Juillet: ivres vagues et madame nudiste

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Dimanche vingt-huit juillet

Aujourd'hui, mission piscine gonflable.

Maxime nous a appelés pour qu'on l'aide à gonfler sa mare d'eau. Oui, monsieur Dumbo veut pouvoir se baigner dans son jardin. N'ayant rien à faire, nous l'avons tous rejoint mais j'ai eu droit à un interrogatoire de la CIA. Valentin ne semble pas lâcher le morceau, au grand dam d'Alice et de Maxime.

Tous en maillots de bain, nous n'attentons qu'une chose : que Valentin gonfle ce plastique et que l'on puisse se rafraichir avec le tuyau d'arrosage. Heureusement pour moi, ma mère m'a dégoté un maillot petit bateau, cette fois-ci à ma taille. Je n'ai qu'une chose à dire : Merci maman. Pour une fois, elle ne m'a pas trainée dans les magasins de sous-vêtements.

- Tu ne l'as pas embrassé ? Mais qu'est-ce que tu attends au juste ? La fin du monde.

- Valentin, gonfle le boudin. Râle Alice.

- Mais non. Elle devait l'embrasser, ce n'est pas compliqué bon sang.

Cette fois-ci c'est Oreille décollée qui bouscule Valentin et se dévoue pour gonfler la piscine. Après tout, c'est le sportif, il aurait du le faire depuis longtemps. Alice, désespérée par le comportement de Valentin, finit par lui pincer le gras du bras.

- Occupe-toi de tes bisous au lieu de nous crier dans les oreilles.

- Crois-moi, j'aimerais bien. Mais personne n'ose se dévouer pour m'embrasser.

- Qui doit embrasser qui ?

Cette voix. Je sens mon corps se raidir instantanément. L'illuminé se tourne vers moi, un sourire en coin. A-t-il osé ? J'hésite entre l'étouffer avec le boudin bleu ou bien le poursuivre en courant. Franchement, je ne sais pas quoi choisir. Alice ricane bêtement, bien évidemment la discrétion ça ne la connait pas. Quant à Valentin, il est bien trop occupé par ses échanges buccaux qu'il ignore la question de Hazael comme si y répondre était débile et inutile.

Le gars à l'ouest finit par claquer la bise à Alice, la seule qui sait réagir à peu près normalement si l'on oublie ses rires. Avec des amis comme ça, comment voulez-vous que j'avance dans la vie ?

- Salut Esther.

- Salutettoi

Il a fallu que je baragouine. Valentin m'observe d'un air désespéré et finit par poser un bras sur les épaules de Maxime qui gonfle toujours le boudin. Si ça ne tenait qu'à moi, ça ferait longtemps que Valentin se serait pris un coup. Dumbo râle avant de le bousculer. Mon vieil ami est comme une de ces huitres qui restent accrochées aux rochers.

- Valentin veut qu'on l'embrasse mais personne ne veut. Soupire Alice.

- Pourquoi ? Demande Hazael.

Comme si c'était une chose normale d'embrasser son meilleur ami.

- Merci Hazael. Personne ne m'écoute ici. Moi, tout ce que je veux, c'est un bisou. Je ne demande pas un million d'euros.

Notre vieux compatriote bouge de partout, ses bras se désarticulant à chacun de ses mouvements. Une pieuvre terrestre. Toujours à côté de moi, Hazael finit par me chuchoter :

- Tu veux que l'on se voie la semaine prochaine ?

- Quoiq ?

Les bonnes vieilles habitudes. Heureusement que les trois infernaux ne m'ont pas entendue. Avalant difficilement ma salive, j'hoche simplement la tête. Hazael a eu l'air content, son sourire de velours électrisant mon corps.

Valentin râle toujours et commence à nous énerver. Je serais d'avis pour le noyer. Il prend beaucoup trop à cœur son histoire de bisous, si vous voulez mon avis. Très clairement, Il nous casse les oreilles si bien que Maxime hurle, à gorge déployée :

- Valentin t'es chiant ! Le voilà, ton bisou baveux.

Oreille décollée prend Valentin par les joues et l'embrasse. Alice les regarde en explosant de rire. Mon dieu, quelle bande de dégénérés ! Je fixe la scène complètement incrédule. Finalement, Maxime se détache de Valentin et s'essuie la bouche. Valentin fixe l'illuminé comme si c'était un dieu.

- Mon dieu, le gars le plus beau du lycée vient de m'embrasser. Mon premier baiser vient de Maxime Dubois, voilà de quoi se la raconter au lycée !

Rien n'est normal. Nous éclatons de rire tous les cinq jusqu'à ce qu'Hazael empoigne le tuyau d'arrosage et commence à nous asperger d'eau. S'ensuit une bataille sans merci. Comme cinq électrons libres, nous nous jetons dans cette piscine à moitié gonflée. Nos corps s'emmêlent. Et, sous cet acacia, nos torses se déchirent pour nous transformer en hérons.


Lundi vingt-neuf juillet

Je crois que je m'y résous. Hazael me plait. Comme une promesse et un secret dans le vent.

J'aime sa façon de voir le monde. Sa façon d'être serein et à l'ouest.

Mercredi trente-et-un juillet

Madame Nudiste s'est étendue sur mon lit. J'ai voulu la dégager du matelas mais, bizarrement, j'ai finalement décidé de la laisser roupiller avec moi. Comme elle prenait toute la place sur le matelas, j'ai fini par attraper cette madame toute nue et l'ai serrée contre moi. Drôle d'alien.

Les poissons ne savent pas nagerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant