Juin: problème de fêtarde et chance de nénuphars

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Mardi vingt-cinq juin

« Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage ?

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes »

Oui, vous avez bien compris, je suis tombée sur Marbeuf et son poème cotonneux et larmoyant. Mais détrompez-vous, c'est bien l'un des seuls poèmes que j'apprécie. Et je suis tombée dessus. Les doigts dans le nez, moi je vous le dis. J'ai réussi à torcher une bonne introduction et ai répondu à toutes les questions sans l'ombre d'un « heu » hésitant. Vous savez, les petits « heu » insupportables que vous sortez à un oral. Cette fois-ci, je les ai chassés de mon esprit. Je crois que Samuel a réussi à me donner un peu de sa confiance en lui. De toute façon, il en a beaucoup trop.

Et c'est en cette fin d'après-midi que la liberté m'accueille. C'est la fin. Plus que les résultats. Les bras m'en tombent. Tout ce travail disparait enfin. J'ai couru vers la sortie du lycée et j'ai crié toute seule sous les regards méfiants des lycéens. Mon dieu, qu'est-ce que ça fait du bien !

Ma libération définitive de cet enfer. J'ai l'impression d'avoir vécu trois mille ans rien que ce mois-ci. Mais je vous rassure, je n'ai pas les mains toute fripées.

Jeudi vingt-sept juin

Nous nous sommes rejoint tous les quatre. Maxime, Valentin, Alice et moi. Nous avons les cheveux dans le vent et le sourire tiré jusqu'aux astres. Enfin libérés de notre condition de lycéen !

Un horizon se dresse devant nous. Les vacances, les journées désagréables à la plage, le sable qui colle et qui rentre dans la culotte, les coups de soleil, les épidémies de piqures de moustiques et les longues soirées entre nous, à écouter la mer à l'aide de coquillage.

Peut-être que finalement, ma rage a laissé place à l'optimisme et à l'espoir aujourd'hui. Et baissez les armes, c'est à la fois gênant et agréable.

Les poissons ne savent pas nagerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant