CHAPITRE 33

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ALINE ADAMS

   À ma plus grande surprise, je me réveille non pas dans la voiture, en route pour la maison, mais dans le confort chaleureux de ma chambre colorée. Un peu sonnée, je me redresse dans mon lit, et en sort lentement.

   À peine debout, je sens l'agréable fourrure de mon tapis caresser mes pieds, et effleurer mes mollets. Face au grand miroir de ma chambre, j'ouvre de grands yeux étonnés en me voyant : je suis vêtue non pas de mes habits de la veille, mais d'un large t-shirt blanc, qui m'arrive un peu au-dessus des genoux.

   Je sors de ma chambre et, instinctivement, me dirige vers celle d'Alexandre, puis celle d'Ashley. Je toque à chacune d'elles, mais aucune réponse, alors je finis par descendre au rez-de-chaussée.
   Arrivée au salon, je tombe nez-à-nez avec Helen, qui sourit largement en me voyant :

- Tu es enfin réveillée, ma puce ! Tu as bien dormi ?

- Bien, merci... mais où sont Alex et Ashley, et pourquoi je me suis réveillée dans mon lit ?

- Nous sommes arrivés à la maison dans la nuit, explique-t-elle. Tu dormais d'un sommeil de plomb, alors Alex t'a portée jusqu'à ta chambre. Ashley et lui étaient vraiment épuisés eux-aussi, ils sont encore en train de dormir.

- C'est vrai ? J'espère que je ne les ai pas réveillés, je suis allée toquer à la porte de leur chambre...

- Je suis sûre que non, ne t'inquiète pas. (Elle me sourit et retourne s'asseoir à la table de la cuisine, plongeant son nez dans un bol de café.) Tu veux déjeuner ?

- Non, merci... je pense que je vais retourner dans ma chambre.

- Comme tu voudras, ma chérie. Tes bagages sont près de la porte d'entrée, tu peux les monter si tu veux.

J'acquiesce, et va prendre ma valise. Mais au moment où je la soulève, je ne peux m'empêcher de grimacer : dans mon souvenir, elle n'était pas aussi lourde.

   Tant bien que mal, je remonte dans ma chambre avec mon bagage à la main. Je la pose sur mon tapis, et, l'ouvrant toute grande, trie et range méticuleusement mes vêtements dans ma penderie.
   Mais plus je vide ma valise, plus je m'étonne : j'ai presque oublié que je possède autant d'habits.

- Aline ?

   Avant-même de me retourner, je souris toute seule face à ma penderie : j'aurais reconnu cette voix entre mille. Je pivote et, sans surprise, tombe nez-à-nez avec Alexandre.
   Sans réfléchir, je vais me blottir contre lui, et me met sur la pointe des pieds pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Il y répond avec douceur, posant ses mains sur ma taille.

- Tu te sens bien ? plaisante-t-il une fois m'être écartée de lui, un poil gênée et rouge comme une tomate mûre. Tu ne m'as pas embrassé depuis l'autre jour, au cimetière, il ajoute en passant sa main dans mes cheveux.

- Il faut bien commencer quelque part, je réponds avec un petit sourire. Tu as bien dormi ?

- Si on veut, murmure-t-il en s'étirant. Je n'ai dormi que quelques heures, mais ça m'a bien reposé. Et toi, ça va ? J'espère que je ne t'ai pas réveillée cette nuit, c'est moi qui t'ai portée jusqu'à ta chambre quand nous sommes arrivés à la maison... 

- Ça va, merci...

Il baisse les yeux vers ma valise ouverte, encore bien remplie.

- Tu veux un peu d'aide pour ta valise ?

J'accepte timidement, et il m'aide à ranger les vêtements qui restent, entassés dans le bas-fond de ma valise.

   Une fois le bagage complètement vide, je le pousse du bout du pied dans un coin de la chambre et m'affale sur mon lit. Alex s'assoit sur le bord du matelas, juste à côté de moi, et me sourit doucement :

- Alors... qu'est-ce que ça fait d'être de retour à la maison ?

- Même si ça me fait un peu bizarre... on peut dire que ça fait du bien, surtout après tout ce qui s'est passé.

- Oui... c'est sûr que ça fait beaucoup d'évènements en très peu de temps. Mais tout va revenir à la normale maintenant, à commencer par le lycée.

- C'est vrai... j'espère que je ça va bien se passer, je n'ai pas vraiment eu le temps de me préparer à y retourner.

- Ne t'inquiète pas trop pour ça, je suis sûr que ça va aller. On est là, moi et Ashley, Enola ne s'approchera plus jamais de toi... et qui sait, peut-être même que tu te feras des amis, ajoute-il.

- Je n'en suis pas si sûre, mais en tout cas je vais faire tout ce que je peux pour que ça se passe bien. Il faut aussi que je me reconcentre sur les cours, et que je réfléchisse à mon orientation...

- Tu as encore le temps pour ça, tu sais... tu es en seconde, il te reste encore trois années de lycée. Tu as une idée de ce que tu voudrais faire plus tard ?

- Oui... je pense que je voudrais m'orienter vers une filière littéraire, et devenir écrivain. Ça m'est vital d'écrire, je ne me vois pas faire autre chose pour le moment.

- Ça te correspond bien, dit-il en souriant.

Je lui souris en retour et m'apprête à répondre, mais une jolie tête blonde apparait dans l'entrebâillement de la porte, interrompant notre conversation :

- Tu peux entrer au lieu de nous espionner, Ashley... dit Alex d'un ton faussement accusateur, le regard fixé sur la porte de ma chambre.

La jeune fille pousse timidement la porte et entre dans la pièce, passant une main embarrassée dans ses boucles angéliques.

- Je ne vous espionnais pas, se défend-elle. Je voulais juste voir si vous... enfin si tu étais réveillée, et...

- Il plaisante, ne t'inquiète pas, je la rassure en me levant pour la prendre dans mes bras. Helen m'a dit que nous sommes arrivés assez tard à la maison... tu as quand même pu dormir ?

- Pas trop... j'ai eu une nuit assez agitée, dit-elle en portant gracieusement la main à sa bouche, bâillant à s'en décrocher la mâchoire.

- Pourtant tu as dormi comme un bébé hier soir, dans la voiture, intervient Alex en s'approchant de nous deux.

Ashley parcourt la chambre de son regard ensommeillé et s'étire longuement, avant de répondre dans un bâillement :

- Je ne sais pas... j'ai l'impression que mon sommeil n'a pas compté, comme si je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Et dire qu'on doit retourner au lycée dans quelques jours, ajoute-t-elle avec une grimace.

- Je ne suis pas plus enthousiaste que toi, je soupire à mon tour.

- Les enfants, vous pouvez descendre !? s'écrie Helen depuis le rez-de-chaussée, une pointe de stress dans la voix.

- Qu'est-ce qu'il y a maman ? demande Alex.

- Descendez, dépêchez-vous ! insiste-t-elle. Vite !

- On y va, je dis en sortant de la chambre, suivie de près par Alex et Ashley.

Nous dévalons les escaliers tous les trois, le bruit de nos pas réguliers martelant les marches et emplissant la cage d'escalier d'un écho sonore.

- On est là, maman... qu'est-ce qu'il y a ? demande Alexandre, une fois arrivés au salon.

- L'hôpital vient de m'appeler, elle répond tout doucement en s'asseyant sur le canapé.

- C'est super ! s'écrie Ashley, enthousiaste. Ça veut dire que Molly est sortie ce matin !

- Non, ma chérie... murmure doucement Helen, secouant la tête. Ce n'était pas pour Molly. On... on m'a annoncé que Nolan est sorti de l'hôpital cette nuit.

(Sur)vivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant