60e Bougie : Veillée funèbre

125 22 24
                                    

          Le blanc, puis du gris mélangé à des flaques de couleurs lumineuses. Les yeux secs fermés de force et la mâchoire bloquée. Une lourdeur générale du corps qui s'enfonçait dans un matelas dur, mais pas plus épais qu'un pain. Le bruit assourdissant de machines aux sons réguliers ; leur rythme s'accélérait peu à peu. Enfin la langue qui prend conscience d'un tuyau dans la bouche... Dans la trachée... L'étouffement...

           Des cris. Les bip bip qui s'affolaient. Il allait...

– Li Jie ! Toi te calmer ! Maintenant !

           La voix autoritaire le figea, juste le temps pour sentir ce qui obstruait sa respiration se retirer, enfin. Ses oreilles bourdonnaient toujours, il entendait mal. Sa tête commençait à se vriller et une douleur infâme se diffusait déjà dans toute sa boîte crânienne.

– Je vais vous retirer les attaches, aux yeux, monsieur Oster. Essayez de ne pas bouger, déclama un médecin d'un ton monocorde.

          Des gouttelettes froides tombèrent juste avant l'arrachage d'un coup sec des pansements qui conservaient ses paupières closes. Son réflexe de les ouvrir fut sa seconde mauvaise idée de la journée ; la lumière accentua sa névralgie et l'ensemble donna un flou gaussien très réussi.

– Me comprenez-vous ? reprit le docteur.

          Troisième erreur : vouloir parler. Seul un râle d'agonie éructa de ses lèvres.

– Il a mal, gémit Mei, sans doute en larmes.

           Seule son audition retrouva bien vite son acuité habituelle. Hélas pour lui... Tout s'en retrouvait amplifié à tel point qu'il commença une migraine. Des doigts chauds enveloppèrent soudain les siens.

– Pouvez-vous serrer les mains ?

Oui. Par des gestes lents, il réussit l'exercice et entendit plusieurs soupirs. Smith ? Mei, oui... Qui étaient les... Trois ? Quatre autres ?

          ...
          Lola ?
          ...
          Non.
          Impossible.
          ...

– Il convulse ! Veuillez sortir !

          Un voile blanc.
          L'inconscience.

          Lorsqu'il émergea la seconde fois, son corps devint son pire ennemi

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

          Lorsqu'il émergea la seconde fois, son corps devint son pire ennemi. Son esprit, éveillé et actif, cherchait déjà à connaître la situation. Aurait-il trop tardé à se réveiller ? Aurait-il échoué dans sa mission ? Comment allait Lola ?

« Calme-toi, crétin, concentre-toi ! » pensa-t-il, in petto.

          Sébastien fit jouer les doigts de sa main droite, non sans grimacer de douleur. Ses muscles atrophiés par le manque d'exercice criaient au scandale. Il s'excusa à plusieurs reprises en silence, non sans s'efforcer de retrouver le plus vite possible au moins ses doigts.

MessiahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant