(Sur)vivante

CHAPITRE 17

ALINE ADAMS

*Flashback*

   Je sprinte en direction de ma chambre, ferme la porte à clef et me cache sous mon lit, priant pour qu'il soit trop shooté pour venir me chercher.

- Aline... où es-tu ? susurre-t-il d'une voix mielleuse.

   Quand j'entends la poignée de la porte de ma chambre grincer, je me plaque contre le sol de toutes mes forces.
   Il est couvert de poussière, qui vient se loger dans mes cheveux et sur mes vêtements, chatouillant mon visage. J'essaye de bloquer ma respiration pour ne pas éternuer.

- Ma chérie... Si tu ne m'ouvres pas, c'est moi qui entre... dit-il en prenant une voix douce, contrastant avec ses menaces cinglantes.

   Il se met à gratter la porte de ma chambre, provoquant un bruit sourd et insupportable.
   Je tiens bon et ne bouge toujours pas, coupant ma respiration pour me faire plus discrète et ne pas risquer de trahir ma présence.

- C'est mon dernier avertissement, Aline. Je vais compter jusqu'à dix, si tu ne m'as pas ouvert d'ici-là tu le regretteras !

   Ma peur me paralyse un peu plus et mon estomac se noue, mais je ne me lève toujours pas pour aller lui ouvrir.
   Même si je sais pertinemment qu'il n'hésitera pas à défoncer la porte pour entrer, je pense naïvement qu'il ne verra peut-être pas, cachée comme je suis.

Un grand silence.

Puis un bruit sourd.

   Je me recroqueville sur moi-même et me mord le poignet pour ne pas hurler de terreur : il vient d'enfoncer la porte et entre dans la chambre d'un pas traînant, une bouteille de vodka en main et surtout bouillonnant de colère.

- SORS DE LÀ, CONNASSE ! hurle-t-il.

Mes dents s'enfoncent un peu plus dans la chair de mon bras, laissant de petites blessures sur ma peau. Je sens déjà le goût métallique du sang dans ma bouche.

Soudain, je vois ses jambes à travers la fente dans le bois de mon lit : il se tient en face de moi.

- Ah... t'es pas si conne finalement, tu sais bien te cacher...

Il se baisse d'un coup, m'attrape par une jambe et me tire violemment, me sortant de force de sous mon lit et frappant ma tête contre le sol au passage.

- ... MAIS JE SUIS CENT FOIS PLUS MALIN QUE TOI ! hurle-t-il de plus belle en me plaquant sur mon matelas, sa grosse main charnue en travers de ma nuque. Pourquoi t'a pas ouvert ? POURQUOI ?!

   Comme je ne réponds pas il se met à me secouer sans ménagement, appuyant plus fort sa main sur ma gorge.
   J'ai l'impression que je suis sur le point de m'évanouir, mais je ne n'arrive pas à déterminer si c'est dû à ces violentes secousses ou à son écœurante odeur d'alcool, qui envahit mes narines et s'insinue en moi tel un poison.

- Je... j'avais peur que tu me frappes... je réponds d'une voix faiblarde, les larmes aux yeux et à deux doigts de perdre pied.

   Il décolle mon crâne du mur derrière moi, et frappe ma tête une nouvelle fois contre celui-ci. Je manque d'oxygène à cause de sa main trempée d'alcool qui m'étouffe, et ma tête tourne à cause du coup que je viens de recevoir.

- Je suis désolée, papa... pardon, je tente entre deux suffocations.

- FERME-LÀ ! il hurle de plus belle.