CHAPITRE 32

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ALEXANDRE LEWIS

- Qui s'est ?

- Nolan Harvey.

J'en étais sûr.
Dès qu'elle a annoncé un visiteur, j'ai tout de suite su que c'était lui. Ma mère et Aline restent choquées et Ashley ne comprends pas, sonnée... Molly, elle, reste bouche bée, immobile, puis retombe mollement sur son lit, telle une poupée de chiffon. Elle s'est évanouie.

- Dieu tout puissant... murmure ma mère en la voyant s'écrouler.

- Puis-je le faire entrer ? redemande l'infirmière, perdue.

- Non ! je crie. Dites-lui de dégager, fermez la porte à clé s'il le faut, mais ne le laissez jamais mettre un pied dans cette chambre. (Je me tourne vers ma mère, ma sœur et Aline.) Occupez-vous d'elle, dis-je en sortant de la pièce. Et vous aidez-les, c'est bien compris ? j'ajoute en m'adressant à l'infirmière.

- O-oui...

- Alex, où est-ce que tu vas ?! s'écrie ma mère.

- Dire à cet enfoiré de foutre le camp, répondis-je en claquant la porte derrière moi. Visiblement, la dernière fois ne lui a pas suffi, je marmonne pour moi-même une fois dans le couloir.

- Bonjour Alex... fait une voix mielleuse. Qu'est-ce qui n'a pas suffi la dernière fois ?

   Les poings serrés, je relève tout doucement la tête. J'ai reconnu cette voix entre mille : c'est celle d'un homme qui a fait tant de mal autour de lui, que j'ai côtoyé pendant tant d'années, lui attribuant volontiers le rôle du père que je n'avais jamais eu, et qui s'en est pris – directement ou indirectement – à trois femmes de mon entourage...

Nolan.
Cet enfoiré se tient devant moi, titubant, perfusé et très amoché, absolument identique à la veille. Mais la chose la plus horrible sur son visage n'est pas son immense cocard qui prend tout le contour de son œil, ses ecchymoses, ni même son arcade sourcilière fendue... c'est le sourire monstrueux qui déforme son visage. Le même qu'hier, mais qui me glace toujours autant.

- Coucou, Alex... murmure-t-il en passant devant moi, cassé en deux. Tu m'excuseras, je n'ai pas trop le temps de discuter. (Il pose la main sur la poignée de la porte de la chambre de Molly.) Je dois aller voir ma petite pute de nièce, pour la remercier du... magnifique moment qu'on a passé ensemble, ricane-t-il.

Ses paroles horribles sont accompagnées d'un rire abominable, tout droit sorti des enfers. Je le pousse à terre, hors de contrôle, et enfonce mon pied dans son ventre :

- Comment tu oses parler de Molly de cette façon ! je hurle. Tu l'as violée, et maintenant tu te repointes comme si de rien n'était !

Fou de rage, j'ai l'impression que je suis prêt à le tuer dans la seconde.

- Tais-toi ! s'écrie-t-il avant de cracher par terre à mes pieds. Elle en mourrait d'envie, cette petite garce m'a quasiment supplié de la...

- Ferme ta gueule ! j'aboie en le frappant à nouveau. Tu n'as aucune idée de ce que tu dis, enfoiré ! (Je l'attrape par le col de sa blouse, pour le forcer à me regarder dans les yeux.) Apparemment je n'ai pas été assez clair hier, alors je vais me répéter : si tu essayes de t'approcher de nous, de nous voir ou même de nous parler par n'importe quel moyen, t'es un homme mort !

Je le repousse violemment, et il s'écrase au sol comme une masse.

- Maintenant tu dégages, et je te préviens pour la dernière fois : si je recroise ton chemin, je ne me contenterai pas d'un troisième avertissement !

- Mais enfin, qu'est-ce qu'il se passe ici ?! s'écrie une voix féminine.

Je me tourne vers l'endroit d'où provient le son, et je vois une infirmière qui accourt pour aider Nolan à se relever.

(Sur)vivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant