Samedi vingt-trois février
Je déteste Jean. Je déteste ma mère. Ils me tapent sur le système. Ils sont niais, ringards et incultes. Ils parlent pour ne rien dire. Ils disent des imbécillités. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, et même si celui de ma mère est très long ça fait quand même pas beaucoup. Sérieusement, ils m'agacent.
Je suis tellement énervée que j'ai mis toute mon énergie sur mes devoirs, déversant ma colère avec l'encre de mon stylo. Je n'ai pas réfléchi. J'ai fait bêtement ce que les consignes attendaient de moi. Et je crois bien que j'ai réussi à terminer tout ce qu'il y avait à faire sur mon agenda. Je me suis même avancée. Quelle idée !
Je crois que je devrais tenter cette technique lors des examens, ça me rapporterait peut-être une bonne note. Je devrais penser à Dumbo et à Alice pendant un contrôle, je suis sûre que ça m'inspirerait. Il faut dire qu'eux aussi ils me tapent sur le système.
Alice devient autant niaise que ma mère. C'est vraiment la catastrophe. Il faut que je trouve un moyen de faire arrêter tout ce cirque.
Je devrais téléphoner à Valentin et lui dire ma nouvelle technique de travail. Peut-être que cette fois-ci, nous serons tous deux productifs.
Lundi vingt-cinq février
Pot de colle alias Dumbo alias coq sportif alias Maxime Dubois est apparu dans mon champ de vision et pour cause, notre belle Alice est venue gaiement nous claquer la bise lors de la pause de dix heures, à Valentin et moi. Et bien évidemment Dubois a fait son entrée. Lui et son horrible casquette vissée sur le crâne. Peut-être veut-il cacher un début de calvitie ? Je n'en sais rien mais je me pose des questions, je ne l'ai presque jamais vu sans casquette. Il a acheté un croissant à Alice, il lui tend, un sourire banane collé au visage. Seigneur dieu, sauvez-nous.
Toute contente Alice a murmuré un merci tel un petit moineau et Maxime a eu l'audace ou plutôt le culot de poser ses deux mains sur les épaules d'Alice. Et il y a pire. La jeune fille a posé les siennes sur celles de Dumbo. Valentin a failli tourner de l'œil mais il a vite repris son esprit lorsque Maxime a fait résonner sa voix rauque :
- Salut Esther, Valentin.
Nous avons été surpris si bien que nous n'avons pas répondu. Nous faisant de gros yeux, Alice me fixe intensément et je finis par capituler, en y mettant du mien. Ce qui ne devait pas être beau à voir, parce que je connais mon sourire forcé. Il est tout simplement horrible.
- Salut Maxime.
J'ai failli l'appeler Dumbo sans faire exprès. Et je ne sais pas si Alice me l'aurait pardonné. Le sourire amusé de Maxime se dessine et me balançant d'un pied sur l'autre ne sachant pas quoi dire, je finis par me mettre à la hauteur de Valentin. Il s'est transformé en statue de pierre au passage.
Alice finit par se tourner et croquant dans son dernier bout de croissant, elle s'essuie la bouche et sourit gracieusement. Même avec des miettes de partout, Alice est magnifique. Je ne sais pas si Maxime sait quelle chance il a d'avoir chaque matin l'attention de la rouquine. Non définitivement, je crois que ce grand sportif ne s'en rend pas compte. Il faudra bien qu'un jour je lui dise.
- Puisque tu es là Maxime, ça te dit qu'on se fasse un après-midi tous ensemble ?
Son regard est aussi surpris que le nôtre lorsque la rouquine nous l'avait proposé. Il finit par de nouveau sourire, parce que oui, j'ai l'impression que Dubois ne sait faire que ça. Sourire, sourire, sourire et encore SOURIRE. Il remet en place sa casquette, je crois définitivement qu'il veut cacher sa calvitie.
- Oui, pourquoi pas. Il faut juste que tu me dises la date, j'ai beaucoup d'entraînements et de compétitions.
Cette fois-ci je ne peux m'empêcher de ricaner. Valentin se cramponne à moi, me faisant un coup de coude pour que j'arrête. Reprenant mon sérieux, je contiens mon rire sarcastique. J'aurais dû m'en douter, ce mec ne peut pas se passer de sport. Mais pour une fois ça m'arrange.
Faites qu'il refuse.
- Samedi prochain ?
- Ça marche.
Anéantissement. Fin du monde et code rouge.
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Les poissons ne savent pas nager
Teen FictionEsther est sarcastique. Esther déteste le lycée. Esther hait le sport, les maths et les profs. Entre un père anarco-grognon, une mère complètement lunatique-intrusive, un frère surdoué et un beau-père collant, Esther écrit et parfois philosophe son...