans sa voix, et Sophia songea qu'il était préférable qu'elle se taise maintenant, au vue du regard assassin qu'il lui lançait.

- Pouvons-nous connaître votre nom ? osa demander l'espagnole

- Fenrir d'Alioth, de l'étoile Epsilon.

- Vous êtes donc bien un Guerrier Divin... souffla-t-elle avec admiration

Elle caressa le cou du jeune loup, s'étonnant de la douceur de son pelage avant de se lever, au grand désespoir de l'animal qui aurait bien aimé encore un peu d'affection. Elle inspecta de son regard grisé l'armure bleue du Guerrier Divin, notant que tout le haut de son corps était parfaitement bien protégé, mais que ses hanches n'étaient recouvertes que d'une épaisse fourrure terne. Les vêtements qu'elle pouvait discerner étaient de la même couleur rosâtre, s'accordant parfaitement avec la peau de bête. Seuls ses avants bras étaient recouverts de métal, et les poignets abordaient une apparence de loup, dont elle pouvait voir l'éclat doré des griffes rétractiles. Sur le plastron, au niveau de son ventre, une petite pierre d'un bleu envoutant était serti, et elle se souvenait avoir vu la même chose sur l'armure de Syd, qui était au contraire au centre de son torse.

- Vous nous avez vus auprès d'Athéna, puisque vous étiez présent lors de leur rencontre, déclara-t-elle subitement en se rapprochant un peu plus de Sophia. Pourquoi nous avoir épargné ?

Fenrir darda sur un elle un regard chargé de haine et de férocité. Ses traits s'étaient crispés pour montrer une hostilité certaine à leur égard, et pourtant il ne les attaquait pas. Il porta sa main à la tête du grand loup pour le caresser affectueusement, comme pour se calmer intérieurement, et répondit sans cacher son aigreur :

- Les humains sont décidément bien longs à la détente.

- Pardon ? s'étonna Sophia

Le grognement du gros loup lui intima de se taire, et elle se raidit. Comment se sentir libre lorsqu'on était constamment menacé par les crocs et les griffes d'une bête sauvage et sanguinaire ?

- Si je ne m'abuse, les Guerriers Divins sont comme les Chevaliers, avança Ofelia. Ils doivent jurer allégeance, non ?

- Et alors ?

La jeune espagnole se sentit pâlir à vue d'œil. La conversation n'était déjà pas son fort, et elle se demandait sans cesse comment se comporter avec un homme tel que lui.