Chapitre 45 : T A G A D A

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Dans la salle d'attente du centre, au murs fraîchement repeints de blanc, laissant traîner dans l'air une odeur de peinture acrylique, je regarde depuis près de dix minutes mon genou tressauter pour oublier le stress. Cet endroit me met mal à l'aise, ce que je viens y faire me met mal à l'aise et ces pensées qui tournent en boucle me mettent mal à l'aise.

Puis la main d'Andrea se pose sur ma jambe et je croise son regard, son petit sourire malicieux, alors qu'il me tend un paquet de fraises Tagada.

"Tiens, j'ai pris ça, je voulais une tasse de café mais il avait plus de gobelets."

"Je peux rien avaler là."

"Mais c'est des fraises Tagada..." Souffle le chatain comme si il y avait une quelconque évidence derrière ces mots. "En plus le sucre aide à gérer le stress."

"Bon ok, une, je veux bien mais pas plus."

Il me tend le petit paquet et je pioche dedans.

"Tu sais qu'il n'y a pas de quoi s'en faire, hein ? Ils vont juste te faire signer quelques papiers et t'expliquer deux trois trucs."

"Ouais mais je peux pas m'empêcher de flipper, tu sais, pas pour tout de suite, mais pour après, et si le programme ne me convenait pas ou si ça coûtait une blinde, je veux pas devoir me faire interner, même si c'est que pour une semaine ou deux et..."

Je me coupe un instant parce que je sens les larmes poindre et vraiment ça ne me ressemble pas.

"Tu peux me faire un câlin ?" Quémandé-je d'une toute petite voix.

"Oh, bien-sûr !"

Il n'en faut pas plus à Andrea pour se jeter contre moi et me prendre dans ses bras. Et pour la première fois de ma vie, je ne trouve pas ce contact étouffant ou quoi que ce soit d'autre, juste rassurant, merveilleusement rassurant.

Une porte s'ouvre et une jeune femme avec une blouse verte clair, un porte document à la main annonce :

"Monsieur Éos Privesly ?"

Une inspiration, une expiration et quelques pas, et me voilà seul, assis à un bureau, une femme âgée de la cinquantaine en face de moi, et même son sourire bienveillant ne parvenait pas à me mettre à l'aise.

"Bon alors nous allons commencer..."

"Excusez-moi, est-ce que... Est-ce que ce serait possible de pas être seuls ?"

"Comment cela ?"

Je porte, sans m'en rendre compte, l'ongle de mon pouce jusqu'à mes lèvres avant de lui répondre, gêné :

"Et bien... Je suis venu avec quelqu'un, et je crois que ça m'aiderait qu'il soit là pendant l'entretient, même si c'est censé être plus ou moins confidentiel, j'ai pas de secrets pour lui... Ou du moins j'essaye de ne plus en avoir. C'est... C'est mon petit-ami."

A ces dernier mots, je relève mes yeux sur elle, jaugeant sa réaction, et mes épaules se détendent un tout petit peu quand elle m'offre un petit sourire rassurant.

"Bien sûr qu'il peut assister à ce rendez-vous si cela te met en confiance. Notre but n'est pas de t'interdire quoi que ce soit ou de diriger ta vie, nous voulons simplement t'aider à sortir d'une situation dans laquelle tu n'aurais pas dû tomber. Vas le chercher."

Il ne me faut pas un mot de plus pour bondir sur mes deux pieds et ouvrir la porte du petit bureau. Prêt à traverser le couloir clair en courant pour rejoindre la salle d'attente, mais je n'ai pas besoin de cela, puisqu'Andrea n'y est pas retourné, il attendait simplement à côté de la porte, assis par terre en tailleur, prêt à être là pour moi si quoi que ce soit se passait mal. Et ça me fait un petit quelque chose au cœur de m'en rendre compte. Il se met debout, une lueur d'interrogation dans le regard. Pour toute réponse, je tends une main vers lui et lui dis :

𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant