Chapitre 12 : L E A V E Y O U A G A I N

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Je me réveille dans une chambre que je ne reconnais pas de suite, celle d'Alix. Je fixe un instant le plafond quand je sens une petite main serrer le bas de mon T-shirt. Je me tourne et découvre le châtain à côté de moi. Pris de panique à l'idée de refaire ce même rêve insoutenable, je m'écarte violemment tombant presque du futon. Puis je repose les yeux sur lui, le détaillant. Je laisse mes yeux glisser avec délice sur les courbes exquises de son corps. Et je le trouve encore plus beau que dans mes souvenirs. Je le regarde dormir, paisible, pendant quelques instants encore, suivant du bout des doigts, sans le toucher de peur de le souiller, frôlant à peine le tracé délicat de ses lèvres. Je ressens encore le fantôme de ses baisers mouillés qu'il a pu déposer dans mon cou, sur ma bouche,  du temps où tout allait bien, où tout était parfait. Et c'est une vraie torture de le regarder, de le sentir si proche alors que je sais pertinemment que je vais devoir m'éloigner de lui. Si proche et si loin à la fois, hors de portée. Je suis trop dangereux. Je n'aurais jamais dû le laisser me toucher de nouveau, en plein cœur, encore une fois.  J'en veux à Alix et Élias parce que de leur fait, Andrea va être triste, encore une fois,  parce qu'évidement je vais être obligé de l'abandonner, là aussi, encore une fois, de toute façon il semblerait que ce soit tout ce que je sache faire... Et même si je sais qu'Élias et Alix ne cherchaient pas nous nuire mais plutôt à se rendre utiles, je ne peux que leur en vouloir. Je soupire et m'accorde quelques minutes supplémentaires pour le détailler, comme pour fixer son image dans ma mémoire, bien que je connaise déjà par cœur la purté de chacun de ses traits. J'aimerais tellement pouvoir ne plus le quitter, jamais. Si seulement je pouvais me transporter dans un univers parallèle avec lui et heureux... 

Je jette un œil à mon téléphone, 14h56, j'ai dormi presque toute la journée, en même temps vu la dernière nuit détestable que j'ai passé, ce n'est pas franchement étonnant. Je sors du lit, réenfile mon sweatshirt et ma veste en cuir. Je sors mon téléphone de ma poche et prend un cliché du châtain, adorablement endormi, pour me souvenir de sa bouille d'ange, de pourquoi je dois le laisser, et parce que je dois avouer qu'il me faudra au moins cela pour trouver le courage de le quitter de nouveau.

Ça et un dernier petit truc, me souffle ma conscience alors que je me penche sur Andrea, ou plutôt sur ses lèvres rosés. Je les effleure du bout des miennes, mélangeant mon souffle au sien, et quand je m'éloigne, je le sens passer une main sur ma nuque et répondre doucement au baiser, toujours un peu endormi.

"Pourquoi tu es debout ?" Demande-t-il en clignant des yeux, toujours somnolant.

"Pour rien du tout." Je souffle, un peu crispé. Je n'aurais pas voulu qu'il se réveille, tout aurait été beaucoup plus facile s'il avait simplement fallu le laisser pendant qu'il dormait.

"Tu pars pas hein, tu restes avec moi, pour toujours." Souffle-t-il les yeux de nouveau fermés, comme s'il rêvait encore. Et je voudrais que jamais ça ne s'arrête, je veux que pour toujours sa vie soit semblable à un doux rêve, même si pour cela je dois lui mentir. Comme on dit, un doux mensonge vaut parfois mieux qu'une horrible vérité.

"Ouais, je vais rester."

"Promis ?"

"Rendors-toi cœur, il est tôt encore."

Je glisse ma main sur sa joue alors qu'il lâche un soupir de bien être. Et mon cœur se fend.
Et mes pensées s'emmêlent, se brouillent. Et ma tête crie d'agonie.

Je dépose un dernier baiser sur sa joue et me relève. De nouveau endormi, comme s'il ne s'était jamais reveillé, le châtain est semblable à un ange dans les draps pastels. Un ange que je n'aurais pas dû souiller.

Je sors de la chambre et je ne remarque que je pleure qu'au moment où je croise mon reflet dans un miroir du couloir. Je détourne le regard et continue mon chemin, descendant les escaliers. Je jette un œil au salon, surprenant Alix sur les genoux d'Elias, la main de ce dernier plongée dans le pantalon du premier. Aucun ne me voit, et je m'enfuis comme un voleur, sans remarque aucune sur leur position plus qu'équivoque. Qu'importe, l'essentiel n'est pas ici.

Je quitte la maison comme un voleur, les yeux pleins de larmes et remonte dans ma voiture. Je fais le trajet jusque chez moi d'une seule traite et je ne le vois pas passer, vraiment pas, l'esprit trop encombré par une seule et unique personne, Andrea.

Je monte dans mon immeuble et quand je pénètre dans mon appartement, je ne peux m'empêcher d'envoyer valser tout ce qui se trouve sur le buffet de l'entrée, envoyant tout à terre, brisant un vase au passage. Puis je m'attaque à la table, la retournant sauvagement, là aussi cassant quelques bouteilles de bières qui y traînaient. Je débouche une bouteille de Vodka et commence à boire, directement au goulot, donnant des coups de pieds çà et là dans mes affaires désormais au sol. Rien n'est épargné. Je veux détruire ces choses aussi sûrement que l'on a détruit mon cœur. Un jappement attire mon attention et je vois Pimousse caché sous une couverture, me regardant sans comprendre, sûrement effrayé.

"Quoi ! Qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi tu me regarde comme ça ?" Hurlé-je, ne le faisant que se terrer encore plus sous la petite couverture.

Je fais basculer la bibliothèque, mes livres et quelques bibelots s'écrasant eux aussi au sol.

Je reprends une gorgée d'alcool avant de finir la bouteille et de la lancer contre le sol, l'éclatant en milles morceaux éparses. Je m'approche du lit où est Pimousse quand j'entends un grondement sourd, et au moment où je tourne la tête, je me prend un coup de griffe sur la joue, Ganesh me regardant du plus sombre des regards, posté entre le petit chien blanc et moi. Un rire jaune m'échappe alors que je me laisse tomber à côté du lit. Je ne peux pas lui en vouloir, je l'ai bien cherché. Et comme si cette accalmie dans mes pensées n'était que trop peu supportable, j'éclate en sanglots, toute la colère qui masquait ma tristesse ayant déserté. Je ne prends même pas garde aux bouts de verres, débris de la bouteille rageusement projetée au sol, qui s'immiscent dans ma peau, car ce n'est vraiment pas important à côté du pieu qui est planté dans mon cœur. Je passe le bas de ma paume sur mon visage, mélangeant mes larmes salées au sang qui perle sur ma joue. Je renifle salement, et vraiment de l'extérieur je dois paraître complètement pitoyable, mais quelque part, c'est ce que je suis, et les beaux moments passés avec Andrea l'année passée étaient une aubaine, je ne les méritais pas et je dois me contenter de ce qui m'a été donné, puis repris, sans chercher à avoir plus, ça a déjà été merveilleux, pas question de tout ruiner encore une fois, je me dois de le laisser vivre et être heureux, au moins une fois dans ma vie je ne dois pas faiblir et faire le bon choix, même s'il me mène à ma perte.

Peut être que je devrait quitter la France, mettre de l'espace entre lui et moi, éloigner la tentation qu'il  représente à mes yeux... Je pourrais aller vivre en Australie, tout recommencer, prendre un nouveau départ et oublier. Ne serait-ce pas ce que je pourrais faire de mieux ?

𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant