Mes parents sont rentrés dans l'après-midi. J'avais presque oublié leur existence... Mais ils m'ont vite ramenée à la réalité. Mon père est toujours aussi exécrable. Et ma mère qui s'y met ! Finalement je crois que je préfère quand ils ne sont pas là. Au moins je suis au calme.
"-MATHILDE ! cria mon père depuis le salon .
-Quoi ?
-Viens ici !
-Maintenant ?
-Non dans dix ans ! râla-t-il. Bien sur maintenant !
Je lève péniblement mon corps de mon lit. C'est trop demander de passer le dimanche à chiller devant Netflix ?
-Quoi ? soufflai-je en m'affalant sur le canapé.
-On doit parler du weekend prochain, commença mon géniteur.
Ah... Sujet sensible...
-Oui ?
-Et bien, ton père et moi avons un petit empêchement à propos du weekend prochain... dit ma mère.
-Un empêchement ? C'est-à-dire ?
-Nous avons accepter un nouveau contrat au cabinet, et l'instance à lieu samedi prochain...
-Samedi ? Sérieusement ? Vous plaisantez j'espère ? demandai-je les larmes aux yeux.
-Écoute ma chérie, tempéra ma mère, c'est trop tard pour renoncer... Nous sommes engagés tu comprends ?
-Engagés ? Et votre fille dans tout ça ? Je compte pour quoi moi ? Je vous demande jamais rien ! Jamais ! Juste un jour de votre putain de vie ! Un jour ! Et vous me dites quoi ? Que vous êtes engagés ? hurlai-je de colère.
-Mathilde ! gronda mon père. Parle nous sur un autre ton !
-Et quoi ? Tu vas me punir c'est ça ? Encore ? Tu ne sais faire que ça de toute manière ! Me punir, comme une enfant ! Ah mais c'est peut-être ça ! Peut-être que si j'étais une enfant vous vous soucieriez ne serait-ce qu'un minimum de moi ! La vérité c'est que vous en avez rien à foutre ! C'est ça hein ? Vous m'avez aussi enterrée y a deux ans ! Allez-y ! Dites le putain ! pleurai-je.
Je les regarde tour à tour. Ma mère est en larmes. Mon père, lui, est impassible, comme d'habitude.
-Tu dépasses les bornes jeune fille !
-Tu sais quoi, t'as raison !
Je m'écroule sur le canapé, effondrée. Ma mère tente de me prendre dans ses bras, mais je la repousse. Je n'ai pas besoin de sa pitié.
-Chérie tu ne seras pas toute seule je te le promets, essaya-t-elle de me réconforter.
-Ah ouais ? Je serais avec qui ? Le concierge de l'immeuble ? la rembarrai-je cyniquement.
-Nos clients sont les Langlois, ajouta mon père. Nous irons ensemble à Paris. Maël restera avec toi toute la journée.
-Maël ? crachai-je. Vous pensez vraiment que j'ai envie de passer cette journée avec Maël ?
-Il n'est pas au courant ? s'étonna ma mère. Je vous croyais plutôt proches...
-Bien sur que non Maman ! Personne n'est au courant ! Ce n'est pas une histoire donc je me vante !
-Tu en es la seule responsable Mathilde ! me rappela l'homme face à moi.
-Chéri ! l'arrêta sa femme.
-Non maman ! Laisse le finir ! Vas-y, dis moi ! Je suis la seule responsable ? Ça veut dire quoi ça ? criai-je en me levant pour lui faire face.
-Tu ne comprends pas quoi ? Le mot responsable ? Tu veux que je te rappelle ce qu'il s'est passé y a deux ? L'accident ? Tu veux vraiment que je te le rappelle ou ce n'est pas nécessaire ? m'affronta-t-il.
-Arrêtez, pleura ma mère. Je vous en prie arrêter !
-Tu es un monstre ! renchéris-je en ignorant les supplications de ma mère. Comment peux-tu me dire ça ? Tu me dégoutes !
-Tu as ruiné nos vies Mathilde ! Sa vie, continua-t-il. N'essaie pas de te faire porter en victime en m'accusant d'être un monstre. Je ne fais que dire la vérité.
-Je te hais ! Si tu savais à quel point je te hais ! gueulai-je. Qu'est-ce que tu crois ? Que je n'ai aucuns remords ? Ça me pourrit l'existence ! Chaque jour un peu plus que le précédent ! "
Prise d'un élan de rage, je lui assène une énorme gifle. Il me regarde, choqué. Mes larmes coulent à torrent alors que je m'élance en courant vers la porte d'entrée.
Je cours aussi vite que je peux vers le toit de l'immeuble.
Les paroles de mon père résonnent en boucle dans ma tête.
Je regarde le vide. Je m'accroche à la rambarde essayant de calmer mes nerfs.
Ma respiration s'accélère un peu plus quand je fixe les voitures, quelques mètres en dessous de moi.
Derrière, un claquement de porte vient perturber les bruits de la circulation lyonnaise.
"-Mathilde déconne pas ! crie au loin mon voisin.
-Dégage ! hurlai-je de rage.
-Je t'en supplie éloigne toi du bord !
-N'approche pas ! pleurai-je.
-Mathilde je t'en supplie ! Recule... trembla-t-il.
-T'approche pas...
-Ok ! Ok... je reste là... Mais recule toi !
Je pleure de plus belle et me laisse finalement glisser contre le mur.
Maël souffle de soulagement et accoure à mes côtés. Sans rien dire, il me prend dans ses bras.
Nous restons ainsi de longues minutes. Je pleure sans m'arrêter. J'ai l'impression de n'avoir jamais autant pleurer...
Doucement, je me calme. Je desserre peu à peu ma prise autour de Maël et le regarde. Il doit me trouver pitoyable.
-Ça va ? murmure-t-il.
Je hoche la tête en guise de réponse.
-Comment t'as su ?
-On vous a entendu hurler... D'ailleurs l'immeuble entier a du vous entendre, sourit-il. Et quand la porte a claquée, je me suis doutée que c'était toi... J'ai du faire tous les étages avant de venir sur ce foutu toit...
Je baisse la tête, vulnérable.
-Quand je t'ai vu au bord, j'ai cru que...
-Chut... le coupai-je. Je vais bien.
-Mathilde... s'inquièta-t-il.
-C'est fini tout ça... chuchotai-je.
Il me regarde tristement, mais n'insiste pas.
-Ça va aller avec tes parents ?
-Je ne veux plus jamais voir mon père...
-Tu dis ça sous le coup de la colère...
-Non. Tu ne peux pas comprendre...
-Alors explique moi !
-Pourquoi ?
-Parce que je veux tout savoir de toi. Tout. Absolument tout.
-Parfois il y a des choses qu'il ne vaut mieux pas connaitre... dis-je tristement.
-Explique moi Mathilde, me supplia-t-il.
-Non...
-Pourquoi ?
-Je ne veux pas voir ton regard changer... Je ne le supporterai pas...
-Ça n'arrivera pas... murmura-t-il en me serrant contre lui. Je te le promets.
-Quand tu sauras, tout changera...
-Arrête...
J'essaye tant bien que mal de protester mais il me coupe avec un tendre baiser. Et cette fois-ci je ne le repousserai pas.
1045 mots
Et voilà l'avant dernier chapitre ! La fin approche. Et je dois dire que j'ai hâte de voir vos réactions sur le final !
Comme d'hab votez et commentez !
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Eyes Shut [Corrigé]
Fiksi RemajaRenfermée, ma définition. Ce mot me colle à la peau depuis bientôt deux ans. Samedi 2 Mars 2017 : le jour où ma vie a basculé... Cette histoire a été entièrement relue et corrigée. Cependant je suis humaine et il est possible qu'il reste quelques fa...