Chapitre 51 : A T O N E M E N T

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Je me retrouve, en fin de matinée, dans cette salle d'attente d'hôpital que je commence à connaître mieux que ma poche. Je n'ai pas pris de rendez-vous et mon cas n'est pas jugé comme une urgence, alors je vais devoir patienter. Tout cela ma fatigue. A chaque tour de cadran de la trotteuse, ma motivation s'étiole, s'effiloche, et je pense maintenant à prendre mes jambes à mon cou. Je n'ai plus du tout le courage d'aller dans ce bureau oppressant, en face de ce médecin, pour lui avouer que je lui ai menti, sur toute la ligne et ce depuis le début. Je pose la tête sur le mur en arrière et soupire, les yeux fermés. Je n'ai pas dit à Andrea que je venais ici, je ne lui ai pas dit que l'alcool n'était pas mon seul problème, même s'il doit sûrement s'en douter. Pour tout dire, je ne l'ai même pas vu ce matin avant de partir. Je suis sorti dès que je me suis réveillé, par la porte qui donne directement de ma chambre à l'extérieur, et j'ai roulé sans trop savoir où. Comme de fait exprès Phil m'a appelé, pour me demander si je vivais bien le fait de me purifier, oui il a utilisé ce mot, il a aussi demandé si je voulais expier tous mes pêchés et me convertir à la religion, me baptiser et partir vivre comme un moine en Hermite, avec une jolie tonsure. Ce gars est un connard, c'est un fait, mais il a au moins eu le mérite de me faire rire. Il sait très bien que je ne cherche pas à devenir un enfant de cœur, je prends juste mes responsabilités pour pouvoir protéger Andrea, et pour cela je dois déjà me protéger moi, de mon plus grand ennemi de toujours, moi-même.

Une main se pose sur mon épaule et je sursaute. Je crois d'abord qu'il s'agit d'une infirmière venue me chercher pour me dire que mon médecin était prête à me recevoir, mais non, la jeune fille devant moi n'a pas de blouse. Je mets un moment à la reconnaitre, je n'ai jamais eut une exellente mémoire des visages, encore moins des noms, c'est pourquoi je me suis d'abord reculé vivement avant de de pouvoir cracher, après un moment de réflexion où mon cerveau tournait à plein régime :

« Qu'est-ce qu'tu m'veux Nuccya ? »

« Juste te parler. »

« J'ai rien à te dire, maintenant laisses-moi. »

Je me lève pour quitter la pièce, ne supportant pas d'être dans la même pièce qu'elle, après tout, c'est elle qui à l'origine de la façon dont a pu basculer ma vie. Mais elle me rattrape par le bras.

« Attends Éos, laisse-moi te parler ! »

Je lui lance mon regard le plus noir avant de me dégager de son étreinte :

« Je t'l'ai dit, on n'a rien à se dire. »

« Mais... »

Alors qu'elle fait un pas de plus vers moi, plus par réflexe que pour lui faire du mal, je la repousse, violement. Son dos heurte le mur du couloir au papier peint d'un vert pastel à vomir et elle manque de tomber mais ne se démonte pas.

J'ai un nouveau mouvement de recul, mais pas pour les même raisons, je ne me reconnais pas dans cette violence, et ça me fait peur. Et si un je m'en prenais à Andrea sans le vouloir, qu'est-ce que je pourrais faire contre moi-même ?

« Je veux t'aider, crois-moi, je sais ce que tu traverses, j'ai lu ton dossier, et je sais que tu n'as pas tout dit. »

Je me fige.

« Maintenant que j'ai ton attention, on peut aller ailleurs pour discuter ? »

Je ne lui fais toujours pas confiance, mais une sorte de curiosité me pousse à accepter, après tout, chaque personne susceptible de m'apporter de l'aide, est la bienvenue, même s'il s'agit de Nuccya

« Ok, j'veux bien t'écouter, mais j't'accorde dix minutes, pas plus. »

« Entendu. »

Elle voulu me prendre la main, mais je recule mon bras avant, presque avec dégoût. Elle ne dit rien et ne s'y réessaie pas. Je la suis à travers le couloir, et elle ouvre une porte sur sa droite, m'y fait entrer, puis referme derrière nous.

𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant