Janvier: biscuit à la figue et premier pas

1.1K 189 107
                                    

Jeudi vingt-quatre janvier

Bon sang, ce journal devient indispensable pour moi. Comme une drogue, je ne peux plus m'en défaire, m'en séparer. J'ai une multitude de choses à écrire, ça va m'exploser à la tête un de ces jours.

Vendredi vingt-cinq janvier

Sonnez les matines. Sonnez les carillons. Ce que je vais écrire va défrayer les chroniques.

-          Maxime m'a demandé de l'aider en maths.

J'ai presque entendu les dents de Valentin crisser face à cette annonce. Il aurait fallu s'en douter plus tôt. Alice et Maxime en soirée. Alice qui n'a peur de rien. Alice magnifique. Forcément qu'un jour, ces deux atomes allaient se rencontrer. C'était la pause de dix-heure et j'ai bien cru que Valentin allait cracher son pain au chocolat. Ça n'aurait pas été beau à voir.

-          Mais comment j'ai pu louper ça ? Il t'a demandé ça quand ?

Valentin s'y prend tellement mal que je lui donne discrètement un coup de coude. Valait mieux qu'il se taise pour le moment. Encourageant ma jeune amie un peu bécasse sur les bords à parler, parce que oui, Maxime a beau être beau et magnétiquement attirant, ça reste un abruti.

-          En cours de physique, quand tu dormais.

L'image d'une météorite s'écrasant violemment contre la tête de Valentin me parait être une bonne comparaison. Chancelant, il manque de tomber à la renverse. Il a toujours été excessif mais cette fois-ci, Alice va finir par le tuer. Bégayant comme un enfant, il finit par me prendre par le bras et m'attirer vers les casiers, avec pour seule excuse :

-          Je dois rendre un livre de maths à Esther.

Bien évidemment, Alice a froncé les sourcils mais n'a pas discuté. Sérieusement, les maths. Alors que je n'en fais plus. Valentin laisse tomber sa tête contre un des casiers, un grand « BOUM » résonne dans les couloirs. Mon compatriote finit par me secouer par les épaules, mimant l'anéantissement sur son visage.

-          C'est la fin du monde Esther. CODE ROUGE. Je répète CODE ROUGE.

Quelques regards curieux nous fixent, Valentin semble oublier que le lycée comporte une horde de fouines prêtent à la moindre occasion pour débusquer le plus petit ragot. Je finis par le bousculer. Il faut qu'il garde son sang-froid, bon sang. Sinon c'est moi qu'il va finir par tuer.

-          Calme-toi. C'est juste des cours de mathématiques.  Qui te dit qu'il va se passer quelque chose.

Peu convaincu, Valentin se laisse retomber contre l'un des casiers.

-          On parle de Maxime Dubois. Malgré ses oreilles décollées, il reste beau. C'est la catastrophe.

Haussant un sourcil, je croise les bras. Il n'a pas totalement tort. On parle de Maxime Dubois, le garçon qui soigne son look comme personne ne le fait. Ses cheveux châtains sont toujours brillants, et ses yeux de braise semblent vous attraper. En d'autres termes, Maxime Dubois pourrait représenter une pub de parfum pour Cachachanel.

-          Je n'aurais jamais dû dormir. Il a profité de ma sieste pour se manifester. Quel fourbe!

-          Détends-toi. Ça ne veut rien dire.

Je n'ai pas été assez convaincante mais comment l'être alors que je sais qu'entre Maxime et Alice, il se pourrait qu'il y ait un rapprochement. La vie est injuste. Ce n'est pas le bon jour pour les amoureux de l'ombre.

Les poissons ne savent pas nagerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant