« Tiens. »
Nuccya sors un tube orange de cachets de son petit sac à main verni. Je le prends, sans même regarder l'étiquette, de toute façon ça doit encore avoir un nom tarabiscoté que je ne comprendrais guère, et je le mets dans ma poche intérieure de veste.
« Dit, on pourrait pas faire ça ailleurs que dans ma voiture sur un parking, ça fait un peu trop trafique de drogue a mon gout, alors si tu veux jouer à la petite fille de bonne famille qui devient gangster, libre à toi, mais moi je suis pas là pour ça. »
« Alors premièrement, je fais tout cela gratuitement, alors ce n'est pas pour subit très remontrances, secondement, je crois que les mots que tu cherches sont ''Merci beaucoup, c'est adorable de ta part de m'aider''. Même si j'ai des choses à me faire pardonner et que tu ne m'aimes pas, évite de me manquer de respect, parce que là moi je cherche juste à t'aider. »
« Je ne vais pas te dire merci Nuccya, si j'en suis là, c'est en partie de ta faute, comme tu l'as dit, je te laisse rattraper tes erreurs, rien d'autre. »
Elle soupire et sort de ma voiture pour regagner la sienne, juste avant de claquer la portière elle ajoute :
« Je suis loin d'être parfaite, je peux me montrer égoïste, hautaine, orgueilleuse et tout ce que tu veux encore, mais j'essaye chaque jour d'être une meilleure personne, alors oui, c'est difficile, et je n'y arrive pas toujours, mais tu devrais toi aussi essayer, tu as beaucoup à y gagner. »
Je me contente de ne pas lui répondre, de ne pas montrer que ses paroles ont un quelconque impact sur moi, parce que je n'ai pas envie de l'avoir en permanence sur le dos pour me faire des leçons de morales, merde j'ai assez d'Alix quand il s'y met !
Mon téléphone vibre sur le tableau de bord et je vois un message de Nuccya.
Décidément !
Elle n'a pas pour projet de me laisser tranquille, qu'est-ce qu'il m'a pris d'accepter son aide, j'aurai dû me douter qu'il s'agissait d'un cadeau empoisonné...
De Nuccya : Jamais plus d'un cachet toutes les 8h, prends-en, tout en respectant cette limite, à chaque fois que tu ressens le manque. L'autre tube que je t'ai apporté c'est pour le sommeil, si tu as des insomnies avec le traitement actuel, ce sera surement pire, alors prends en deux avant de te coucher, et n'oublie surtout pas de boire beaucoup, j'aurais dû t'expliquer cela en face si tu ne m'avais pas vexée. BREF, je te laisse, j'ai plein de choses à faire.
De Nuccya : Et aussi, si jamais tu as besoin de parler, de quoi que ce soit, tu m'envoies un message. A n'importe quelle heure, ça ne me dérange pas. Et puis de toute façon je doute que tu en aies quelque chose à faire de me déranger.
Je pourrais la remercier, mais je me dispense de cette peine, après tout, ce n'est pas dans mes habitudes de faire cela.
***
Les trois semaines qui suivirent cette entrevue furent les plus éprouvantes que je n'avais jamais vécues, je faisais tout pour ne pas trop me reposer sur Andrea, je ne veux pas qu'il ait l'impression de devoir tout supporter seul.
Alors je tente de gérer moi-même chaque crise, je fais tout pour ne pas le réveiller lors de mes insomnies, ou quand j'ai la tête qui tourne, au point parfois de me faire perdre l'équilibre. Dans ces moments-là, je m'enferme dans la salle de bain, passe un linge frais sur mon visage pour éponger la sueur, et j'attends que cela passe, parfois j'appelle Nuccya, je peux bien m'imposer de temps à autre après tout elle me le doit bien, prenant un cachet quand l'horaire me le permet. Jusque-là, je ne sais pas si Andrea n'a rien vu, où s'il fait semblant de ne rien voir pour ne pas me brusquer, mais une chose est sûre, c'est que je lui suis très reconnaissant de ne pas aborder le sujet s'il est au courant. Et même si je me sens de plus en plus faible, que les crises me semblent de plus en plus fréquentes, je ne me suis plus disputé avec Andrea depuis la dernière fois, et je pense que c'est un très bon point. Lui avoir fait du mal sous le coup d'une colère que je ne comprenais pas, que je ne pouvais gérer, m'avait fait un mal fou, j'avais cru retomber au fond du gouffre, j'avais été violent dans mes mots, mais j'aurais aussi pu l'être dans mes gestes, je l'avais senti, je ne contrôlais plus rien quand je l'ai vu avec ce Djalah, j'aurais pu, j'en sais rien, le pousser, et le blesser, ou peut-être pire, mais le fait est que je me suis fait peur à moi-même cette fois-là, et je ne voulais surtout pas recommencer.
VOUS LISEZ
𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒
Fiksi Remaja-Suite de Comme un papillon dans un bocal, attention, ce résumé peut contenir des spoils du tome 1- Cela va faire un an. Un an qu'Andrea est sorti de la vie d'Éos, et un an qu'il ne le sort plus de sa tête. De l'autre côté de l'Atlantique, le châta...