NOVEMBRE - CHAPITRE SEIZE

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Créa tira sur sa robe pour la faire descendre jusqu'à ses genoux, lorsqu'elle arriva en haut des escaliers. Le tissu noir moulait ses hanches et faisait ressortir sa poitrine. Elle se sentait puissante dans cette tenue, même si elle n'était pas encore habituée à porter ce style de vêtement.

Au lycée, elle ne se prenait jamais la tête sur qu'il était convenable de porter en soirée. Du moins, lorsqu'elle y allait encore. Celles que Grégoire et Octave lui faisaient découvrir étaient complètement différentes. Jamais le temps de s'ennuyer, jamais de contrainte. Seulement des rires, des soupirs, des lèvres qui s'écorchent, des coeurs qui palpitent. Elle avait l'impression de vivre dans un monde différent lorsqu'elle traînait avec eux.

Elle se balança sur ses hauts talons, en attendant que Grégoire lui ouvre la porte de son logement étudiant.Il apparut avec une chemise à peine fermée sur son torse et un pantalon qui lui tombait sur les hanches. Il était heureux de la voir ici, aussi belle, rien que pour lui pendant quelques instants.Il l'attira à lui et l'étreignit, avant de délicatement l'embrasser sur le front.

Elle entra dans la minuscule chambre qu'il occupait, et s'asseya sur le clic-clac. Il lui offrit un verre de vodka tonic puis s'en alla finir de se préparer. 

Il revient les cheveux peignés, sa chemise boutonnée et ses éternelles bottes à chaînettes aux pieds. Son allure ne dénotait pas avec celle qu'il abordait quotidiennement. Il était recouvert de d'habits sombres, qui s'accordaient parfaitement à sa couleur de cheveux.

Sans prêter attention à la jolie brune, à présent étendue de tout son long sur les draps défaits, il se dirigea vers un placard de sa kitchenette. Un bruit d'emballage plastique attira l'attention de Créa. Elle se retourna, froissant légèrement sa robe, pour voir le garçon. D'un geste rapide, il porta sa main à sa bouche et avala d'un coup sec. Créa vit plusieurs cachets, de couleurs pastel, pendre dans le sac transparent que Grégoire tenait. Elle ne savait pas que le jeune homme se droguait. Du moins, pas avec des drogues dures.

« On y va ? » s'écria-t-il en rangeant le sachet.

Créa déglutit, encore surprise et fixa un moment le placard. Lentement, elle acquiesça dans un sourire.

C'était Grégoire, après tout. Son seul ami, ici. Et elle aimait être avec lui, parce qu'elle oubliait l'université. Elle oubliait les cours, les obligations, les remords qui la torturaient. Car elle savait très bien qu'en séchant, elle allait tomber dans un fossé.

Il était là, avec elle, jour et nuit. Il faisait disparaître tout ce qu'elle ne voulait plus voir. Il avait mis un terme à l'angoisse du mois de septembre et avait donné à octobre un peu plus de douceur. Elle ne voyait plus le fossé, avec lui, elle se sentait vivante.

Il était fou d'excitation lorsqu'ils prirent le métro. Son enthousiasme raviva celui de Créa. Ils rigolaient à gorge déployée dans la rame bondée. Les gens qui les bousculaient, car ils prenaient trop de place, se voyaient remballer par des grimaces et des gestes obscènes.

« De vrais rebelles », commenta Grégoire.

Il l'embrassa à pleine bouche et laissa balader ses mains sur son corps. Il s'aventurait sous les pans de sa robe, lorsque le nom de leur station s'afficha. Il lui prit la main et se mit à courir. Les portes allaient se fermer. Le cœur de Créa palpitait. L'adrénaline l'envahissait. Ils atterrirent en dehors à temps et cavalèrent ensuite dans les escaliers.

« Pourquoi on court ? On n'est pas pressé.

— C'est justement la raison. »

Il revint sur ses pas, en la voyant ralentir, et agrippa ses jambes. Tout son corps bascula et elle se retrouva entièrement dans ses bras, ballottée dans tous les sens, tandis qu'il continuait son ascension.

Crépuscule sous les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant