Dans le cadre d'un concours, j'ai eu à faire une épreuve d'invention dans laquelle je devais imaginer ma rencontre avec un de mes personnages. Je vous laisse découvrir mon travail et peut-être y trouverait vous quelques clins d'œils à l'histoire initiale.
*
Leur rencontre eut lieu un soir d'été alors que les grains de sable s'agitaient au gré du vent. Une odeur de tabac s'entremêlait avec le souffle marin. Les cheveux bruns de la jeune fille flottaient sur ses épaules. Et le crépuscule aux couleurs ocrées s'effaçait peu à peu, pour laisser place à une nuit étoilée. Créa était allongée sur le parterre immaculé d'un beige presque gris. Ses yeux, d'un vert émeraude, détaillaient les petites lumières incandescentes qui valsaient dans l'obscurité. Une aura magique se détachait du moment, comme si le temps avait cessé d'exister, et que passé et futur n'étaient plus que des concepts imaginés.
Soudain, une vive lumière jaune vint masquer le spectacle lunaire qui se déroulait sous ses yeux. Les phares d'une décapotable rougeâtre, qui se garait sur le parking de la plage, éblouirent Créa. D'une main, elle cacha ses yeux tout en avançant rapidement vers la voiture. Les lieux étaient déserts, il n'y avait plus qu'elle et cet inconnu. Ses pieds nus rencontrèrent le béton froid de la route, elle frissonna mais n'y prêta pas attention. En colère, elle toqua à la vitre passager. La noirceur envahit de nouveau l'atmosphère. Un grincement se fit entendre lorsque le plexiglas de la portière descendit. Une lueur éclaira le visage baigné de larmes de l'inconnue. Ses yeux caramel étaient injectés de sang, son nez rougi coulait encore et son mascara débordait sur ses joues rebondies. Elle essuya rapidement les perles qui miroitaient au creux de ses lèvres, avant de sourire à Créa.
— Je suis désolée. Je pensais pouvoir être seule ici.
Le regard de la jeune brune passa rapidement du visage bouffi de l'inconnue au petit paquet coloré qui trônait sur le tableau de bord.
— Tu m'en passes une ? demanda Créa.
Elle acquiesça, faisant voler au vent ses mèches rousses attachées en une tresse défaite. Ses mains tremblantes défirent le plastique enrobant les cigarettes. Elle en tendit une à Créa en l'invitant à s'assoir à ses côtés. Cette dernière hésita, puis prise de pitié, elle accepta. Le siège en cuir couina légèrement. Une odeur de crème solaire et de shampoing à l'amande baignait l'atmosphère de l'habitacle. Une vive fumée blanchâtre s'éleva dans les airs lorsqu'elle alluma la marlboro.
— Tu veux en parler ?
Créa se sentait étrangement proche et familière avec cette adolescente. Elles semblaient avoir le même âge, fumaient les mêmes cigarettes et aimaient toutes deux les moments de solitude. La jeune brune se reconnaissait en cette inconnue.
Cette dernière secoua la tête en signe de négation, avant de changer le sujet de la conversation.
— Tu es au lycée ? demanda-t-elle.
Créa acquiesça et une voiture passa sur la route derrière elles, les éblouissant pendant quelques secondes.
— Oui, en dernière année.
L'air marin, un mélange d'écume salée et de sable mouillé, avait repris le dessus sur l'odeur de tabac. La mer ronronnait dans un son berçant, crépitant, faisant s'entrechoquer les petits cailloux entre eux.
— Ce que j'aimerais retourner au lycée ! s'exclama la rousse dans un râle.
— Pourquoi tu ne pourrais pas ?
Elle haussa les épaules, comme si la réponse était évidente.
— Je suis à l'université, maintenant. Je ne peux pas revenir en arrière.
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Crépuscule sous les étoiles
JugendliteraturCréa refuse de grandir. Le lycée est fini et il ne lui reste plus qu'à goûter à la vie étudiante. Mais son aveuglante nostalgie l'incite à couper les ponts avec tous ses amis. Seule pour son dernier été dans son village natal, elle se lit d'amitié a...