Je ressors de la salle de bain, encore un peu mouillé et me dirige vers le lit dans lequel est endormi Andrea. J'ai dû mettre sacrément de temps à la salle de bain pour qu'il ait le temps de s'endormir. Ou il devait être sacrément fatigué. Surement un peu des deux.
Je m'installe à ses côtés et dois faire un effort presque surhumain pour ne pas le prendre dans mes bras. Le voir dormir a toujours été mon plus gros faible. Depuis toujours. Il inspire et expire calmement, et je me calque sur sa respiration pour m'endormir à mon tour.
Mais ce calme ne dura pas éternellement, vers trois ou quatre heures du matin, je suis réveillé par un coup dans les côtes suivit de sanglots. Je me tourne immédiatement vers Andrea, alarmé. Et voir ses traits d'habitude si purs et angéliques souillés par les larmes me brise le cœur.
Il baragouine quelques mots dont la plupart ne sont même pas compréhensibles. J'allume la lampe de chevet avant de glisser ma main dans ses cheveux et de lui parler à voix basse pour essayer de l'apaiser. Mais ça n'a pour ainsi dire aucun effet, alors je décide de le secouer plus fort, qu'importe si je dois le réveiller, tant que ses larmes cessent. Je vois ses yeux rouler sous ses paupières avant de pouvoir apercevoir ses jolies mirettes ambrées. Et immédiatement, sans chercher à comprendre quoi que ce soit, il fond dans mes bras, le visage enfouis contre mon cou, le corps toujours secoué de tremblements.
"Tu es là. Oh comme j'ai eu peur mais dieu merci tu es là !"
A mon tour je le serre dans mes bras, le tenant le plus proche de moi que je le peux, soulagé.
"Me laisses pas Éos, j't'en prie ne le laisses pas."
"Je ne vais nul part. Je te promets. Je reste avec toi."
"Elle voulait me faire rentrer, elle avait fait venir des médecins, ma mère préférait me faire interner que me voir dans tes bras."
"Chuut... C'est rien. Rien de plus qu'un mauvais rêve, c'est fini maintenant."
Du moins c'est ce que j'espère. Parce que si j'apprenais que sa mère était réellement prête à atteindre des extrêmes pareils juste pour l'empêcher de rester en France, Je ne sais pas ce que je serais capable de lui faire, mais j'espère qu'elle comme moi ne le découvrions jamais.
Les mains d'Andrea sont toujours crispées sur la peau nue de mon dos, et il peine à retrouver une respiration normale.
"Respire calmement chou. Voilà, comme ça. Inspire. Expire. Calle-toi sur moi."
Il tente tant bien que mal de suivre mes instructions sans pour autant se décoller de ma poitrine. Me serrant si fort que je ne serais pas étonné de découvrir des hématomes demain matin.
Après un moment de calme, simplement entrecoupé par la respiration laborieuse du châtain, je lui demande :
"Ça va aller ? Tu veux peut-être un verre d'eau, ou un truc à manger ?"
"Non... Ça... Ça va." Souffle-t-il la voix encore un peu hachée.
"Ne dis pas que ça va si tu ne le penses pas, si tu ne le sens pas."
Je m'écarte un peu de lui et passe une main dans ses cheveux et sur sa joue.
"Je vais te chercher un verre d'eau, tu as transpiré, il faut que tu t'hydrates."
Au moment où j'allais me lever, il me retient, faiblement.
"Je veux pas que tu partes, reste près de moi."
"Je pars pas. Juste chercher un verre."
Pimousse, sans doute alerté par le bruit, monte sur le lit pour cajoler Andrea.
"Restes avec Pimousse, je reviens de suite." Ajouté-je avant de le lever.
Je prends un verre sur le bord de levier et me dépêche de le remplir pour retourner auprès d'Andrea.
« Tiens, bois ça. Ça ira mieux après. » Lui assuré-je en portant le verre à ses lèvres, une main caressant doucement son dos.
« Je peux boire tout seul tu sais. C'était juste un cauchemar, tu l'as dit toi-même, alors pas besoin d'être autant aux petits soins avec moi. »
« Arrête, tout le monde sait que t'adores ça, quand on s'occupe de toi. »
Le châtain pouffe mais ne dément pas.
Une fois le verre vide, je le repose sur la table de nuit.
« Tu veux prendre une douche ? »
Il hoche négativement la tête.
« Ça attendra demain, là j'ai juste envie de me recoucher. »
« Tu es sûr ? Tu es trempé et risque d'être malade... »
« Je ne t'ai jamais connu si attentionné, qu'est-ce qu'il t'arrive ? »
Et je suis sûr qu'il m'a dit cela uniquement parce qu'il savait que ça me rendrait mal à l'aise...
Je me recouche à mon tour et viens prendre Andrea contre moi mais effrayé à l'idée qu'il fasse un nouveau cauchemar, je ne peux trouver le sommeil, alors je lui demande :
« Ça t'arrives souvent, de faire des cauchemars je veux dire ? »
Je l'entends se tourner vers moi sans le voir, puis s'humecter les lèvres avant de dire :
« Au début, tout le temps. Maintenant de moins en moins. Me mère dit que c'est grâce au travail des psy, mais je n'y crois pas. Ils ne m'ont jamais été d'aucune aide. Ceux qui peuvent m'aider sont ceux qui comptent, mon frère, mes amis... Toi. »
Sans que je ne comprenne pourquoi, une nuée de papillons -enfin je crois que c'est comme cela qu'on dit- s'élève dans mon ventre.
« Et je suis désolé que les choses aient tourné ainsi. Je me dis parfois que si je n'avais pas été aussi faible, si j'avais supporté un peu plus, on n'en serait pas là. On serait même peut-être ensembles et je ne t'aurais pas fait autant de mal, ni à toi, ni a qui que ce soit. Ou si au moins j'avais pu faire les choses bien, jusqu'au bout... »
« Je t'interdit de penser ça ! Il ne m'est jamais rien arrivé de mieux que toi dans la vie, alors comment tu peux regretter de ne pas être... mort. »
Le dernier mot a eu tellement de mal à sortir, il m'étouffait depuis si longtemps.
« Mais regarde autour de toi ! A cause de moi tu as abandonné tes études, ton avenir, tu n'as pas même passé les épreuves du bac, alors que tu aurais pu avoir une mention, tu es brillant, je t'ai fait perdre ta bourse, tu as dû déménager, quitter tout ce que tu connaissais...Par ma faute. »
« J'ai choisi tout cela, j'ai choisi de changer de ville, de tout quitter et de ne pas aller à la fac. S'il y a une personne à blâmer ici, c'est moi et moi seul, pour ce que je me suis fait, mais surtout pour ce que je t'ai fait. Parce que toi tu n'as pas choisi de tomber sur un connard comme moi le premier jour, dans le bus, ni d'avoir tous les problèmes que j'ai pu te créer... Tu as seulement pu subir, encaisser, jusqu'à te briser. »
C'était la première fois que j'explicitait ce que je ressentais, je j'avais le cran de le faire clairement, à voix haute et devant une autre oreille que celle de Pimousse.
« C'est ma mère qui a cherché à nous séparer, c'est elle la fautive, tu ce que j'espère c'est qu'elle n'ait pas réussi. Hein dis-moi, elle n'a pas réussi. »
Je prends une grande inspiration, parce que je sais que ce que vais lui répondre maintenant, pourrait tout changer dans un avenir plus ou moins proche. J'en ai marre de me cacher derrière mes remords parce que je suis effrayé par mes sentiments, j'en ai marre de tourner en rond comme je le fais. Je ne fais que nous faire un peu plus de mal. Alors je resserre mon étreinte sur le châtain, et souffle contre ses cheveux :
« Non. Elle n'a pas réussi. Je ne te lâcherais plus, jamais. Quoi qu'elle puisse dire ou penser, tout ça c'est fini. »
Et je sens les larmes couler sur mes joues, priant pour qu'Andrea ne le remarque pas malgré l'obscurité ambiante. Je ne veux pas qu'il se mettes mes larmes sur le dos, en plus du reste.
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𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒
Подростковая литература-Suite de Comme un papillon dans un bocal, attention, ce résumé peut contenir des spoils du tome 1- Cela va faire un an. Un an qu'Andrea est sorti de la vie d'Éos, et un an qu'il ne le sort plus de sa tête. De l'autre côté de l'Atlantique, le châta...