Chapitre #11 Accord communs

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La pluie martèle le carreau de la chambre provoquant un bruit assourdissant, je suis éveillé. Aaron est assis sur une chaise en face du lit, il doit sûrement penser que je dors.

Sa respiration est régulière, il doit se reposer. Je me redresse du lit pour l'observer discrètement, ses yeux sont fermés et ses paupières bougent, il rêve.

Je me rapproche de la fenêtre pour regarder la pluie tomber. Il doit être que neuf heures du matin mais le ciel est gris, la pluie danse dans l'air gelé.
Les gouttes d'eau forment de minuscules cristaux volants, je les regarde flotter, tomber puis s'écraser à même le sol.

J'observe mon reflet à travers la vitre, je ne suis plus la même qu'avant. William m'a arraché à ma famille à l'age de mes quatorze ans. J'étais musclée comme il fallait, mes cheveux bruns brillaient et mes yeux gris étaient lumineux, j'avais un jolie visage avec un grand sourire.

Mon reflet me revoit l'image d'une femme amaigrie avec des cernes sous ses yeux. Ses cheveux ont perdu toute trace de brillance et ses yeux sont éteints. Son visage est creusé et de nombreux bleus marquent ses bras. Cette femme ne sourit pas, elle est terrifiée.

Je ne me reconnais pas en elle, je n'existe plus.

Le reflet d'une autre personne se rajoute au mien, celle d'un homme imposant et froid. Ses yeux océan grand ouverts sont tournés vers mon visage.

Le silence accompagne cette étrange scène, seul le bruit de la pluie résonne dans la pièce.

Je resserre mes bras autour de moi pour me réchauffer, il ne dit rien, il observe juste.

Les secondes, les minutes passent sans que nous prononcions un mot et c'est mieux ainsi. Mais au bout d'un certain temps écoulé, il brise le silence avec sa voix sombre.

- Ça faisait cinq jours que tu dormais, je l'ai enterré après t'avoir ramené ici.

Je ne réplique pas, à quoi bon.

- Il est passé par la petite fenêtre en la cassant, tu n'as rien entendue car tu dormais. J'ai condamné la fenêtre avec du bois.

Nouveau silence.

- J'ai trouvé sur lui plusieurs plans du château, il avait préparé sa petite excursion. J'ai fouillé tous les alentours et je n'ai rien trouvé. Tu es en sécurité avec moi.

Je frissonne, je ne veux pas que tout ça recommence.

- Je ne sais même pas pourquoi je te dis ça.

Il recule de la fenêtre et sort de la chambre.

Je continue de regarder la pluie, elle me calme.

**

Il revient dix minutes plus tard avec de l'eau et de la nourriture.

- Je sais que tu n'as rien mangé, reprends des forces.

Honteuse qu'il est pu voir la nourriture que mon corps m'a forcé à recracher dans la cave, je me retourne vers lui vers, les joues rouges.

- Je n'arrive pas à manger.

Il s'approche de moi avec la nourriture et commence à couper des petits morceaux de pomme.

- Essaye d'en manger un avec de l'eau.

Il me tend une bouteille et je prends un morceau de pomme. Je mâche très doucement pour habituer mon corps, cette fois si je l'avale avec de l'eau. Contente j'en reprends un autre et l'avale avec une gorgée d'eau.

- Merci.

Il continue de couper des morceaux de viandes, de fruits et de légumes pendant que je les avale.

Après une vingtaine de minutes, il m'autorise à prendre une douche avec de l'eau chaude.

- De l'eau chaude !

- Oui, tu peux prendre tout ton temps.

Je prends les affaires qu'il me tends et pars à la douche, l'eau chaude brule légèrement ma peau mais elle me fait beaucoup de bien.

Je ferme les yeux sous le doux contacte de l'eau, le temps d'un instant, j'oublie.
J'oublie tout ce qui se passe dans ma vie, j'oublie le mal qui m'habite, tous les démons de ce monde.

La tendresse me prend dans ses bras, je me laisse aller.
Ma respiration est calme, mon corps ne tremble pas. Je me sens enfin bien.

Je souris.

L'eau chaude coule sur mon visage, je suis détendue.

Quand je coupe l'eau, un sentiment de bien être m'envahit.

Je m'habille avec un long t-shirt rouge et un short noir. Je laisse sécher mes longs cheveux bruns à l'air libre puis je sors de la pièce.

Il m'attend devant la porte, maintenant il ne me laisse plus seule.

Nous marchons dans les couloirs sans s'adresser la parole, mon regard se promène dans les pièces que nous parcourons.

Nous passons devant la cuisine, un couteau est posé sur la table. Aaron est devant il ne me verra pas, je prends le couteau et le cache dans mon short.

Je veux être sûr de pouvoir me défendre, seule.

Nous rentrons dans ma chambre, il fait un petit tours avant de m'enfermer dedans. Je sors le couteau et le cache sous le matelas du lit.

Je m'approche de la fenêtre, la pluie danse toujours dans l'air glacé. Je pose ma main sur le carreau froid en regardant le triste paysage qui s'étend devant moi.

J'entends ses pas dans le couloir, il déverouille la porte et entre dans la chambre.

- Où est le couteau qui était posé sur la table ?

- Le couteau ?

- Ne joue pas à ce jeu avec moi, où est t-il !

- Je ne sais pas.

Mon regard se dirige vers le matelas durant une seconde mais c'est déjà trop tard, il a comprit.

Il marche d'un pas déterminé vers le lit avant de soulever le matelas, il récupère le couteau avant de revenir vers moi furax.

- Tu comptais t'en servir ?

Je baisse la tête, je sais que je vais passer un mauvais moment.

After YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant