Février: popcorn dans les cheveux et problème à la caboche

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Samedi neuf février

C'est les vacances. GÉNIAL. Je vais passer deux semaines cloîtrée chez moi, c'est-à-dire dans la maison des fous.

Dimanche dix février

Grand-mère Joséphine ne va jamais bien. Elle est toujours malade, elle a mal aux genoux ou bien à la tête. Toujours à maugréer, elle reste emmitouflée dans un grand châle et ne quitte presque jamais son fauteuil en cuir. Et si vous osez dire « Tu as l'air reposée aujourd'hui », elle s'écrira d'un ton sarcastique « Ah ben oui, Moi je suis reposée, oui. ».

Et quand grand-mère Joséphine n'est pas exténuée par la vie, elle mène une guerre contre les enfants du quartier, qui s'amusent à descendre à toute allure la ruelle avec leurs skates, faisant exprès de rouler sur la plaque d'égout. Alors, comme une furie, Joséphine Armand court vers la porte d'entrée et hurle que la prochaine fois elle ira se plaindre à leurs parents.

Cet après-midi, comme tous les dimanches, ma mère est allée lui rendre visite, sans Jean. Parce que bien évidemment grand-mère Joséphine ne peut pas le supporter. Encore pire que mon père biologique ! Parce que voyez-vous, Alekseï Ikov lui au moins, savait utiliser ses mains pour construire ou réparer des choses. Mais Jean ! Mise à part ses calculs, il sert de plante verte.

Sans nous parler, notre grand-mère commente les pubs à la télé et crie « Elles ne sont pas encore mortes celles-là ? » en parlant de trois vieilles dames qui se la jouent bretonnes en prononçant « Tipiak, pirate ». Ma mère n'a pas tenté la conversation, c'est peine perdue. Une fois que grand-mère Joséphine commente les publicités, il est impossible d'entamer une discussion. Et lorsque les « carnets de Julie » s'affichent sur l'écran, elle coupe radicalement le son. Mamie Joséphine déteste Julie et sa vieille voiture coccinelle. Ne me demandez pas pourquoi parce que je ne saurais pas vous répondre. Mais c'est presque effrayant à voir. Heureusement que Julie ne le voit pas!

Samuel a arpenté la cuisine en quête de nourriture mais revient bredouille. Il n'y a rien dans les placards de mamie Joséphine si ce n'est des biscottes et des citrons. Et ce ne sont pas n'importe quelle biscotte, attention, ce sont des biscottes Roger. Un jour ma mère avait eu le malheur de lui acheter une autre marque, elle a failli y passer.

Une chose est sûre, mamie Joséphine n'a jamais été aussi en forme que ces derniers temps et vous savez quels sont nos indicateurs ? Sa mauvaise humeur. Le jour où elle arrêtera de faire la guerre aux mioches du quartier et qu'elle regardera les carnets de Julie avec le son, il faudra s'inquiéter.

Les poissons ne savent pas nagerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant