OS 10: Vacances en enfer

205 11 1
                                    

Après deux semaines de vacances en France, une dans un petit chalet de l'arrière pays où vivait tanty Fa, la tante de son père, Samy prit le train pour Kyoto où elle allait retrouver son ami d'enfance. Ils ne s'étaient pas vus depuis le mois de Mars et leur dernière semaine à Teiko et Samy brulait d'impatience de le retrouver. Mais elle comprit vite que ce serait loin d'être les retrouvailles qu'elle espérait.

Lundi :

Son train arriva dans l'ancienne capitale tard dans la matinée. Nous étions fin Août, et la température était exquise. Mais la chaleur de l'été s'effaça très vite face à une douche froide. Elle fut reçue par le majordome d'Akashi qui, sans lui adresser le moindre mot, l'emmena à la villa. Mais là, ce fut carrément une tempête de neige. Akashi ne vint pas à sa rencontre. Il était partit au camp d'entrainement de basket et ne reviendrait que le mercredi. La jeune fille soupira : la semaine s'annonçait bien...

Mardi :

Samy était dépité. Le majordome avait eu l'ordre du père d'Akashi de ne pas parler, sauf nécessité urgente pour ne pas déconcentrer le fils prodigue. Aussi Seijuro était-il complètement seul. La décoration de la villa était on ne peut plus impersonnel. Le seul objet personnel était trois cadres photos : un de sa mère et lui alors qu'il était enfant, un de sa remise de diplôme à Teiko, lorsqu'il avait été personnellement félicité par le directeur, le dernier cadre quant à lui, était vide, surement en attente de la photo de la victoire de la winter cup. Mais même les vêtements et linge dans le placard était rangé à la manière d'un magasin de vêtements de luxe. Elle plaignait Akashi de vivre seul dans cet immense espace vide, lui qui passait tous les voyages d'affaires de son père chez sa voisine française, profitant de la chaleur et de l'ambiance familiale qui avait quitté son propre foyer depuis longtemps. Impersonnel et ordre étaient les maitres mots de la maison des Akashi. Samy tourna en rond toute la matinée et décida finalement de partir à découverte de la ville seule. Enfin, pas complètement puisqu'une de ses vieilles connaissances originaire de Osaka, rencontrée lors d'un stage de aïkido la rejoint et lui fit visiter la ville. Malgré tout, le soir, Samy ressentit une immense lassitude: la solitude ainsi que l'ambiance pesante qui régnait sur la famille de son ami depuis la mort de sa mère la gagnaient malgré elle.

Mercredi :

Enjouée, la jeune fille s'était levée de bon matin avec l'envie de cuisiner français. Elle souhaitait préparer les plats de leur enfance, qui avaient toujours été un excellent moyen de se retrouver pour les amis. Selon la tradition française, un bon repas rapprochait plus les gens que les longs discours. Aussi passa-t-elle la journée aux fourneaux, cuisinant bœuf bourguignon, carottes façon Vichy, salade césar et, bien sur, l'indétrônable mousse au chocolat qui leur avait valu tant de rires et de débarbouillage (ils s'en mettaient toujours plein la figure). Ainsi, lorsque Seijuro franchit le pas de la porte, il fut accueillit par une délicieuse odeur qui embaumait la villa entière, lui donnant vie pour la première depuis l'arrivée de la jeune fille. Le dit Seijuro eut un sourire un coin, et, posant son sac sur le canapé, s'avança dans la pièce quand une tornade brune s'engouffra dans la pièce et le serra fort contre elle. Sa réaction ne se fit pas attendre. Et elle horrifia la jeune fille. Il la repoussa fermement et la regarda, les yeux froids :

« Arrête. Nous ne sommes plus des gamins. Nous avons passé l'âge de ces enfantillages.

- Seijuro... on ne s'est pas vu depuis des mois...

- Tant que ça ?

- Oui...

- Il faut croire que tu ne m'as pas tant manqué que ça... »

La jeune fille recula, choquée, et se dirigea vers la cuisine sans mot dire. Elle remarqua, triste que la double personnalité de son ami avait empiré au point de faire disparaitre la nature généreuse et amicale du garçon sous un masque de plusieurs kilomètres de glace. Elle pouvait à présent qu'espérer que quelqu'un le ferait fondre. Lorsqu'ils se mirent à table, ce fut dans un complet silence. Akashi se comportait comme à son habitude, et Samy se sentit plus transparente que jamais. C'est à peine s'il leva les yeux vers elle pour un passe moi le sel. Arriva alors le dessert, la mousse au chocolat. Mais, stressée par l'ambiance glaciale qui la dérangeait au plus haut point, Samy, en sortant la mousse du four, s'entrava dans ses propres pieds et se vit déjà s'étaler de tout son long dans la cuisine quand une main la rattrapa avant qu'elle ne s'écroule par terre. Ce qui ne l'empêcha pas de finir la tête dans le plat. Elle était sur le point d'éclater de rire devant cette situation on ne peut plus ridicule quant elle croisa le regard du basketteur qui lui glaça le sang. Il la dévisageait, les yeux cruellement froids et dénués de toute sympathie.

« Tu n'as décidément pas changé. Tu as toujours aussi décevante.

- Qu...quoi ? parvint à articuler la jeune fille, choquée des paroles de son ami, qui n'avait jamais élevé la voix contre elle.

- Tu as parfaitement compris. Tu as toujours été une catastrophe. J'ai rarement croisé des gens aussi encombrants que toi.

- Et toi je ne t'ai jamais vu aussi immonde ! qu'est-ce qui te prend ?! s'emporta la jeune fille, perdue.

- Rien. J'ai simplement décidé que me débarrasser des relations encombrantes et inutiles. »

Sans chercher à cacher ses larmes, elle lui colla la plus grosse baffe de sa vie et courut s'enfermer dans sa chambre, de violents sanglots lui coupant la respiration. Akashi soupira quant à lui et décida de ne pas répliquer en souvenir du bon temps. Il se rendit dans la cuisine, prit les restes du repas et jeta le tout à la poubelle : « ce moi là déteste la cuisine française » dit-il tout haut, en réponse au silence qui semblait l'accabler.

Jeudi :

Seule dans la salle de musique, Samy travaillait, songeuse. Ces professeurs avaient validé son idée. Tout était parfait. À un détail près. Son ami d'enfance l'avait exclu de sa vie. Et elle commençait à le haïr profondément. Et le pire pour elle, était qu'au fond, elle l'avait toujours su. Elle connaissait Akashi depuis toujours, depuis le jour où il avait accidentellement envoyé le ballon chez elle. Il était resté là à les observer avec sa ribambelle de cousins, trop timide pour venir réclamer son du. Et quand Samy avait remarqué sa présence, elle l'avait invité à se joindre à leurs jeux.

Elle avait toujours connu les deux facettes de la personnalité d'Akashi et était proche des deux : du Seijuro qui rentrait tout les soirs une heure plus tard que prévu car il aidait tous ceux qui en avaient besoin sur son chemin et du Seijuro qui se disait absolu, rejetait toute forme d'amour ou d'affection et pour qui seule la victoire importait. Mais au fond, ce qui la désespérait le plus, c'était d'avoir toujours su que, si le Seijuro absolu prenait l'ascendant sur l'autre, elle perdrait inexorablement son ami.

Elle soupira pour ce qui lui semblait être la millième fois de la matinée. Elle avait à peine avancé dans son projet et si elle ne faisait rien, ses professeurs lui passeraient un savon la semaine suivante. Ils avaient pourtant validé son idée, ce qui était en soit un exploit : elle voulait mettre en scène un conflit entre deux royaumes, celui de la modernité et celui des traditions. Un cadre on ne peut moins propice à l'amitié des quatre jeunes gens : un chevalier, une mercenaire, issus du monde moderne, une guérisseuse et un fauconnier du coté des traditions. L'avantage du Spring art était principalement que, puisque le spectacle à monter était du ressort du virtuel, de l'imagination, même si les participants avaient à calculer les couts de leur spectacle, ils n'avaient pas de limites de budget. Aussi l'imagination de la jeune femme débordait d'idées en matière d'idées et de décors. Mais avant de mettre en place tout cela, elle devait achever, sinon le scenario, les principaux morceaux. Aussi passa-t-elle sa journée au piano alors que Seijuro était on ne sait trop où. Mais ce qu'elle ignorait, c'est que Seijuro passa quelques minutes derrière la porte à l'écouter jouer, les yeux fermés, bercés par la mélodie.

Vendredi :

Samy passa à nouveau la journée dans la salle de musique de la villa. Elle ne sortie qu'à l'heure du déjeuner pour manger au restaurant avec son amie d'Osaka. Elle ne croisa Akashi que le soir et tous deux se muèrent dans le silence.

Samedi :

« Je ne pense que nous nous reverrons avant longtemps, dit lui simplement Akashi alors qu'elle s'apprêtait à monter dans le taxi qui la ramènerait à la gare.

- Je pense qu'il y a longtemps que je ne t'ai pas vu non plus.

- Ah oui ?

- Oui. Seijuro me manque. Pas toi » lui dit-elle avant montant précipitamment dans la voiture pour cacher ses larmes. »

Il resta de marbre face à la réplique et de la jeune femme et retourna à l'intérieur de la villa sans même la saluer. La jeune fille pleura toute les larmes de son corps pendant le trajet et à nouveau lorsque, rentrant dans sa chambre, elle rangea le cadre photo qui contenait des photomatons d'Akashi et elle au fon d'un tiroir. Elle pleura longuement avant d'envoyer un message à Kise, bien décidée à aller encourager tous ceux qui, en gagnant contre Seijuro, pourraient ramener celui-ci à la raison.

De Samy,

À Kise :

Je viendrai

Suite d'OS Kuroko No BasketOù les histoires vivent. Découvrez maintenant