Au lycée Kaijo, bien que les bibliothèques fussent bondées d'élèves à cause des examens imminents, cela ne semblait pas être le sujet de conversation principal des lycéens, ou plutôt des lycéennes. En effet, la date fatidique du 14 février approchait et une seule question était sur les lèvres : de quelle fille Kise allait-il accepter les chocolats ?
Une chose était sûre, c'est que le garçon n'avait pas vraiment foi en cette fête de l'amour : lorsque son équipe le charriait dessus et que le beau gosse sans espoir le harcelait, il se contentait de répondre qu'il accepterait tous les chocolats, car il ne voulait pas faire de favoritisme parmi ses admiratrices. Quant à Samy, elle se contentait de hausser les épaules en disant qu'elle ne savait pas cuisiner le chocolat et qu'avec l'approche des rendez-vous avec les éventuels sponsors de son spectacle, elle avait d'autres chats à fouetter que de célébrer cette fête qu'elle jugeait niaise et ridicule. Mais cela ne l'empêchait pas de surveiller de loin le basketteur qui avait beaucoup trop de succès auprès des filles à son gout. D'un autre côté, elle se raisonnait en se disant que si le garçon n'avait pas rompu après le diner avec ses parents, c'était bien qu'il tenait à elle.
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En effet, lors de ce diner, Kise avait du non exhaustivement affronter : les sous-entendus pervers de Marie, la fille ainée des Jolivet, le regard noir de son père qui aurait bien fait griller la tête du blond à la place du poulet et l'interrogatoire de sa mère qui était inquiète à l'idée que le « petit ami officiel » de sa fille soit un mannequin célèbre très apprécié de la gente féminine.
Mais ce n'était pas le pire puisqu'il dut aussi affronter les trois plus jeunes qui, entre 6 et 9 ans, le prenait pour leur nouveau jeu, le regard empli de haine de l'ainé et héritier de l'entreprise familiale, peu enthousiaste à l'idée que quelqu'un tripote sa sœur. De même il dut servir de siège et de nounou pour la petite dernière, âgée de 2 ans dont on avait cédé au caprice en la laissant manger sur les genoux du blond et qui trouvait par ailleurs fort amusant de lui tirer les cheveux, vivement encouragé par son frère ainé. Le garçon se jura de se les couper pendant les vacances. Le basketteur pensait être au bout de sa peine en voyant arriver le dessert comme la dernière épreuve avant la délivrance mais il se trompait lourdement.
En effet, il n'avait pas fait attention à la dernière chaise inoccupée de la gigantesque salle à manger et faillit s'étouffer avec son dessert (sous le regard inquiet de Samy, assisse à sa droite, et celui indigné du reste de la famille qui le classa irrémédiablement dans la catégorie des gens non civilisés) lorsque la porte s'ouvrit sur Akashi. Son moral, qui était alors au plus bas, tomba dans un ravin lorsqu'il comprit que non seulement il devait affronter la redoutable famille Jolivet mais aussi son ancien capitaine, considéré comme un membre de la famille.
Heureusement pour lui, l'entrée du garçon qui s'excusa de son retard car il avait du s'entretenir avec son père en rentrant chez lui, sonna la fin d'une partie de son calvaire car aussitôt, la fillette qui mangeait sur ses genoux sauta à terre pour courir dans les bras du lycéen de Rakuzan tandis que les garçons l'assaillaient de questions sur le basket et que Marie, le frère ainé et les parents de Samy accueillait chaleureusement le garçon qui vint prendre place auprès de son père. Kise comprit alors pourquoi Samy lui disait souvent qu'il ne connaissait pas la nature d'Akashi. En effet, le blond ne l'avait jamais eu aussi souriant, riant franchement des acrobaties de la fillette pour monter sur ses genoux. Mieux encore, toute la famille le tutoyait et ils parlaient même en français. Les parents de Samy semblaient adorer le basketteur (il remarqua la petite moue jalouse de l'ainé de la famille qui pourtant semblait cordial avec Akashi), lui demandant des nouvelles et l'interrogeant sur sa vie à Rakuzan. Le jeune homme quant à lui, sembla touché lorsqu'ils lui apprirent que les trois ainés de la fratrie ainsi que leurs parents avaient assisté à sa finale de la winter cup. Kise fut encore plus étonné de voir que l'adolescent, loin d'être froid avec lui, lui parlait comme avant, à ses débuts dans l'équipe de Teiko.
Après le repas, le mannequin fut invité à se joindre à la partie d'échec qui allait se jouer entre le patriarche de la famille et Akashi mais Samy, sachant parfaitement que Kise n'y connaissait rien à ce jeu, flaira le piège tendu par sa famille et prétexta des révisions pour qu'ils se retrouvent à nouveau seuls. Toujours est-il que Kise, traumatisé par ce repas, n'osa plus rien tenter avec la jeune fille, pas même un chaste baiser, jusqu'à leur réveil le lendemain matin en tout cas où il semblait parfaitement remis de son choc.
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Mais Samy ne s'attendait pas à ce qu'une émeute éclate le jour J. Le 14 février, lorsque Kise se pointa au lycée, plusieurs dizaines voire centaines de jeunes filles (et même quelque mecs, dont celui du club d'art pour lequel il avait du poser en caleçon) coururent vers lui lorsqu'il franchit le portail. Des dizaines de boites de chocolats lui tombèrent dessus, allant des chocolats de luxe achetait en boutique spécialisée à ceux sans forme réalisés chez soi. Dépassé, le basketteur n'eut d'autres choix que de se mettre à courir jusqu'à sa salle après avoir clamé qu'il n'accepterait aucun chocolat. Mais s'était mal connaitre ses fans qui le suivirent et tentèrent même de s'introduire dans sa salle de classe, heureusement il fut sauvé par l'arrivée de miss dictatrice. Sauf que, pendant l'heure d'anglais, la prof elle-même déposa une tablette sur le bureau du mannequin, au grand désespoir de celui-ci. De même, plusieurs dizaines de colis venus de tout le japon affluèrent vers le lycée, au grand bonheur du concierge cette fois ci, à qui le lycée offrit tous les chocolats postés. Mais certaines lycéennes furent plus inventives que ça puisque des boites de chocolats tombèrent de la conduite d'aération au-dessus de son bureau sans compter les admiratrices qui, malgré les hurlements des profs et concierge, lui distribuèrent des chocolats par la fenêtre, juchées sur des échelles et des cordes avec grappins. Quant au casier et au vestiaire du jeune homme, ils étaient dorénavant inutilisables. Il passa aussi l'heure du repas à se geler sur le toit pour échapper au réfectoire et crut pleurer en voyant un drone s'approcher de lui avec pendu à lui une boite de chocolat.
Excédé, il dut se résoudre à renoncer à son entrainement de basket, et, pour une fois de mauvaise humeur tout en maudissant le mannequinat, il se réfugia dans les toilettes à la fin des cours pour échapper à sa horde de fans. Mais celles-ci, déterminées, ne partirent que sur les coups de vingt trois heures, chassées par un concierge furax. Il soupira de soulagement et se prépara à (enfin) quitter son établissement lorsqu'au détour d'un couloir, il vit Samy près d'un distributeur de nourriture. Il s'approcha, curieux et joyeux. Après tout, ils ne s'étaient pas vus de la journée.
« Tu n'es pas encore partie ? demanda-t-il en s'arrêtant près d'elle.
- Toi non plus à ce que je vois, rit-elle doucement, tu as réussi à leur échapper ?
- Oui...enfin pas vraiment, je suis resté coincer dans ces toilettes pendant environ cinq heures... je meurs de faim moi maintenant ! reprit-il avec son habituel ton enfantin.
- Tiens.
Un sourire sur les lèvres, Samy lui tendit la barre chocolatée qu'elle venait de prendre dans le bac du distributeur. Et alors que, quelques minutes plus tôt, le mannequin s'était juré de ne plus toucher un chocolat de sa vie, les yeux (couleur chocolat d'ailleurs) de Samy et son sourire le firent changer d'avis.
- Merci... »
Il s'était trompé finalement. Il avait bien accepté leprésent d'une des filles de son lycée. Étonnamment, il trouva, un peuniaisement, que la barre chocolatée qu'il mangeait avait le gout de l'amour.
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Suite d'OS Kuroko No Basket
Ficção GeralSamy : 16 ans, issue d'une famille européenne installée au Japon depuis de nombreuses années, elle est la voisine, amie d'enfance et confidente d'Akashi. La recherche de l'excellence dans tout ce qu'ils entreprennent est leur principal point commun...