Chapitre 37 : B O R N A G A I N

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« Allo ? »

« Andrea, j’voudrais qu’on parle. »

« Pitié ne me dit pas que ce week-end était une erreur pour toi… »

« Quoi ? Attends, c’est ce que toi tu en penses ? »

Une boule se forme au fond de ma gorge alors que j’attends sa réponse. Et même si ce n’est que quelques secondes, elles me paraissent interminables.

« Absolument pas ! »

Toute la pression autour de mon cœur se relâche d’un seul coup.

« Ok. Moi non plus. Pour moi non plus ce n’était pas une erreur. »

« Putain l’espace d’un instant, j’ai cru que tu m’appelais pour me dire que tu voulais plus me voir. »

Je hoche négativement la tête, même si je sais qu’il ne peut pas me voir.

« Non. C’est tout le contraire en réalité. Je ne sais pas comment tu vois les choses pour plus tard, mais j’aimerais que ce soit avec toi à mes côtés. Pourtant, je ne veux pas qu’on fonce tête baissée pour encore se ramasser, on en a trop chié. J’vais faire une cure. Parce que t’as raison, faut qu’j’arrêtes de boire, de fumer et tout un tas d’autres trucs aussi. Et j’penses qu’on devrait tout les deux mettre les choses en ordre dans notre vie et… »

« Attends tu proposes qu’on fasse une pause, un genre de break ? »

J’entends à sa voix qu’il est déçu, peut-être inquiet aussi. Alors j’ajoute :

« Non, j’voyais pas ça comme ça. Je ne sais pas se qui est le mieux, si nous devons affronter les choses ensembles, de front, ou alors chacun de notre côté le temps de régler nos histoires, mais je sais que moi sans toi j’y arriverais pas. Je… »

Je sens les larmes me monter aux yeux mais je les refoule et essaye au maximum de maitriser les tremblements de ma voix.

« Je veux arrêter l’alcool, la drogue, tout. Et sans personne à mes côtés, je sais que je n’aurai jamais la force. Alors j’espère que tu voudras bien m’aider. »

« Ouais. Ouais, bien sûr que j’vais t’aider. Evidemment. »

« Parce qu’honnêtement, j’perds pied et je ne sais pas combien de temps ça pourra durer avant que je m’écroule totalement. »

Je sens mes mains trembler autour de mon téléphone.

Et putain si je ne peux même pas faire face à une simple conversation, comment je pourrais mener à bien une cure de désintox.

« T’inquiètes pas, on va gérer ça ensemble. Tu… Tu pourrais venir habiter chez mes grands-parents, je leur en parlerais ce soir et… »

« Non. Ecoutes, j’veux qu’tu m’aides, mais pas comme ça, je ne veux pas être un poids, pour toi, et encore moins pour tes grands-parents. Je ne serais pas à ma place. »

« Toi, écoutes-moi. Ta place est n’importe où tant que tu es près de moi. Et tu ne dérangeras personne. Il y a deux chambres d’amis, dont une totalement indépendante qui donne sur le jardin, et j’te propose pas de venir prendre tous les petits déjeuner avec mon papi et ma mamie, ni de prendre de petit déjeuner tout court, parce que je sais que t’as jamais été fan, juste être proche de moi. Parce que ça fait même pas une journée que tu m’as redéposé et tu me manques déjà, et c’est pas en restant éloignés et en se voyant de temps à autre le week-end pour baiser que l’on pourra recoller les morceaux. Et… »

Un brin d’hésitation vient se ficher dans sa voix, ce qui me rends d’autant plus attentif. Parce que même si Andrea semble au premier abord très expansif, il a beaucoup trop tendance à intérioriser -un peu comme moi quand on y pense- et à être dépassé par ses pensées et les évènements.

« Et je veux vraiment que tu acceptes. Parce que moi j’en ai besoin. J’ai besoin de te savoir près de moi quand ma mère débarque à l’improviste pour me forcer à rentrer, j’ai besoin de savoir que tu seras là quand je m’effondrerais après lui avoir tenu tête pour la première fois de ma vie, j’ai besoin de savoir que tu me rattraperas et me serreras dans mes bras comme tu l’as fait il y a un an. Et surtout j’ai besoin de m’assurer que personne ne pourra jamais plus me mentir à ton sujet. Parce que j’ai passé une année entière à penser que tu te fouetais de ce qui avait bien pu m’arriver parce que tu n’avais pas une fois essayé de prendre de mes nouvelles, j’aurais voulu voir ton visage à mon réveil, c’est tout ce que je souhaitais, je veux que si jamais on me donnait une seconde chance, ce soit pour te voir à mes côtés, mais tu n’étais pas là, et égoïstement, sans chercher plus loin, j’t’en ai voulu, j’t’en ai voulu sans me demander ce que toi de ton côté de l’atlantique tu pouvais ressentir, sans me douter ne serait-ce qu’une seconde que ma mère avait échafaudé le pire des stratagème pour rayer d’un trait d’un seul tous les éléments qu’elle jugeait gênant dans ma vie, en me faisant passer pour mort. J’ai besoin de savoir que rien de tout cela n’arrivera plus jamais. »

« Ok. J’vais quitter mon boulot et rendre mon appart. Ensuite je te ramène ton chien et m’installe dans la chambre d’ami. Mais j’veux payer un loyer, j’veux pas me faire héberger comme un pauvre type, un parasite. »

« Ton chien. Tu t’en es toujours occupé. La vraie mère d’une enfant est celle qui l’aime et qui l’élève où simplement celle qui le porte ? »

« Où vas-tu pêcher toutes ces conneries, un chien n’est pas un gosse. »

« Ouais, c’est Alix qui m’a sorti cette phrase sur les mères un jour, j’ai pas trop comprit pourquoi il me demandait ça, ni pourquoi il parlait d’adoption et tout ça mais bref, c’est pas la question. Tu ne payeras pas de loyer, qu’y a-t-il de mal à recevoir un peu d’aide une fois de temps en temps ? »

« Andrea, je veux payer un loyer, sinon je me sentirais mal. »

« Ok, mais alors c’est moi qui fixerais le montant. »

« Si ça te fait plaisir. »

« T’imagine même pas à quel point ça va me faire plaisir. Parce qu’il y a une chose sur laquelle je compte bien, c’est recevoir un payement en nature. »

J’avale ma salive de travers et toussote une peu, entendant au bout du fil le châtain se moquer doucement de moi.

« Et Andrea... Je suis content que tu n’aies pas suivi ta mère. Que tu ne sois pas retourné aux Etats-Unis. »

« Moi aussi je suis content. Je n’aurais jamais pensé réussi à lui tenir tête à ce point. Et même si je lui ai dis certaines choses dont je ne suis vraiment pas fier, je suppose qu’il fallait que ça sorte. »

« Ouais. C’est mieux de laisser les choses sortir. Avant l’implosion. »

« Tu me promets que tu vas revenir alors ? Que la prochaine fois que ma mère viendra, je n’aurais pas à l’affronter seul, parce que je sens que sans ça, je vais m’effondrer, encore. J’suis désolé d’être aussi faible… »

« Je te l’ai déjà dit, mais je crois au contraire que tu es le plus fort d’entre nous, parce que malgré tout ce que tu as du vivre, tu as encore la force d’essayer de te relever. Moi j’aurais depuis longtemps abandonné. »

« J’ai aussi abandonné une fois, mais j’ai compris que ça ne faisait pas que me foutre en l’air moi, que ça avait des putains de retombées sur tout te monde. »

« Je ne sais même pas si ça me souage où si ça me fait mal de t’entendre dire ça… »

« Ça devrait te soulager, je suppose… »

Nous continuons encore à parler, le temps que je regagne mon appartement, puis Andrea est obligé de raccrocher, à ce que j’ai comprit, il est chez Alix pour éviter sa mère -cette femme me fout la gerbe- et ils allaient passer à table.

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Ça y est, ils ont comprit qu'il faut se dire les choses avant de ne plus en être capable ❤
Perso je suis fiere d'eux 🐛🦋

Avec amour et dévotion,

Paradoxalementparadoxale.

𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant