CHAPITRE 28

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ALEXANDRE LEWIS

- Casse toi, salaud !

Je hurle de toutes mes forces en me plaçant devant maman et Aline. Hors de question que ce cinglé s'approche d'elles encore une fois.

   Les infirmières sursautent, affolées, tandis que mon beau-père s'approche lentement de nous, un horrible sourire greffé sur le visage. Il est perfusé et marche difficilement ; ses deux yeux sont au beurre noir, sans oublier les bleus et ecchymoses qui colorent sa peau.

Il faut dire que je l'ai pas loupé.

- Helen, tu ne me reconnais pas ? C'est moi Nolan, l'homme qui partage ta vie depuis...

- Oh, ferme ta gueule ! je m'écrie en le repoussant avec énergie, pour lui faire comprendre qu'il n'a pas intérêt à s'approcher plus.

Il se met à tituber, et l'infirmière prénommée Della accourt pour l'aider à se rééquilibrer.

- Mais qu'a-t-il fait pour être traité ainsi ?! s'indigne-t-elle.

- Mêlez-vous de votre cul ! j'aboie. Vous ne savez même pas tout ce qu'il a fait, alors vous êtes la moins bien placée pour parler !

   Elle se tait aussitôt, et devient rouge écarlate.
Sa collègue prend Nolan par les épaules et essaye de le raisonner pour qu'il sorte de la chambre de lui-même, mais il la repousse avec brutalité malgré son piteux état :

- Foutez-moi la paix ! hurle-t-il, fou de rage. Et toi crois-moi que tu vas rentrer à la maison, même si je dois employer la force ! il aboie en se tournant vers ma mère, la toisant avec mépris.

Sur ces mots, il se jette sur elle et essaye de la lever de force, empoignant brutalement ses bras fins.

- Lâche moi, sale taré ! s'écrie ma mère en le repoussant tant bien que mal. Ne t'approche plus JAMAIS de moi, ni de ma famille !

- Enlève tes sales pattes de ma mère, espèce d'ordure !

Je me rue sur lui et l'attrape par derrière, le propulsant contre le mur.
Il s'écroule comme une masse sur le sol.

   Alertés par tous ces cris, deux autres infirmiers accourent dans la chambre pour aider Nolan à se redresser et le reconduire dans sa chambre.

- Recouchez-le, et injectez-lui un calmant ! ordonne madame Olson en les suivant.

- On se retrouve au tribunal, sale crevure ! je hurle dans le couloir tandis qu'il s'éloigne, porté par les quatre infirmiers.

   Une fois revenu dans la chambre, je me tourne instinctivement vers Aline.
Pendant toute l'altercation elle est restée figée à nous observer, l'air apeuré et tremblant de tout son corps. À présent elle sanglote, transie.

Je comprends immédiatement qu'elle a dû vivre une scène semblable avec son père, et que tout cela a ravivé une de ses nombreuses blessures intérieures.

   Sans savoir quoi faire, je m'approche et tends la main pour lui effleurer le bras, mais je me stoppe à quelques millimètres de sa peau : finalement, il ne vaut mieux pas la toucher dans ce genre de moments.

   Un peu perdu, je me tourne vers ma mère et l'interroge du regard.
Je sais que c'est idiot : elle non plus ne sait sûrement pas comment réagir, mais à moment-là je ne trouve rien d'autre à faire.

   Alors elle se lève, vient se placer à côté de moi et tend sa main devant le visage d'Aline. Alors elle claque des doigts, et comme par magie elle bouge à nouveau, comme éveillée :

(Sur)vivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant