ALINE ADAMS
- Madame Lewis je présume ? demande l'agent de police avant de me faire entrer dans le commissariat.
J'acquiesce, sans formuler aucune réponse.
Plus stressée que jamais, je traverse le couloir du poste de police, l'agent derrière moi.
Je prie très fort pour qu'il soit un de ces policiers antipathiques, qui se contentent de marmonner quelques phrases désagréables au sujet de votre enfant avant de vous faire signer la feuille de décharge sans dire un mot de plus.- Vous avez l'air stressée, madame... est-ce que tout va bien ? Vous voulez peut-être un verre d'eau ? Vous n'avez pas à vous inquiéter, ça ne sera pas long.
Raté. Son ton jovial m'indique qu'il est plutôt bavard, ce qui ne m'arrange en rien.
Au fur et à mesure du temps, et surtout depuis mon « séjour » à l'hôpital – encore très récent –, il est facile pour moi de parler avec Alex, Ashley, Helen et même Molly. J'ai fini par m'y habituer. Mais avec des personnes que je ne connais pas, c'est presque impossible.
Chaque fois que j'ouvre la bouche pour parler, je n'ai pas prononcé un mot que je me mets à perdre tous mes moyens et, même si j'y mets toute la bonne foi que je peux avoir, je finis toujours par me taire. C'est un vrai blocage.Avant, papa m'a toujours interdit de parler en dehors de l'appartement.
Ne pas parler de ce qui se passait chez nous, mais aussi ne pas me faire des amis et ne pas parler à d'autres personnes, que ce soit camarades, professeurs ou n'importe qui d'autre. Bref, de me murer dans le silence. Je me rappelle lui avoir demandé pourquoi, enfant, mais il ne m'a pas jamais vraiment répondu.- Madame ?
Comme je ne réponds pas, le policier tend la main pour me tapoter le bras et me sortir de mes pensées.
Je fais un bond en arrière en repliant mon bras sur ma poitrine, comme si c'était un fantôme ou un spectre qui avait essayé de me toucher.
Il me regarde avec des yeux ronds, visiblement étonné par ma réaction.Je murmure un bref « ça va » d'une voix presque inaudible, et il se met à me scruter d'un œil curieux. Je baisse les yeux pour ne pas croiser son regard méfiant, qui me rend encore plus anxieuse.
Il finit par se retourner pour me précéder dans son bureau, où nous attend sûrement Alexandre.
Dès que j'entre dans la pièce, celui-ci pose immédiatement les yeux sur moi, et comprend tout de suite ce que j'ai fait.
Tandis que le policier prend place sur son siège, je fais un geste dans sa direction pour lui indiquer de rester calme, et de faire comme si de rien n'était : il ne faut surtout pas attirer l'attention.- Je me présente, agent Pearson, reprend l'agent. Comme vous vous en doutez, je vous ai fait venir pour récupérer votre fils, qui vient de sortir de garde-à-vue. (J'acquiesce.) Avant de vous faire signer le document obligatoire, je vais vous parler de l'infraction commise.
J'acquiesce à nouveau, une boule au creux du ventre.
En y repensant, je réalise qu'il ne m'a pas dit pourquoi il a été interrogé... grâce à Helen, qui m'a raconté ce qui s'est passé avant et après l'agression de Molly, j'ai deviné que c'était lié à Nolan, mais je ne sais rien du délit en lui-même.- Alexandre a été mis en garde-à-vue pour coups et blessures volontaires sur la personne de Nolan Harvey. Votre mari, n'est-ce pas ? dit-il après avoir relu une fiche posée sur son bureau.
- Oui, je murmure d'une voix serrée.
Il hausse un sourcil et me regarde à nouveau d'un air étrange, visiblement étonné.
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(Sur)vivante
Teen FictionPendant toutes ces années d'enfer, elle était résignée à mourir, mais à présent la vie n'attend plus qu'elle. À quinze ans, Aline est une jeune fille calme et effacée, qui ouvre chaque matin ses yeux clairs sur un désert de solitude. Depuis s...