Chapitre 64 : D I S N E Y

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Avec Andrea, nous avons convenu que nous irions bel et bien chez son frère pour Noël, peut-être pas jusqu'à la saint-Sylverstre comme il le voulait, mais au moins pour le réveillon et le 25 décembre. Je ne suis pas super emballé à l'idée qu'Andrea utilise ses économies destinés à ses études pour me payer le billet, mais nous n'avions pas d'autre alternative et quand bien même, je sais qu'il serait impossible de le convaincre de faire autrement. Alors je n'ai plus qu'à espérer que mon second entretient d'embauche soit un succès et que je puisse le rembourser avec mon premier salaire.

J'appréhende vraiment cette semaine de Noël, premièrement parce que je n'aime pas vraiment les fêtes, en plus me retrouver dans un endroit totalement inconnu où je ne connais en tout et pour tout qu'Andrea m'angoisse un peu, mais je sais qu'il a besoin de rentrer chez lui, pour faire la paix avec lui-même.

De plus, l'approche de Noël signifie également l'approche du 13 de décembre, jour de la mort de ma mère -je ne sais toujours pas pourquoi cela m'affecte autant, sa mort s'est en quelque sorte plus rapprochée d'un soulagement pour moi quand j'étais enfant, avant que tout ne dérape à nouveau- et ironie du sort c'est ce jour que mon père a choisi pour que je vienne le voir. Je ne sais pas s'il l'a fait exprès, moi-même au début je n'avais pas tilté, quand je l'ai eut au téléphone, il n'a pas vraiment su quoi me dire, lui et moi n'avons jamais vraiment su communiquer, il est resté longtemps interdit après que je me sois présenté, et il m'a simplement dit que je pouvais venir le voir jeudi prochain. Ça fait trois jours...

Andrea était avec moi tout du long quand je l'ai appelé. A me tenir la main. Et paradoxalement, il avait presque l'air plus stressé que moi.

Je rejette la tête en arrière pour regarder le ciel gris. Gris mais pas morose. Plus d'un gris calme et apaisant, presque relaxant. Quelques oiseaux étaient posés sur les fils téléphoniques, gonflant leur duvet et se rapprochant les uns des autres pour se tenir chaud. Je me suis toujours demandé ce à quoi ils pouvaient bien penser de là-haut, en nous voyant nous affairer, aller de la maison au travail, puis du travail à la maison et ainsi de suite...sans doutes nous trouvent-il totalement idiots, et sans doutes ont-ils raison. Mais aujourd'hui, je suis heureux d'être un idiot. Heureux de me rendre à ce qui sera peut-être -si j'ai un peu de chance- mon futur lieu de travail. Et je me surprend à l'espérer réellement. Pas juste parce que je veux gagner ma vie et ne plus dépendre d'Andrea et de ses grands-parents, mais parce que j'ai envie de ce job, vraiment. Je dois dire que c'est un peu étrange à penser...

Andrea a raison, c'est ce que j'aime faire. J'aime avoir un appareil photo à la main et capturer des instants qu'on ne retrouvera jamais. Ça a quelque chose de magique. Oui, c'est cela, quand on prend une photo, c'est un peu comme si on était magicien, capable de figer un instant, une émotion, un songe ou un détail pour l'éternité. Et on peu les rejouer à l'infini en feuilletant les pages d'un album.

Une photo c'est un souvenir vivace et primaire, presque inaltérable. Parce qu'elle s'imprime à la fois sur le papier sur notre rétine et dans notre mémoire, et c'est quelque chose de vraiment magnifique de pouvoir se rappeler des instants qui bien qu'insignifiants d'apparence comptent tant en réalité.

Et c'est exactement ce que j'ai dit à Archimède -car oui, il s'agit de son vrai nom, pas d'un pseudonyme- quand il m'a demandé ce que j'aimais dans la photo. Ça a eut l'air de le satisfaire, puisqu'il m'a proposé un poste d'assistant. Je crois que ça consiste à le suivre partout en portant son sac, mais ce sera toujours mieux que rien, ou que vendre des disques que je n'écouterais jamais et de conseiller les gens dessus. Alors j'ai accepté, je commence demain. On peut dire qu'il ne perd pas de temps en fioritures. Archimède est un drôle de personnage. Les cheveux longs, dépeignés, quelques tatouages à la hippster et un air toujours un peu à l'west. Qui fume dans ses propres locaux, le détecteur de fumée démonté à grand renforts de coups de tournevis. Cependant, quand il en vient à parler affaires, il se fait tout de suite plus sérieux, et le salaire qu'il me propose est largement acceptable. Il a même accepté de me donner une avance sur salaire si ma première semaine se passe bien. De cette manière, je pourrais quand même participer à payer mon billet d'avion pour les États-Unis.

Je descends du bus en centre-ville et pousse la porte d'une petite boutique. Je cherche un cadeau de Noël pour Andrea. Au moins quelques idées, parce que mine de rien, nous partons dans moins de deux semaines, et je ne veux pas me retrouver comme un idiot à acheter quelque chose à la dernière minute. Mais je ne sais vraiment pas quoi lui prendre, et puis c'est pas comme si je pouvais me permettre de beaucoup dépenser...

Je fais rapidement le tour de la petite boutique mais ne trouve rien qui m'attire l'œil, rien de spécial, alors je ressors et observe quelques autres vitrines, sans jamais rentrer dans les magasins, enfin, je m'arrête devant une friperie. Andrea adore les gros pull qu'il peut mettre pour dormir ou traîner à la maison, il doit bien y en avoir ici.

Je parcours les étalages de vêtements tout sauf rangés de manière cohérente, à la recherche du pull ou d'un sweat oversize et pas trop cher. Je slalome entre les chemises hawaïennes et les pantalons en cuir sans trouver ce que je cherche jusqu'à être bruyamment interpelé, mon nom hèlé entre les rayons, le genre de truc que je déteste et qui me met tout de suite mal à l'aise. Mes yeux tombent sur une chevelure bleue que je reconnais de suite.

« Alix... »

« Bah cache ta joie surtout hein ! » Rétorque le garçon comme il a l'habitude de le faire, puis il se tourne vers son comparse que je n'avais même pas remarqué tant il est discret, un peu le contraire du bleu, et il me présente : « Lui, c'est Ambroise, un pote de la fac. »

Le garçon qui avait des cheveux si clairs qu'on les aurait cru blanc m'adresse un faible sourire et Alix reprend :

« J'aurais jamais cru te croiser ici un jour. C'est la meilleure friperie de la ville mais sans te mentir, ni vouloir te vexer, c'est pas vraiment ton style de fringues... »

« Je cherche un cadeau pour Andrea. Un sweat. »

« Oh ! Alors ça je sais ! J'en ai vu un super là-bas ! » Il pointe vaguement un côté de la boutique, aux tas de vêtements éparses semblables à tous les autres et m'y pousse d'autorité en disant : « Dépêches-toi, si ça se trouve quelqu'un l'a déjà prit ! »

Je me retient de lui dire que dans l'hypothèse où quelqu'un l'aurait déjà prit, il ne servirait plus à rien de se dépêcher, et je le laisse me traîner vers le fameux sweat qu'il met bien dix minutes à retrouver, enseveli sous tous les autres vêtements.

« Je l'avais un peu caché en dessous au cas où je reviendrais le chercher. Heureusement que je suis là, sinon, pour sûr il serait déjà parti ! »

Triomphant, il me tend un sweat bleu marine orné d'une broderie représentant toute la bande à Mickey jouant au golf. Ça me soutire un petit sourire et Alix déclame :

« Tu vois, tu l'aime déjà ! »

« Ouais, j'suis sûr qu'il lui plaira. » Concédé-je en retournant le vêtement pour voir le prix.

10€. Parfait. Je ne pensais pas trouver si vite. Pour un fois, Alix a raison de se lancer des fleurs, mais ce n'est pas pour autant que je le lui avouerais, il a déjà une bien trop haute opinion de lui-même pour que je me laisse flotter son ego.

« Oh et tu sais, j'ai gagné des places pour Disney, ça irait bien avec, si tu veux je te les donne, je voulais les offrir à Élias mais ça tombe mal, c'est pendant ses examens. Et je ne peux pas me faire rembourser ou les échanger. »

« Vraiment ? Parce que tu pourrais les revendre. »

« Prends ça comme un cadeau de Noël un peu en avance. Et dit, je dois rejoindre Élias après et on va boire un café, ça te dit de venir avec nous ? Appelle Andrea, qu'il vienne aussi, ce sera comme au bon vieux temps. »

Je me retiens de lui dire qu'il n'y a jamais eut de bon vieux temps entre nous, et accepte sa proposition, je suis sûr que ça fera plaisir à mon châtain.

Une fois le vêtement payé, et fourré négligemmentdans mon sac à dos, nous sortons tous les trois de la boutique, son ami n'ayant toujours pas décroché un mot, et j'appelle Andrea.

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Vous avez pensé quoi de ce chapitre ?
Moi il me rend perplexe...
Je trouve qu'il est différent des autres, mais que d'une certaine façon il s'inscrit plus dans mon style habituel, j'en sais rien, peut-être qu'en fait il n'y a pas vraiment de différences et que je me fais des idées...
BREF dans tous les cas, j'espère qu'il vous a plu ♡

𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant