Jeudi dix-neuf aout (le matin)
- Je peux savoir ce que tu fiches ici ?
- À ton avis ?
Valentin, assis sur le perron de ma maison, rentre chez moi et monte directement les escaliers vers ma chambre. Fronçant les sourcils, je le suis dans mon antre. Il ouvre ma commode et commence à fouiner dans mes affaires. Ne comprenant toujours pas ce qu'il fiche, je le pince et lui tire les oreilles. Quelle belle amitié.
- Tu vas voir Hazael, il faut bien que je t'aide à t'habiller. Nous sommes clairement sur un CODE ROUGE !
Il hurle ou plutôt non, il beugle. Heureusement que tous les poux de cette maison sont partis mener leurs petites vies loin d'ici. Et doublement heureusement que Jean se mette au cyclisme. Je me retrouve seule à supporter les cris de Valentin. Les nouvelles vont vite ici. Enfin pas tellement puisque c'est moi qui ai appelé Valentin et Alice pour les prévenir. Et voilà qu'à dix heures du matin, le jeune camarade a débarqué comme un fou sonner chez moi. Je me passerai de son aide, on dirait que je vais rendre visite à quelqu'un de très haut placé... Mon meilleur ami observe sa montre en plastique. Première fois qu'il a ce réflexe, d'habitude il s'en fiche un peu de regarder l'heure.
Et d'un coup, la sonnette a retenti. Valentin hurle de nouveau tel un guerrier apache et court vers la porte d'entrée. C'est l'hôte de la maison à ce stade ! Reconnaissant la voix entre mille, j'observe Maxime monter les escaliers, suivi par son nouveau garde du corps. Et, alors que j'allais de nouveau râler, la sonnerie retentit de nouveau. Valentin descend une nouvelle fois les escaliers manquant de tomber et finit par ouvrir au dernier soldat : Alice. Très bien, tout le monde est réuni en cette affreuse journée. La fourmilière au grand complet. Ils se sont tous donnés le mot pour venir ici.
- Je vois que les nouvelles vont vite.
- Il faut bien t'aider à t'habiller. Rétorque innocemment Alice.
- Je ne vais pas voir la reine d'Angleterre.
- Et encore, même avec la reine d'Angleterre tu t'habillerais comme d'habitude ! S'exclame Maxime.
Bien vu l'aveugle, pour une fois qu'Oreilles Décollées n'a pas tort. Je soupire d'ennui face à leurs regards pleins de sous-entendus et laisse Valentin fouiller dans mes habits. De toute façon ils ne me lâcheront pas.
- Inutile de fouiller ! Je vais m'habiller simplement.
Mais Valentin ne connaît pas le mot « simplement ». Déprimant. Enfin « déprimant » est un bien grand mot. Bizarrement, bien que je sois désespérée par leur comportement, je me rends compte de leur soutien sans faille. Finalement je souris telle une bécasse devant eux. Maxime fronce les sourcils.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu vas mal ?
- Non idiot, je suis contente.
- Effrayant. Marmonne Valentin.
- Les temps changent. Ajoute Alice.
Assis par terre en tailleur, tels des guerriers indiens, nous essayons de la garder au milieu de nous, cette douceur de vivre.
Jeudi dix-neuf aout (dans l'après-midi)
Je suis une adepte de la marque Petit Bateau. Je suis désolée mais cela restera ma marque de prédilection. Et c'est ainsi qu'en vieux jean et en marinière j'ai attendu Hazael. Nous avons convenu de nous rejoindre au parking de l'animalerie. Un foulard dans les cheveux, j'ai l'air d'une pirate. Mais une pirate peu sanguinaire. Une pirate plutôt paniquée et un brin râleuse.
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Les poissons ne savent pas nager
Novela JuvenilEsther est sarcastique. Esther déteste le lycée. Esther hait le sport, les maths et les profs. Entre un père anarco-grognon, une mère complètement lunatique-intrusive, un frère surdoué et un beau-père collant, Esther écrit et parfois philosophe son...