CHAPITRE 21

3.3K 209 27
                                    

ALINE ADAMS

- Tu es prête ?

- Oui.

   Je finis de mettre mes chaussures et remonte la fermeture de ma robe jusqu'en haut, avant d'enfiler une veste.

   Ce matin, le réveil a été assez tendu à cause de mon comportement d'hier soir. Alexandre s'est montré froid, et pour être honnête je ne peux pas lui en vouloir : c'est ma faute, je n'aurai pas dû le repousser. Après tout on récolte ce que l'on sème, je n'ai pas le droit de m'en plaindre.

   Après m'être levée, j'ai pris une douche rapide et écouté un peu de musique avant de m'habiller : j'ai décidé de faire un effort en enfilant une robe, des collants ainsi qu'une paire de chaussures noires à petits talons.
   Je me sens toujours inconfortable avec ce genre de vêtements – je n'en porte pour ainsi dire jamais –, mais je me vois mal me rendre à un enterrement en jean, sweat et baskets. La tenue correcte est imposée, ne serait-ce que par respect.

- Très bien. Tu veux qu'on prenne un petit-déjeuner avant de partir ? reprend Alexandre.

- Non, je n'ai pas très faim.

- Tu es sûre ? Il y a aura plus d'une heure de route.

- Oui.

- Comme tu veux, on y va alors.

   J'attrape ma sacoche dans laquelle sont rangées toutes mes petites affaires, et nous quittons la chambre d'hôtel. Nous traversons le long du couloir et prenons l'ascenseur, qui nous fait descendre jusqu'à l'accueil.

- Où se déroule l'enterrement, exactement ? je demande pour essayer de faire la conversation, et éventuellement détendre l'atmosphère.

- Là où se déroulent la plupart des enterrements : dans un cimetière, il répond froidement.

   Je baisse la tête et me tais, n'osant plus rien dire : au moins, j'aurais essayé.
Une fois sortis de l'hôtel, nous longeons le parking et montons en voiture.

- Je te conseille de dormir, me dit-il. Le trajet risque d'être un peu long.

   J'acquiesce et mets mon casque sur mes oreilles, puis lance la musique pour me calmer. Ocean Eyes, de Billie Eilish.
   Je suis vraiment stressée au sujet de l'enterrement: le seul auquel j'ai assisté a été celui de ma mère, et ç'a été vraiment dur. D'autant plus que j'étais toute petite... je ne devais pas avoir plus de deux ou trois ans, et c'est juste après cet évènement tragique que papa a commencé à me mener la vie dure.
   Au départ ce n'étaient que des claques ou des fessées, et au fur et à mesure des mois et des années ça a été de pire en pire.

   En plus de me rappeler celui de ma mère, cet enterrement est aussi le sujet d'une autre de mes préoccupations : mes flashbacks. Même si j'en ai de moins en moins ces temps-ci, je sais pertinemment qu'ils peuvent revenir à tous et n'importe quels moments, et en particulier au cours d'évènements comme celui-ci, particulièrement... stimulants, pour moi.

   Je secoue la tête pour essayer de chasser ces pensées, et sors un carnet ainsi qu'un stylo de ma sacoche. Comme à chaque fois que je suis soucieuse, j'écris... ça me permet de me calmer, qui plus est avec de la musique.

- Qu'est-ce que tu fais ? me demande Alexandre, toujours aussi froid.

   Je ne dis rien, et me contente de tourner mon carnet vers lui en guise de réponse. Je n'ai pas envie de lui parler : si c'est pour subir sa mauvaise humeur et réentendre son ton glaçant, ce n'est pas la peine.

- Tu me feras lire ? il finit par demander doucement, à ma plus grande surprise.

- ... Oui, pourquoi pas. Si tu veux.

(Sur)vivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant