Avril: morue et énergie pulsionnelle

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Lundi vingt-deux avril

C'est la rentrée. Indigestion au chocolat, crise de foi imminente et rentrée scolaire.

Valentin a le cafard. Mais c'est normal. Les jours de rentrée, il fait toujours la tête.

La horde de fouines qui me sert de camarades de classe est déjà rassemblée devant notre salle de français. Ils parlent de leurs vacances.

À quel moment entre ami tu parles de vacances ? Bon dieu, quelle idée. Ça ne sert à rien. Autant parler de la résurrection de Jésus.

À la fin du cours, je remarque directement Dumbo. Comme toujours, il m'a attendu. Je ne suis même plus surprise. Je n'ai même pas râlé. Je vous le dis, je commence à me faire vieille, plus rien ne me surprend. J'ai simplement avancé vers lui et ai attendu que tout le monde parte pour avoir un minimum de tranquillité. Je déteste les brouhahas, on ne s'entend plus.

Le coq sportif m'a souri et je dois avouer qu'il n'a pas changé d'une semelle. Toujours aussi tête à claque. Comme pour m'amadouer, il me tend un gobelet de café. À la fin de l'année je ne sais pas combien je vais lui devoir mais la note sera salée. Je crois qu'il a oublié que je déteste qu'on me paye à boire.

Frétillant d'excitation, Dumbo sautille dans le couloir à pied joint. Complètement barge.

- Alors ?

- Alors quoi ?

- Tes vacances ?

Seigneur. Voilà qu'on me parle de vacances.

- Pitié, ne me parle pas de vacances ou je t'étrangle.

Je crois que finalement, j'ai repris du poil de la bête. L'âne ricane et s'assoit. Côte à côte, les mains contre notre poitrine nous avons observé en silence la jungle. Finalement il tourne son visage vers moi et ses yeux bleus se cramponnent aux miens :

- Tiens, je t'ai apporté quelque chose.

Je déteste les cadeaux. Mais je ne lui ai rien dit. Je l'ai vu brandir un paquet de cellophane et j'ai fini par sourire. Maxime Dubois est un agneau.

- C'est un poisson en chocolat. Pour fêter notre amitié.

C'est TRES émouvant.

- Depuis quand on fête une amitié ?

Oreille décollée a haussé les épaules et a cassé l'une des nageoires du poisson pour la manger. Je le regarde dégoutée :

- Je te croyais végétarien.

- Seulement quand ça m'arrange.

Je décapite la tête du poisson et la sonnerie retentit. Le parfait timing.

Jeudi vingt-cinq avril

Madame Rosier nous a rendu nos sujets d'invention. J'ai eu onze. Pile dans la moyenne, génial. En commentaire j'ai eu droit à « À améliorer ». Elle ne s'est pas trop foulée. Deux pages pour deux mots. Les professeurs se fichent vraiment de nous.

Moi aussi je vais me mettre à écrire deux mots sur une copie double. On verra bien qui rira le dernier.

Les poissons ne savent pas nagerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant