Hier, la mère d'Andrea avait répondu à son message presque instantanément. A croire qu'elle n'attendait que cela, qu'il lui fasse un signe, n'importe lequel le pour pouvoir revenir dans sa vie. Mais je ne pense pas que l'on puisse ni la juger, ni la blâmer sur cela, c'est sûrement ce que ferait n'importe quelle mère.
Andrea et elle ont à peine échangé quelques messages, juste ce qu'il fallait pour lui donner rendez-vous ce matin. Abraham avait accepté de la laisser venir chez lui, à la condition qu'il gardait le droit de la jeter dehors au moindre mot de travers. Au mois, ainsi elle savait à quoi s'en tenir.
Je doute un peu de mon idée désormais. Peut-être que je n'aurais pas dû pousser Andrea à reprendre le contact. Peut-être que c'est vraiment une idée de merde, mais il est trop tard pour reculer, et je me garde bien de lui communiquer mes doutes, il n'a vraiment pas besoin de ça.
Contre toute attentes, Andrea paraît réellement serein. Rien à voir avec moi quand je devais revoir mon père. Andrea est ainsi, il stresse quand il doit prendre une décision, mais une fois qu'il l'a prise, il est déterminé et s'y tient. C'est quelque chose que j'admire chez lui.
La sonnette retentit et son regard croise le mien. Je me racle la gorge.
« Je devrais peut-être rester dans la chambre. Je veux dire, ta mère ne semble pas beaucoup m'apprécier et... Je voudrais pas rendre les choses plus compliqués encore. Je sais que si elle dit des choses blessantes, je ne vais pas être capable de me retenir... »
Un peu honteux de ma couardise, je baise le regard.
« Fais comme tu veux. Je comprends que tu n'aies pas envie de voir ma mère. Ne te force pas. »
Da voix est douce comme d'habitude, mais je sens bien qu'il est déçu que je me défile. Il lâche tout de même un petit sourire avant de sortir de la chambre pour aller ouvrir. Et soudain, je me sens étrangement con. Oui con, c'est bien le mot. Parce que lui m'a accompagné, et soutenu, quand je suis allé voir mon père, et moi, je ne fais que m'inventer des excuses pour dissimuler ma peur. Parce que lui semble si sûr, si confiant, et que moi, à côté, je tremble presque, littéralement, comme un chaton qui vient de naître. Je lui ai dit que s'il tombait je serais derrière pour le rattraper, alors qu'est-ce que je fous encore dans cette chambre ? Sans réfléchir plus, je me lève et rejoins le salon où il vient de faire entrer sa mère.
Quand elle me voit, elle ne fait aucun commentaire -sans doute doit elle savoir qu'elle est en sursit- mais son regard en dit bien assez long sur ce qu'elle pense. Comme un enfant prit en faute, je baise les yeux. Ce regard, glacial, transperçant, je l'ai déjà vu, une fois. Quand de sang froid, elle m'a dit, à l'hôpital, qu'Andrea était mort, et que c'était de ma faute. Entièrement de ma faute. Et comme un idiot, trop ébranlé pour réfléchir, je l'ai cru. C'est ce soir là que tout a réellement dégringolé. Comme une étagère qui se casserait la gueule, emmenant avec elle tout un tas de souvenirs brisés, comme des bibelots qui s'écraseraient au sol en un fracas insurmontable. Un frisson me remonte le long de la colonne vertébrale, implacable, comme à chaque fois que je repense a tout cela.
« Bonjour Maman. » Souffle mon châtain du bout des lèvres.
Sa mère, les mains serrés autour de l'ance de son sac semble être tout aussi mal à l'aise. Et pour la première fois, elle me semble un peu moins inhumaine. Après tout, elle a perdu toute sa famille, et je ne sais que trop bien ce que ça fait. Pour la première fois, je me met un peu à sa place et commence à la comprendre. Même si cela n'explique et n'excuse en rien la façon dont elle a pu agir. D'ailleurs si elle n'avait pas fait tout cela, les choses n'auraient sûrement pas aussi mal tourné.
Elle est la première à prendre la parole.
« Andrea. Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir que tu m'aies envoyé ce message. Tu m'as tellement manqué. Surtout pendant ce Noël. Mes deux garçons m'ont manqué. C'était la première fois que je passais Noël seule. Tu ne peux pas savoir comme la maison m'a parut froide et hostile... »
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𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒
أدب المراهقين-Suite de Comme un papillon dans un bocal, attention, ce résumé peut contenir des spoils du tome 1- Cela va faire un an. Un an qu'Andrea est sorti de la vie d'Éos, et un an qu'il ne le sort plus de sa tête. De l'autre côté de l'Atlantique, le châta...