Mars: paire de chaussette et le gars à l'ouest

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Vendredi quinze mars

Je vais d'abord vous expliquer le contexte. J'étais à la bibliothèque du lycée et je révisais mes textes pour notre fameux baccalauréat de français. Jusque là rien de bien fou. Le calme absolu. Mais bien évidemment, on ne peut jamais être tranquille. Il faut toujours que dans la vie, il y ait des imprévus. Sinon, ça ne serait pas drôle.

Maxime a débarqué de nulle part. J'ai bien failli avoir une crise cardiaque. Sans demander mon approbation, il s'est installé sur ma table, déplaçant sans scrupule mes affaires. Bien sûr, que tout le monde se ramène, plus on est de fous plus on rigole. Non mais j'ai vraiment cru rêver. Oreille décollée a fait un vacarme pas possible en tirant la chaise vers lui et après plusieurs regards noirs, il s'est décidé à rester silencieux. Du moins pendant cinq secondes. Il ne faut pas trop en demander à ce grand coq sportif.

-          J'étais sûr de te trouver ici.

Pourquoi j'ai l'impression d'être ce vieux rat de bibliothèque ? Haussant les sourcils, je l'observe ricaner tout seul. Maxime est son seul public, je suppose que c'est déjà beaucoup. Un livre dans mes mains, j'ai décidé de plonger de nouveau dans les mots de ce maudit et sexiste Baudelaire mais Maxime n'est pas du même avis. Le grand débile qu'il l'est m'a arraché des mains le livre et me l'a tapé sur la tête, afin que mes idées soient soit disant plus claires. Croyez-moi, si nous n'étions pas à la bibliothèque, je lui aurais déjà arraché les oreilles pour les lui faire avaler.

Ses yeux bleus se plantent dans les miens et toujours le sourire aux lèvres, il a fini par s'avachir sur sa la chaise et m'a observé comme si j'étais un objet de science. C'est franchement énervant. Je finis par rugir :

-          Qu'est-ce que tu veux ?

-          Enfin tu me parles, j'ai cru pendant une minute que je n'existais pas.

-          Crois-moi j'aimerais bien. Mais tu fais un boucan incroyablement énervant.

Depuis qu'il est arrivé, j'ai l'impression que tout le monde nous lance des regards noirs. Dubois est aussi discret qu'un troupeau d'hyènes qui gloussent. La comparaison n'est franchement pas positive. Capitulant, je finis par baisser ma garde et l'encourager à parler.

Aujourd'hui, ce coq sportif ne porte pas sa casquette, ça fait plusieurs jours qu'il a une bonne hygiène, serait-ce grâce à Alice ? Les deux sont indissociables depuis leur échange de langues et ils ont l'air de vivre l'amour niais. De quoi me retourner l'estomac avant le repas du midi.

-          Oublie les livres Ikov, samedi vingt-trois un pote organise une soirée, et je t'invite.

Soit ce garçon est complètement fou soit il est totalement ignare. Je pencherais pour la deuxième option. Mon regard mauvais se pose sur lui et il se recule instinctivement, de peur de recevoir un bouquin en pleine figure.

Plus sérieusement, à quoi il joue ? Il est clair qu'Alice ne lui a pas dit à quel point j'ai horreur des soirées. Secouant la tête pour signifier mon refus, Maxime soupire comme un éléphant. Comme si j'allais accepter d'aller chez ce Lucas. D'ailleurs c'est qui ? Je n'ai jamais entendu parler d'un Lucas dans ce lycée.

-          Il est clair qu'Alice ne t'as pas dit que je détestais les soirées.

-          Ah bon ? Ce n'est pas ce que Valentin m'a dit. Il m'a certifié que tu allais être super contente. Et il a même accepté l'invitation !

Valentin, bien sûr ! Je l'avais oublié celui-là, il est dans tout les coups foireux. Ce petit moustique, ce satané petit moustique, impossible de s'en débarrasser. Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ? Je l'entends bourdonner dans l'oreille décollée de Dubois. Saleté de Bertrand. Il doit être fier de sa petite blague. Je vais lui arracher la tête dès que je le vois. Non pire, je vais l'étrangler.

Les poissons ne savent pas nagerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant